Quatrième journée du troisième tour asiatique et au bout de l’ennui certains gros commencent à inquiéter quand les ambitieux Qatar et Chine sont déjà quasiment hors course. Retour sur une journée à oublier.

Pauvre, médiocre, ennuyant. Doux euphémismes pour décrire une première mi-temps quasiment ratée par les Australiens et à peine mieux contrôlée par des Japonais efficaces sans être géniaux. Ange Postecoglou parle d’une mi-temps « pauvre » suivie d’une « naïveté » de sa formation qui s’est retrouvée encore menée en moins de dix minutes par Haraguchi (5ème) lancé dans le dos de la défense. Regroupée sur une double ligne de quatre, avec un Keisuke Honda évoluant seul en pointe (c’est dire les ambitions de coach Vahid), l’équipe nationale nippone a donné beaucoup de fil à retordre à des ‘roos pauvres collectivement quand la défense australienne a fait preuve de très mauvaise relance, ratant ou gâchant de simples passes. Le front offensif n’était pas à la fête : une créativité oubliée, à l’image d’Aaron Mooy remplacé par Mathew Leckie. Menés, les Socceroos ont eu la chance de s’être vu accorder un pénalty sur une faute peu évidente. Mile Jedinak a alors transformé la sentence en frappant plein centre (55ème) mais alors que les deux formations font partie de l’élite du football Asiatique, elles n’ont finalement pas montré grand-chose. Vahid Halilhodžić et Ange Postecoglou ont cherché à donner un dernier coup de fouet à leurs équipes, le Bosnien faisant entrer l’attaquant d’Arsenal, prêté au VfB Stuttgart, Takuma Asano tandis que Robbie Kruse et Tim Cahill ont fait respectivement leurs entrés dans le onze Australien mais finalement ce sont les Japonais qui auraient pu, à deux reprises, marquer en toute fin de match, se montrant trop court ou se heurtant à Maty Ryan, une nouvelle fois parfait. Côté ‘roos, Matthew Spiranovic a fait lever le stade sur une tête puissante passant juste au-dessus des cages de Nishikawa après un dernier coup-franc de Massimo Luongo. Mais finalement, personne ne méritait de l’emporter, pire, ces deux géants du continent inquiètent par le niveau affiché. Ange Postecoglou a donc beaucoup à faire pour redonner du rythme à des Socceroos paraissant essoufflés quand Coach Vahid, qui n’était pas venu pour autre chose que de gratter des points, devra faire en sorte que son Japon montre un autre niveau.

On pensait alors que le déplacement de la Corée du Sud en Iran allait permettre de s’enthousiasmer davantage, le choc du groupe A opposant deux mondialistes. C'était sur fond de polémique allumée par Koo Ja-cheol que s'annonçait le choc. Bien que les deux camps se soient invectivés avant la rencontre, celle-ci ne fut absolument pas électrique ou tendue comme imaginé, bien au contraire. Sur leur pelouse, les Iraniens ont pris le match par le bon bout en dominant les premières minutes. Le hors-jeu logiquement sifflé sur le but de Morteza Pouraliganji ne faisait que retarder l'échéance. Toujours plus pressant sur la frêle défense sud-coréenne et dominateur au milieu, l'Iran a ouvert le score par Sardar Azmoun venu placer son extérieur du pied pour conclure une superbe action collective. Un but amplement suffisant pour équipe iranienne bien en place qui s'est contentée de gérer cette première période avant de totalement dominer la seconde. Sans forcer, l'Iran s'impose tranquillement face à une très faible équipe de Corée du Sud. Les Iraniens virent en tête du classement en repoussant les Coréens à trois points. Une très bonne opération. Côté coréen, ce match était annoncé comme un test pour une équipe sous le feu des critiques. Avec les mêmes défauts que les matchs précédents et face à une opposition plus relevée, ça ne passe pas. Outre la défense, c'est le milieu de terrain qui a totalement coulé dans ce match empêchant aux Guerriers Taeguk de créer la moindre attaque dangereuse.

