Incroyable 14e journée de qualification en AmSud. Pendant que le Brésil continue de marcher sur le continent, derrière, il est impossible d’établir un pronostic quant à savoir qui pourra l’accompagner. Car la folie s’est invitée à la fête.

Premier match de la soirée, la visite d’une Argentine privée de Messi à l’Hernando Siles de La Paz où tous les fantômes de cuisants échecs n’ont pas tardé à se rappeler aux hinchas albicelestes. Car l’Argentine a encore sombré, incapable de produire une once de jeu jusqu’à ce que la Bolivie s’arrête de jouer. Il était alors trop tard, la Verde s’est encore offert un scalp argentin. Un naufrage que vous pouvez lire plus en détail dans notre inside.

Alors que la seconde période débutait à La Paz, l’Equateur et la Colombie entraient en piste à Quito pour un duel qui offrirait au vainqueur une place dans le top 5. Cela faisait 20 ans et un but de Tino Asprilla que la Colombie n’avait plus goûté à une victoire en terres équatorienne, but qui tournait sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux en avant-match histoire de conjurer. Effet immédiat. Car si les premières minutes furent à l’avantage de la Tri qui chauffait les gants de David Ospina en se montrant dangereuse sur coups de pied arrêtés, la Colombie s’est ensuite mise en route et a commencé, par la pression exercée, à déstabiliser l’Equateur. Miguel Borja servait alors James Rodríguez qui retournait les critiques qui s’étaient abattues sur lui en ouvrant le score. Mieux, idéalement servi par Edwin Cardona, James déposait son centre sur le pied de Cuadrado moins d’un quart d’heure plus tard pour le 2-0 en faveur de Cafeteros qui venaient alors de refermer leur piège sur les hommes de Quinteros. Au retour des vestiaires, la Colombie continuait d’imposer le rythme du match et pouvait gérer, aidée par l’exclusion de Luis Caicedo à l’heure de jeu. Le plan du Profe Pekerman a parfaitement fonctionné, la Colombie continue de monter en puissance au meilleur des moments et réussit la belle affaire de cette double session d’éliminatoires en décrochant six points sur six et prenant la deuxième place au classement général.

L’Argentine tombée, la Colombie en tête à la pause, au moment de pénétrer sur la pelouse du Monumental, le Chili savait qu’une victoire lui était impérative pour s’installer également dans le top 5. Après deux hymnes à donner des frissons, Chili et Venezuela ont offert le match le plus fou de la soirée, celui qu’on aurait qu’il ne se termine jamais. Il y a d’abord eu une tornade rouge. Une tornade que même l’échelle de Fujita aurait du mal à classer s’est en effet abattue sur la défense jaune fluo du Venezuela. Des vagues incessantes, du mouvement collectif et un Alexis Sánchez exceptionnel ont tout fait exploser. Le Niño Maravilla ouvrait le bal d’une merveille de coup franc dès la troisième minute, rejoignant ainsi le Matador Salas en tête du classement des meilleurs buteurs de l’histoire de la sélection. Puis, il s’amusait d’Alexander González et de la défense Vinotinto pour servir le Principe Aránguiz qui offrait à Paredes le 2-0. Enfin, il redressait un centre qui semblait sortir pour permettre au Tanque de Colo-Colo de s’offrir un doublé. En 22 minutes de jeu, le Chili menait déjà 3-0, donnait une leçon de football vertical, collectif et virtuose. De quoi couler n’importe quel adversaire. C’est mal connaître ce nouveau Venezuela. La qualité, cette équipe l’a. Sa jeunesse, qui la rend parfois naïve défensivement – ce match en est encore la preuve – lui donne de sacrées ailes devant. Avec un Otero à la baguette, un Rondón parfait en point d’ancrage et les fusées Machís et Murillo, la Vinotinto s’est mise à jouer et a répliqué avec talent. Murillo gâchait pas moins de trois face à face avec Bravo, le Venezuela montrait qu’il n’était ni KO ni battu. Alors le Chili allait de nouveau accélérer. Le début de seconde période voyait une nouvelle tornade s’abattre sur l’arrière garde vénézuélienne qui allait résister d’une part grâce au talent du pibe Fariñez mais surtout grâce à la maladresse des Vargas et autres Vidal qui manquaient occasions sur occasions. Alors que le Chili aurait pu/dû compter 5 voire 6 buts d’avance, le Venezuela repartait à l’assaut, galvanisé par la réduction du score de l’inévitable Rondón. L’entrée en jeu de Peñaranda apportait un surplus de capacité de perforation, le Venezuela se voyait refuser un but totalement valable de Tomás Rincón à la conclusion d’une merveille de mouvement collectif, aurait dû bénéficier d’un penalty pour une faute de Vidal sur Otero, le match avait basculé. Alexis manquait l’occasion de donner de l’air à la Roja en voyant son penalty repoussé par Fariñez, la fin de match continuait d’offrir un match fou où chaque équipe se ruait sur les cages adverses mais le score n’évoluait plus. Au terme d’une partidazo le Chili s’impose, double l’Argentine et se replace à hauteur de l’Uruguay.

