Sixième journée du troisième tour de la zone Asie. Alors qu’il ne reste désormais plus que 12 points en jeu, les positions se resserrent autour des places de barragiste. Et certains favoris commencent à sentir une forte pression.

Chaos en Corée

Par Baptiste Mourigal

A la lutte avec l'Ouzbékistan et l'Iran pour une qualification directe à la Coupe du Monde 2018, la Corée du Sud se rendait en Chine pour y défier le dernier groupe. Dans un contexte géopolitique tendu, les Sud-Coréens s'attendaient à être très mal accueillis. Ce qui n'a pas loupé puisque leur hymne a été copieusement sifflé par les supporters chinois. Il fallait donc une réponse des Guerriers Taeguk sur le terrain.  Pour débuter ce match, Uli Stielike faisait une nouvelle fois confiance à ses « étrangers » avec seulement trois joueurs évoluant en Corée du Sud dans le onze de départ. Il changeait une nouvelle fois de tactique : exit le 4-1-4-1, place à un 4-2-3-1 avec aucun vrai joueur de couloir devant. Son chouchou Lee Jeong-hyup, évoluant en K-League Challenge, occupant la pointe. Un choix plus que discutable. Il est aussi intéressant de voir qu'il a fallu que Kwoun Sun-tae quitte Jeonbuk pour être titulaire dans les buts de la sélection. Les joueurs de K-League doivent être porteur d'un virus qui déplait à Stielike. En attendant que remède soit trouvé, la Corée du Sud ne joue pas au football mais pratique un autre sport. La défense centrale, occupée par deux joueurs de CSL, est un spectacle comique permanent. La façon de défendre de Jang Hyun-soo est tout ce qu'il ne faut pas faire mais visiblement, ça permet d'être titulaire en sélection. Les latéraux, deux joueurs de K-League, ne trouvent aucun repère sur le terrain avec cette défense centrale qui les oblige à couvrir une zone plus large derrière. Ils ne sont pas aidés devant non plus. Le milieu de terrain est plus que transparent. Koh Myong-jin était annoncé dans le onze de départ mais personne ne l'a vu jusqu'à sa sortie à l'heure de jeu (65 minutes pour sortir un joueur qui ne fait rien, c'est peut-être un record). Devant, Ji Dong-won met aucune volonté à jouer sur le côté droit ce qui fait perdre énormément d'impact au latéral qui lui est associé puisque aucune combinaison entre les deux joueurs n'existe. Nam Tae-hee n'est pas un joueur de couloir donc on retrouve le même problème à gauche qu'à droite. Koo Ja-cheol a fait tout ce qu'il pouvait pour organiser le jeu de l'équipe mais avec des joueurs statiques autour de lui ou tout simplement pas au niveau, difficile de briller. Devant, Lee Jeong-hyup n'est clairement pas à la hauteur pour disputer un match international. D'autant plus quand la tactique identifiée par tous consiste à balancer des longs ballons en attendant que le n°9 fassent des déviations de la tête. Le seul joueur du groupe sud-coréen à pouvoir être performant dans cette optique est Kim Shin-wook. Manque de chance, il était sur le banc toute la première période. Entré à la pause, il n'a pas toutefois pas réussi à s'imposer dans les airs, commettant de nombreuses fautes. Mais de toute façon, à quoi auraient servi ses déviations puisque Nam Tae-hee ou Ji Dong-won ne prennent aucune profondeur et Koo Ja-cheol est généralement celui qui le cherche. Il aura donc fallu 65 minutes à Uli Stielike pour comprendre que Hwang Hee-chan pouvait être la solution, mais son équipe avait déjà baissé les bras depuis bien longtemps et Kim Shin-wook n'était absolument pas dans son match (difficile d'avaler le fait d'être sur le banc quand un joueur de seconde division est sur le terrain). Même en constatant cela, aucun changement de stratégie, on garde la même du début à la fin. Uli Stielike est incapable de modifier son plan de jeu, s'il en a déjà un de défini. De plus, la cassure entre les joueurs et le sélectionneur se sent. Mais la KFA continue de soutenir Stielike en déclarant que le « match ne fut pas si mauvais ». On se demande ce que ça donnera lorsque les matchs seront mauvais à leurs yeux. Du côté chinois tout était bien en place et les joueurs ont profité des contres généreusement offerts pour se montrer les plus dangereux. Sur un corner, la défense sud-coréenne rappelait à tout le monde son incroyable faiblesse en laissant Yu Dabao faire ce qu'il voulait pour placer sa tête (1-0). Nouvelle défaite à l'extérieur pour la Corée du Sud qui conserve tout de même sa 2e place grâce à un exploit syrien. Côté Chinois en revanche, plus que les trois points, c’est surtout le capital confiance qui est regonflé. L’arrivée de Lippi sur le banc a donné une nouvelle rigueur collective et surtout une nouvelle dynamique. Les Dragons sont désormais relancés dans la course à la place de barragiste.

