Onzième soirée sud-américaine et énormes tensions aux quatre coins du continent. Alors que Colombie et Chili cherchaient à prendre leurs distances, l’Uruguay pouvait s’échapper, le Pérou voulait reprendre espoir et l’Argentine éviter le naufrage.

Ouverture de la soirée dans la chaleur de Barranquilla avec un Colombie – Chili à haute tension qui pouvait permettre aux Cafeteros de s’offrir une petite sécurité avant un déplacement en Argentine. Malheureusement, on n’aura eu du match que l’aspect tension. Le premier acte était accroché, haché, avec peu d’occasions de part et d’autres, la meilleure restant pour le Roi Arturo côté chilien, Claudio Bravo sortant deux énormes parades devant une tête d’Oscar Murillo et une frappe de Yerry Mina. Le second acte n’allait pas se montrer plus emballant, le Chili devant souffrir de blessures. Celle de Claudio Bravo suite à un choc avec Arias, celles de Charles Aránguiz et Arturo Vidal ensuite. Alors le Chili fermait le match, guettant la moindre occasion de contre. Elle venait à dix minutes de la fin sur une longue percée d’Edu Vargas. La fusée chilienne décalait Fuenzalida qui manquait son contrôle et sa frappe, le cadre s’échappait. Mina se blessait à son tour côté colombien, laissant sa place à Macnelly. Si le jeu retrouvait de la clarté côté Cafeteros, rien n’y faisait. Dans l’enfer de Barranquilla, Colombie et Chili se sont ainsi séparés sur un résultat nul qui n’arrange personne mais n’enterre aucun espoir.

D’autant que derrière, l’Uruguay entrait en piste au Centenario et pouvait donc en profiter pour creuser l’écart avec les deux C mais aussi avec le visiteur du jour, l’Equateur. Si Tábarez a reconnu avoir vécu une partie « très dure », l’Uruguay reste imbattable sur ses terres. Emmenée par un excellent Carlos Sánchez, et un trio Rolan, Suárez, Stuani générateur de danger, le deuxième décalant le dernier pour la première occasion du match, la Celeste imposait une forte pression sur l’arrière garde de la Tri qui finissait par céder avant la fin du premier quart d’heure, Coates surgissant au second poteau pour s’offrir son premier but en sélection. On pensait alors voir l’Equateur couler, emporté par l’ouragan uruguayen. Il n’en fut rien. Faute de profiter de sa bonne période, l’Uruguay se faisait piéger par un Equateur efficace en contre, Felipe Caicedo égalisant juste avant la pause, premier but concédé par la Celeste en éliminatoires chez elle depuis celui de Maxi Rodríguez en octobre 2013 (5 matchs consécutifs). Mais l’Uruguay réagissait immédiatement, une frappe de Gastón Silva était repoussée par Dreer dans les pieds de Carlos Sánchez dont le centre était poussé dans les buts par une talonnade de Rolan. 2-1 à la pause, l’Equateur n’avait plus d’autre choix que se montrer plus entreprenant. Et la Tri revenait des vestiaires avec de meilleures ambitions, dominant alors la partie. L’Uruguay faisait le dos rond, souffrant par moment comme sur les occasions de Noboa et Bolaños, tous deux à la conclusion de mouvements collectifs de grande qualité. Rien n’y faisait, l’Equateur aurait mérité mieux mais rentre d’Uruguay avec une défaite, le Centenario restant ainsi forteresse imprenable en éliminatoires depuis la victoire de l’Argentine en 2009, l’Uruguay enchaînant ainsi une huitième victoire consécutive.