Car celle qui pouvait perdre gros, c’était la Celeste. Balayée par le Brésil au Centenario, l’Uruguay était en danger à l’heure de se rendre à Lima pour y jouer un Pérou pas encore hors course en cas de victoire. L’idée du Maestro était de planter une équipe compacte, destinée à réduire les espaces, plat préféré des hommes de couloir péruviens. Dans un premier temps, tout fonctionnait parfaitement. L’Uruguay se montrait même menaçant, sa plus belle occasion étant une volée de Carlos Sánchez, avant de commencer à souffrir sous les offensives adverses qui se procuraient quelques situations par Cueva, Corzo ou encore la légende Paolo Guerrero. C’est à ce moment précis que l’Uruguay frappait. Yotún perdait un ballon sous la pression de Fucile, Suárez décalait côté droit et Carlos Sánchez pouvait conclure. Le coup était rude, sa digestion rapide. Sur un long ballon de Yotún, Guerrero déposait Diego Godín et ajustait Muslera. 34e minute de jeu 1-1, c’était le score à la pause. Le Pérou n’avait donc que 45 minutes pour s’offrir un succès synonyme d’espoir. Le second acte allait être entièrement rouge et blanc. Les triangles des hommes de Gareca ne cessaient de faire courir une défense uruguayenne souvent dépassée mais qui résistait tout de même, s’en remettant parfois à un excellent Muslera. Cette domination allait trouver juste récompense au tableau d’affichage lorsque Guerrero remettait de la poitrine pour Flores qui faisait exulter l’Estadio Nacional. Urretaviscaya entrait alors pour tenter de ramener l’Uruguay, dix minutes plus tard, il quittait les siens après un deuxième avertissement très sévère pour une main (le premier, un tirage de maillot sur Guerrero qui partait seul au but n’avait souffert d’aucune contestation). Malgré son manque d’idées claires et le fait de jouer en infériorité, la Celeste allait se montrer dangereuse jusqu’au bout, Suárez menaçant Gallese sur coup franc avant que Godín ne trouve la barre dans les dernières secondes. L’Uruguay boucle sa semaine avec un 0/6 qui le met désormais en danger. De son côté, le Pérou continue de s’accrocher à son rêve russe.

Le rêve russe est une réalité désormais pour le Brésil. Certes on n’attendait pas que le Paraguay puisse aller s’imposer face à une Seleção à qui plus rien ni personne ne résiste. Mais à trop vouloir tout miser sur un facteur chance, à chercher à uniquement suivre des discours guerriers sans jamais laisser s’exprimer ses talents (les frères Romero sur le banc…), Francisco Arce se prive d’ambition, se prive d’une capacité à aller chercher à renverser les pronostics. Alors le Brésil a déroulé. Attaquant tour à tour côté Neymar ou côté Coutinho, la Seleção a maîtrisé son match, ouvrant le score peu après la demi-heure de jeu sur un mouvement aussi limpide qu’autorisé par des défenseurs guaranies réduits au rang de plots puis pressant davantage au retour des vestiaires. Le Roi Neymar manquera un penalty, ira de son but, le 52e en sélection, égalant ainsi un certain Pelé au même âge, et verra Marcelo enfoncer le clou, le Brésil s’impose 3-0 sans jamais trembler et sera de la Coupe du Monde russe. De son côté, le Paraguay et ses deux malheureux tirs en 90 minutes n’a rien fait pour s’éviter une bonne rouste.

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.