La Syrie réussit l’exploit, l’Australie piétine

Car finalement tout se resserre dans le groupe A. Car pendant que l’Iran s’en allait tranquillement poursuivre sa promenade en s’imposant au Qatar, la Syrie « accueillait » l’Ouzbékistan à Melaka en Malaisie (lire Irak / Syrie : géopolitique de la guerre et football). Dire que la victoire syrienne est un exploit n’est pas galvaudé. Sur le papier, les Loups Blancs devaient s’imposer, sur le terrain, l’affaire fut tout autre. Car face au courage collectif d’une équipe syrienne décidée à ne pas laisser le moindre espace, l’Ouzbékistan s’est montré totalement inoffensif. Dans un match disputé sur un rythme assez lent et pauvre en occasion, les meilleures situations sont finalement revenues aux Aigles de Qasioun qui auraient pu prendre les devants plus tôt sans un Lobanov concentré. Mais pour que l’histoire de l’exploit soit parfaite, il fallait un scénario totalement improbable, la percée de Firas Al Khatib, sur le terrain depuis 5 minutes, allait l’offrir en même temps qu’un penalty justement accordé aux « locaux ». Alors, la star syrienne Omar Khribin pouvait s’avancer. L’homme qui avait échappé au service militaire dans l’armée d’Al Assad par le fait d’être enfant unique et qui veut « ramener le sourire sur les visages du peuple syrien » n’a pas tremblé et poussé le panache jusqu’à offrir le seul but du match sur une panenka. Et voilà comment la Syrie se retrouve désormais quatrième, à un point de sa victime du jour, à deux d’une Corée du Sud à qui elle rendra visite lors de la prochaine journée.

Dans le groupe B, l’Arabie Saoudite et le Japon continuent leur bonhomme de chemin. Les Saoudiens s’imposent en Thaïlande, maitrisant parfaitement son match et attendant la fin de match pour profiter des espaces lui permettant de donner une vraie ampleur à la victoire. De leur côté, les Japonais se rendaient aux Emirats avec la volonté de prendre leurs distances sur un concurrent à l’une des trois premières places. Pour l’occasion Vahid Halilhodzic avait procédé à trois changements par rapport à la victoire face à l’Arabie Saoudite, Eiji Kawashima revenant dans les buts, Yasuyuki Konno profitant de l’absence de Makoto Hasebe pour prendre place au milieu et épauler Shinji Kagawa. Les Samurai Blue ont parfaitement débuté la rencontre, Osako faisant passer les premiers frissons dès la septième minute, Kubo profitant d’une belle ouverture de Sakai pour fusiller Khalid Eisa et ouvrir le score à la 13e minute. Passé devant, le Japon se faisait peur un temps, lorsqu’Ali Mabkhout menaçait Kawashima ou, dès le retour des vestiaires quand Ismail Al Hammadi manquait une belle occasion de but, mais finalement, le Japon a su frapper quand il le fallait, Konno répliquant par un but, sur un service parfait d’Osako. Ne restait alors plus qu’à dérouler, Okasaki manquait d’alourdir la marque mais l’essentiel est fait, le Japon reste coleader du groupe et repousse les Emiratis à quatre points.

La (très) mauvaise affaire est une fois encore pour l’Australie qui n’a pu se défaire de l’Irak. Pour ce « déplacement », Ange Postecoglou avait fait le pari d’un ambitieux 3-4-3 (qui ressemblait souvent à un 3-2-4-1) qui n’a malheureusement pas porté ses fruits. Incapables de se montrer véritablement dangereux, les Socceroos ont pourtant rapidement ouvert le score, une belle tête de Leckie sur un corner déposé par Mooy avant de s’endormir. Et faute de n’avoir su tuer le match quand les (rares) occasions se présentaient, les Australiens ont payé le prix fort, leur défense se montrant encore bien naïve. Certes l’Australie ne perd pas, mais elle ne gagne pas non plus. En signant un quatrième nul consécutif, elle stagne à la troisième place et jouera gros la semaine prochaine chez elle face à son poursuivant direct, les Emirats Arabes Unis avant de jouer les deux leaders lors des deux journées suivantes.

Résultats

afcj6r

Classement

afcj6c

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.