Journée à haute tension en AmSud. Si le Brésil et l’Uruguay pouvaient faire un pas décisif vers la Russie, l’Argentine risquait de tout perdre à San Juan quand le Chili devait résister à la pression, le Pérou et le Paraguay chercher à en profiter.

Encore une occasion manquée. A chaque fois que le Paraguay s’est retrouvé en position de basculer dans la bonne moitié du tableau, il a échoué. De là à penser que c’est signe que la qualification sera inaccessible, il n’y a qu’un pas mais force est de constater que les Guaraníes n’affichent pas les ambitions suffisantes pour parvenir à leurs fins. Nouvelle illustration avec la défaite concédée en Bolivie en ouverture de cette 12e journée de qualification. Certes le Paraguay aura eu des situations, Gustavo Gómez ou Juan Patiño sur coup de pied arrêté, Juan Iturbe sur des percées individuelles (voire trop individualistes). Mais à trop vouloir attendre pour contrer, les hommes de Chiqui Arce ont aussi et surtout laissé les meilleures occasions à une Verde qui n’en demandait pas tant. Alors Anthony Silva a brillé, longtemps sauvé les siens devant les menaces Marcelo Moreno ou les coups de pied arrêtés de Jhasmani Campos mais finalement, sur une énième percée des hommes d’Hoyos, la légende Marcelo Moreno s’en est allée provoquer le csc du jeune défenseur du Milan AC et ainsi offrir la victoire à sa sélection, la première officielle en 2016, la deuxième en qualifications.

 

Deuxième à entrer en piste, l’Equateur n’a pour sa part pas manqué son rendez-vous avec son public. A Quito, le Venezuela n’a en effet résisté qu’une mi-temps avant d’exploser en vol. Résisté fut le mot tant les attaquants équatoriens n’ont eu de cesse de percer les lignes vénézuéliennes, appuyant notamment sur le côté droit où le duo Ibarra – Paredes a fait bien des misères, et attendu le début du second acte pour que leurs efforts payent. Le but est bien évidemment venu d’un mouvement Paredes – Ibarra côté droit pour se conclure en un centre propulsé d’un énorme coup de boule dans les filets par Arturo Mina. Le score débloqué, la Tri allait pouvoir se libérer, continuer de faire s’abattre des vagues jaunes sur l’arrière garde Vinotinto. Felipe Caicedo manquera quelques belles situations, notamment une frappe tutoyant la lucarne et une tête plongeant à bout portant qu’il était plus difficile de mettre au-dessus que dans le cadre, mais finalement, la Tri de Quinteros était récompensée en fin de rencontre, Miller Bolaños et Enner Valencia profitant des largesses défensives d’une sélection vénézuélienne bien en deçà de ce qu’elle avait montré quelques jours plus tôt. L’Equateur n’en demandait pas tant, voilà la Tri dans le bon wagon, accroché à sa troisième place.

 

Le bon wagon, il n’était pas question de la manquer pour le Chili et l’Argentine qui accueillaient en même temps deux formations désireuses de creuser un écart pour se mettre à l’abri. A San Juan, l’Argentine au bord de l’implosion accueillait une Colombie désireuse de jouer un mauvais tour. Désireuse seulement car dans les faits, les Cafeteros de Pekerman ont offert une première période catastrophique à l’image de la charnière Davinso Sánchez – Jeison Murillo totalement dépassée par un début de match rapide de l’Albiceleste. L’autre grand souci pour la Colombie aura été Lionel Messi. Intenable, véritablement désireux d’enfin prendre l’Argentine sur ses épaules, l’astre du Barça a fait vivre un calvaire à l’arrière garde colombienne, se muant en seul véritable générateur de danger mais générateur impossible à stopper. Messi nettoyait la lucarne d’Ospina à la dixième, déposait un caviar sur la tête de Pratto (totalement lâché par Sánchez) moins d’un quart d’heure plus tard et sans forcément briller mais en exploitant à merveille les lacunes adverses, l’Argentine rentrait aux vestiaires avec deux buts d’avance. Ensuite ? Plus rien. Privée d’un collectif qu’elle ne possède pas, l’Albiceleste a laissé le ballon à ses adversaires, Pekerman passant à deux meneurs après l’entrée de Macnelly Torres, déjà transparent, di María a continué d’errer et la sortie de Banega à l’heure de jeu a de nouveau isolé les offensifs, réduits à se contenter de miettes. Sur l’une d’entre elles, Messi (encore lui), allait construire à lui seul le but du 3-0 en l’offrant à un di María qui ne méritait pas tant d’honneurs. L’Argentine s’impose sans briller, cachant son vide collectif derrière l’immense arbre qu’est Messi, mais se relance, plongeant une Colombie bien trop médiocre pour espérer quoi que ce soit.

