Il ne reste plus que quatre journées avant de connaître le verdict final des éliminatoires de la zone CONMEBOL. Et si le Brésil peut désormais dérouler, derrière, personne n'est assuré de rien. À commencer par l'Argentine qui joue une grande partie de son avenir dans un Centenario en fusion.

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La soirée sudam débutera par un choc entre voisins aux destins bien différents, le clásico des nordiques entre Venezuela et Colombie. Et s’il est un homme plus motivé que d’autres, c’est bien Radamel Falcao. Le Tigre, désormais de retour au plus haut niveau, avait mis plusieurs mois à digérer un rêve de mondial brésilien envolés. En conférence de presse, le capitaine de l’AS Monaco l’a bien rappelé : « Ce serait merveilleux de pouvoir être en Russie en 2018. J’ai lutté et travaillé tant d’années pour cela et nous en sommes si proche. La sélection est dans une position où si nous obtenons de bons résultats lors des deux prochaines journées, nous serons tout près de la Russie et j’espère pouvoir assouvir mon rêve de jouer une Coupe du Monde avec la Colombie. » Du côté de José Pekerman, le message n’est pas bien différent, la Colombie doit prendre 6 points sur cette double journée d’éliminatoires mais el Profe se méfie terriblement de son adversaire du soir : « Nous savons qu’ils sont en phase de transition, mais ils ont montré une progression importante depuis l’arrivée de Dudamel. C’est un rival de grande qualité en plus de la motivation liée à un tel match. »

Il est vrai qu’il ne faudra pas trop se fier au classement qui peut en tromper plus d’un. Car si le Venezuela est bel et bien dernier avec six petits points pris sur 42 possible, la dynamique engagée par Rafael Dudamel depuis qu’il est à la tête de la sélection est bien plus positive. En incorporant les jeunes dans un groupe encadré par d’excellents anciens, le Venezuela construit pour 2022 et peut désormais s’appuyer sur une génération u20 finaliste d’une Coupe du Monde. La réception de la Colombie est donc l’occasion de continuer de prouver et de grandir. Et de prévenir « nous sommes derniers, en théorie nous n’avons rien à perdre mais ce n’est pas ainsi : nous jouons gros. Non seulement ce sont trois points qui sont en jeu mais surtout, nous jouons notre prestige. »

Du côté des joueurs

Alors, pour continuer de construire, Rafael Dudamel continue de faire confiance à ses nombreux jeunes. Aux trois désormais habituels de la sélection, Yangel Herrera, Wilker Faríñez et Yeferson Soteldo, le sélectionneur de la Vinotinto y ajoute quelques héros de Corée : Ronaldo Chacón, Sergio Córdova, José Hernández et Samuel Sosa. Tous ne seront pas titulaires mais devraient gagner du temps de jeu à l’occasion du clásico face à la Colombie. Ils seront évidemment encadrés par les « stars » de la sélection : Rómulo Otero, Josef Martínez ou encore Salomón Rondón.

Privé de James et de Farid Diaz, José Pekerman se retrouve à devoir trouver son 10 pour la rencontre du soir. Les clés du camion devraient ainsi être données au récent nouveau Xeneize, Edwin Cardona qui sera le dépositaire du jeu si el Profe décide, comme les dernières rumeurs le laissent entendre, de lancer la machine à perforer de Junior Yimmi Chará à la place de Gio Moreno. Pour le reste, les habitués du football argentin devraient croiser l’excellent Wilmar Barrios, devenu essentiel au milieu à Boca. L’attaque sera confiée au Tigre.

Compo probables

Venezuela : Wuilker Faríñez, Víctor García, Jhon Chancellor, José Manuel Velázquez, Rubert Quijada, Jhon Murillo, Tomás Rincón, Arquímides Figuera, Rómulo Otero, Josef Martínez, Salomón Rondón.

Colombie : David Ospina - Santiago Arias, Cristian Zapata, Óscar Murillo, Frank Fabra - Carlos Sánchez, Wilmar Barrios - Juan Guillermo Cuadrado, Giovanni Moreno ou Yimmi Chará, Edwin Cardona - y Falcao García. DT: José Pékerman.