La conférence de presse d'après match a permis de souligner deux choses très importantes : Uli Stielike n'est pas du tout lucide sur son équipe et une fracture existe entre lui et ses joueurs. Revenons d'abord sur les propos du sélectionneur allemand. Ce n'est pas le fait qu'il rappelle qu'aucune équipe sud-coréenne de l'histoire ne soit venue gagner en Iran qui interpelle, ou bien celle totalement absurde expliquant que les joueurs coréens sont plus petits et moins costauds que les joueurs iraniens, mais la phrase suivante : « Nous n'avons pas d'attaquants comme Sebastian Soria (l'attaquant du Qatar) ». Selon lui, la Corée du Sud n'a pas pu gagner ce match face à l'Iran car elle ne possède pas de bons n°9. Est-il judicieux de déclarer cela en conférence de presse lorsque l'on démarre le match avec un faux n°9 (Ji Dong-won) en laissant Kim Shin-wook et Suk Hyun-jun sur le banc et Hwang Ui-jo en Corée du Sud ? Est-il vraiment nécessaire de réclamer un joueur évoluant dans une équipe aussi faible que le Qatar et donc de sous-entendre que les deux n°9 de l'équipe ne sont pas au niveau de ce joueur là (ce qui est totalement faux) ? Si on s'intéresse au match, Uli Stielike a fait entrer Kim Shin-wook à la 66ème minute. Il aura donc fallu plus d'une heure de jeu pour que Stielike prenne conscience que son équipe manquait d'un n°9. Un changement qui arrive au moment où son équipe est totalement absente des débats et que son milieu de terrain ne voit pas le jour. Un milieu de terrain qu'il a voulu relancer à la pause en sortant Han Kook-young pour replacer Jang Hyun-soo, Oh Jae-suk en arrière gauche et Hong Chul en arrière droit. Bien évidemment cela ne pouvait pas fonctionner, il n'est pas pensable de donner, de base, le contrôle du jeu à Han Kook-young/Ki Sung-yueng et encore moins au duo Jang Hyun-soo/Ki Sung-yueng. Uli Stielike n'en a donc pas fini avec les phrases « Vous n'acceptez jamais vos erreurs ? ». Autre point de cette conférence de presse est donc la fracture entre le sélectionneur et les joueurs. Mettre en avant que ses attaquants ne sont pas au niveau n'est bien évidemment pas du goût de tout le monde. Son Heung-min s'est dit déçu des propos de son sélectionneur. « C'est regrettable qu'un joueur étranger soit mentionné. Les joueurs, en particulier les attaquants, ont fait toute la préparions et ils pouvaient écrire l'histoire ici aujourd'hui. Chaque équipe a de bons joueurs, donc dire que nous manquons d'un certain type de joueur... Je pense que nous avons beaucoup de bons joueurs, donc les paroles du sélectionneur sont juste... ». Une phrase qu'il n'a pas finie mais qui est lourde de sens. Il a par ailleurs ajouté que les paroles d'Uli Stielike avaient « démoralisé » l'équipe. Le capitaine Ki Sung-yueng a de son côté déclaré : « Les entraîneurs étrangers et nous (les joueurs coréens) avons des façons différentes de penser. A entendre ces remarques je peux comprendre pourquoi certains joueurs peuvent se sentir insultés, mais j'espère que le sélectionneur a dit cela avec responsabilité. Nous devons tous accepter nos responsabilités ». L'ambiance n'est donc pas au beau fixe au sein de la sélection alors que le match face à l'Ouzbékistan en novembre s'annonce déjà décisif.

D’autant que de son côté, l’Ouzbékistan s’est tranquillement promené face à une Chine dont le niveau frise l’indécence. Alors, les Loups Blancs n’ont pas laissé la moindre occasion d’espérer à des Dragons dépassés de toutes parts. Les vagues bleues se sont succédées sur les buts de Yang Zhi et il n’y a finalement jamais véritablement eu de match. L’Ouzbékistan a déroulé et s’offre un succès net 2-0 qui lui permet de rester au contact de l’Iran en tête du groupe, devant le prétendu favori qu’était la Corée du Sud. Après avoir discuté avec la fédération en avant match qu’il quitterait son poste en cas de résultat négatif, c’est désormais chose faite, Gao Hongbo n’est plus sélectionneur de la Chine, on souhaite bien du courage à celui qui sera assez fou pour prendre à main ce chantier. Une chose est sûre (ou presque), la Chine ne verra pas la Russie en 2018.

Car les Dragons se retrouvent désormais bons derniers, le Qatar ayant réussi là où la Chine n’est pas encore parvenue : s’imposer une fois. Pour cela, les Qataris s’en sont remis à un penalty inscrit en fin de premier acte pour décrocher leurs trois premiers points face à la Syrie. Une victoire qui laisse les organisateurs de 2022 à six points de l’Ouzbékistan. Dans le groupe B, l’Irak profite aussi de la venue d’un mal classé pour prendre ses premiers points, dominant une Thaïlande déjà hors course alors que la belle affaire de la semaine est pour l’Arabie Saoudite qui a écrasé les Emirats Arabes Unis et ainsi pris les commandes du groupe B devant les deux géants. Le tout avant de se rendre au Japon dans un mois.

 
Résultats et classements

 

Par Nicolas Cougot, Baptiste Mourigal (Iran - Corée du Sud) et Antoine Blanchet-Quérin (Australie - Japon) pour Lucarne Opposée

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.