 

De son côté, le Chili s’est d’abord fait peur avant de se libérer. Opposée à un Uruguay aussi dangereux que libéré par l’absence de pression que ses excellents résultats lui offrent, la Roja a d’abord vécu une première période des plus compliquée, subissant la loi d’une Celeste qui coupait tous les circuits préférentiels des hommes de Pizzi et se montraient surtout extrêmement dangereuse, sur de longs ballons placés dans le dos de la défense adverse. Luis Suárez servait Cavani qui butait sur Bravo avant qu’Álvaro González ne manque le cadre, Cavani, encore, puis Carlos Sánchez manquant ensuite à leur tour le cadre. C’était ainsi en toute logique que le Matador allait ouvrir le score, bien servi par son compère de l’attaque. On pensait alors voir le Chili sombrer, d’autant que l’Uruguay dominait la partie, faisait preuve d’une belle maîtrise. Il allait falloir deux tournants pour que le match bascule. Le premier était cette faute sur Edinson Cavani qui aurait dû offrir un penalty aux Uruguayens. Le deuxième était la percée d’Alexis pour Beausejour dont le centre était repris par Edu Vargas qui offrait une égalisation quasi-miraculeuse dans les arrêts de jeu du premier acte. Alors le Chili avait retourné le match. Intenable, el Niño maravilla se muait en détonateur. Sur une touche, Alexis Sánchez repiquait plein axe et armait, Muslera trop juste constatait les dégâts, la Roja passait devant à l’heure de jeu. Libérée, elle appuyait, Edu Vargas se montrait de nouveau, Alexis allait de nouveau surgir sur un dégagement de Muslera revenu comme un boomerang par une passe laser de Marcelo Diaz. 3-1 pour le Chili, l’Uruguay allait se procurer quelques situations, la plus belle, un penalty de Suárez sorti par Bravo, mais le score n’évoluait plus. Avec ce savant mélange de souffrance et de vertige, la Roja se retrouve désormais quatrième au général, plus que jamais maîtresse de son destin avant de se rendre en Argentine lors de la prochaine session.

 

Les résultats occasionnant un énorme resserrement autour de la cinquième place, le Pérou entendait bien en profiter en s’offrant le scalp d’un Brésil qui pouvait de son côté quasiment en finir avec la campagne de qualification. L’Estadio Nacional de Lima avait fait le plein, porté par des rêves d’exploit. Le premier acte était animé, une vraie bataille tactique qui ne souriait pas aux attaquants privés de ballons. Pourtant le Pérou allait s'offrir la meilleure occasion du premier acte lorsque Carrillo, après un une-deux avec Cueva, ouvrait son pied mais trouvait le poteau d'Alisson, le Brésil répondait alors par Neymar dont la passe en retrait pour Paulinho permettait ensuite à Gallese de briller. Puis, l’équilibre, peu d’occasions. Au retour des vestiaires, le Pérou cherchait à rester haut sur le terrain, gênant ainsi les relances de la Seleção qui allait pourtant frapper la première sur une percée de Coutinho dont la balle perdue était reprise par un Gabriel Jesus toujours aussi létal. Devant au score, le Brésil allait subir quelque peu les assauts de la Blanquirroja mais se montrer redoutable en contres. Sur l’un d’eux, Neymar touchait la barre, sur une suivante, Gabriel Jesus servait Renato Augusto pour le 2-0 final, celui qui offre quasiment la qualification au Brésil, celui qui prive le Pérou d’accrocher le bon wagon.

 

 

Résultats

Classement

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.