L’heure était alors venue pour le match de l’espoir entre Paraguay et Pérou. Au Defensores, le vainqueur de ce choc pouvait se remettre à rêver d’une qualification. La première occasion était pour les locaux, un centre de Derlis González étant repris par Federico Santander juste au-dessus des cages de Gallese. L’avertissement n’était pas reçu par la Bicolor qui cédait deux minutes plus tard sur une frappe enroulée de Cristian Riveros. Menant au score, l’Albirroja abusait de frappes longues distances quand le Pérou de Gareca prenait le contrôle du milieu de terrain. Barreto sauvait les siens devant Yoshimar Yotún, le Paraguay commençait à souffrir et devait alors faire sans Santander, sorti sur blessure. Il ne fallait pas attendre bien longtemps après le retour des vestiaires pour voir le Pérou récompensé. Christian Ramos surgissait au second poteau pour égaliser, le coup était rude pour les hommes d’Arce qui allaient exploser au fil des minutes, totalement dominé par la bande à Gareca. Alors le score allait enfler. Une mauvaise relance de Moreira permettait à Edison Flores de doubler la mise, intenable, Christian Cueva inscrivait le troisième avant qu’el Pájaro Benítez ne trompe son propre gardien. 4-1 à Asunción, le Pérou récolte les fruits de son formidable travail depuis l’arrivée de Gareca et se relance totalement dans la course à la qualification, celle-ci n’étant désormais plus qu’à trois petits points.

Avant le digestif, le Venezuela accueillait la Bolivie avec pour objectif de quitter la dernière place au général en décrochant un premier succès. L’objectif aura été atteint, avec la manière. Parce qu’il n’y aura finalement jamais eu le moindre suspense dans ce duel de mal classés, la Vinotinto ouvrant le score dès la deuxième minute et tuant le match dès la dixième. Avec un Josef Martínez auteur de triplé, des couloirs boliviens totalement débordés par la vitesse des locaux et une absence de jeu du côté de la Verde, le Venezuela de Dudamel s’est fait plaisir et a déroulé. La Vinotinto s’impose 5-0 face à une Bolivie d’une faiblesse rare et si elle ne reprend pas le moindre espoir dans la qualification, peut se rassurer en confirmant qu’elle a retrouvé une certaine qualité de jeu et surtout abandonné la place de lanterne rouge.

Ils avaient tout tenté. Des luttes internes pour faire sauter la sanction contre la Bolivie à l’invocation d’un drame de Coupe du Monde, appel à l’aide aux fantômes d’un 7-1 encaissé dans ce stade. Mais rien n’y a fait. Avec ses trois milieux récupérateurs, aveu d’impuissance et de peur de Bauza à l’heure de se rendre au Brésil, l’Argentine s’est désintégrée. Tout avait « bien » commencé pour l’Argentine au Minerão. Dans le premier quart d’heure, les hommes de Bauza avaient la possession, parvenaient en empêcher le Brésil de s’approcher. Cela n’allait durer qu’un temps. Car comme on pouvait s’y attendre avec un tel schéma, l’Albiceleste ne parvenait pas à trouver ses offensifs, Messi étant par exemple forcé de descendre pour aller toucher des ballons, bien suivi par Fernandinho ou Paulinho. Alors le Brésil allait accélérer, perforer une arrière défense rapidement débordée. Neymar servait Coutinho qui slalomait et nettoyait la lucarne de Romero. 1-0. C’en était fini de l’Argentine. Son milieu débordé, sa défense perméable au possible, elle craquait sur un amour de passe Gabriel Jesus pour Neymar. 2-0, 45e minute. Bauza sortait Enzo Pérez, faisait entrer Agüero mais rien n’y changeait, le Brésil de Tite était supérieur et tuait définitivement le match sur un service de Ney pour Paulinho. 3-0, l’Argentine avait beau avoir évoqué le Mineirãzo, c’est bien elle qui a coulé ce jeudi. « Il va falloir changer dans nos têtes. Parce que si la tête n’est pas bien, les jambes ne répondent pas. Il faut changer cette situation de merde. » Leo Messi était grave en fin de match, la Colombie se profilant, le danger n’a en effet jamais été aussi grand, le Paraguay et le Pérou sont désormais à portée de tir. Le naufrage jamais été aussi proche.

 

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Classement

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.