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S’il est un homme qui divise toujours autant le Chili, c’est bien Arturo Vidal. Alors que la Roja se prépare à un match décisif pour la qualification, les médias locaux ont une fois encore été animés par le dernier dérapage en date de l’un des cadres de la sélection, une fois encore impliqué dans une sortie au casino dans la soirée de mardi dernier au cours de laquelle ses amis ont causé quelques dégâts. Le débat a encore donc animé la conférence de presse d’avant match, Juan Antonio Pizzi rappelant à qui voulait l’entendre qu’il n’y avait pas d’affaire, le joueur s’étant « présenté à l’heure aux entraînements et y a participé avec ses équipiers sans le moindre souci. » Affaire close donc (ou presque) d’autant que la réception du Paraguay offre au Chili une magnifique occasion de faire le break et pourquoi pas un pas décisif vers la Russie, le tout avant de jouer la Bolivie, autre rival annoncé largement à la portée du double champion des Amériques. Mais Pizzi préfère mettre en garde contre l’excès de confiance, rappelant à quel point le Paraguay est un « rival difficile, aguerri, combattif. »

Pourtant, du côté du Paraguay, ce déplacement à Santiago a tout de la dernière chance. Huitième à quatre points des barrages, la situation de l’Albirroja est désormais compliquée et les dernières sorties amicales, notamment celle catastrophique face à la France, n’ont pas apaisé le climat entourant la sélection. Mais Chiqui Arce reste sur sa ligne, toujours la même. Pour gagner, il faut combattre. « Nous savons qu’il y aura des opportunités à saisir, des situations que nous pourrons créer et nous verrons si nous pouvons frapper, » et ne sourcille pas quand à l’état psychologique d’une sélection qui parait de plus en plus à la dérive, « les joueurs sont extrêmement confiants et décidés pour accomplir leur tâche, j’ai confiance en cela. » Reste à voir si la confiance sera suffisante pour aller s’imposer ou tout du moins résister à une Roja que le Paraguay n’a plus battu à Santiago depuis 10 ans.

Du côté des joueurs

Avec un groupe au grand complet, Pizzi se retrouve avec le choix du Roi à l’occasion de préparer ce choc au Monumental. Il n’y aura donc aucune surprise à prévoir dans les rangs chiliens si ce n’est la chance enfin donnée au magnifique Nicolás Castillo qui marche sur le Mexique malgré un tournoi et demi totalement raté par ses Pumas. L’occasion de voir la Roja avec un vrai neuf, l’occasion pour Alexis et Edu Vargas de s’associer à Nico pour former un trio offensif qui s’annonce excitant sur le papier. Il faudra bien trois attaquants pour passer la muraille paraguayenne. Car Arce a beau parler d’envie de profiter de la moindre occasion, le onze annoncé a tout d’un bus parqué devant la surface. Défense à 5, deux récupérateurs et un simple trio offensif composé de deux perforateurs Óscar Romero et Miguel Almirón et un finisseur Lucas Barrios, les Guaraníes viennent avant tout pour ne pas perdre. Reste à savoir si cela sera suffisant pour rester en vie dans cette campagne éliminatoire.

Compos probables

Chili : Claudio Bravo, Gary Medel, Gonzalo Jara, Jean Beausejour, Marcelo Díaz, Charles Aránguiz, Arturo Vidal, Alexis Sánchez, Eduardo Vargas, Nicolás Castillo.

Paraguay : Antony Silva, Jorge Moreira, Gustavo Gómez, Paulo Da Silva, Junior Alonso, Miguel Samudio, Víctor Cáceres, Cristian Riveros, Óscar Romero, Miguel Almirón, Lucas Barrios.

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Les deux stars auront beau arborer un maillot montrant l’union des deux pays pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030, celle de 2018 a tout pour séparer les frères du Rio de La Plata. C’est dans un Centenario bouillant qui va se disputer l’incontestable affiche de la soirée entre Uruguay et Argentine, le match que ni l’un ni l’autre n’aura le droit de perdre. Il n’y a qu’un tout petit point qui sépare l’Uruguay de l’Argentine au coup d’envoi et la confirmation par le TAS des points perdus par la Bolivie face au Pérou et au Chili laisse l’Albiceleste à une inquiétante cinquième place qui ne qui laisse pas son destin en main et surtout la met sous la menace directe de l’Equateur et du Pérou. Pire, les statistiques inquiètent les hinchas argentins même si l’unique victoire de l’Argentine au Centenario le fut dans des circonstances similaires, lors de l’ultime journée des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2010, sur un but de Bolatti.

Une statistique qui n’est pas du genre à inquiéter Sampa même si ce dernier reconnait que « l’Uruguay est une équipe très déterminée, très courageuse qui s’appuie sur un travail de longue durée avec Tabárez ce qui est un avantage sur nous, » et qui ne semble pas décidé à éloigner toute pression annonçant clairement « nous jouons tout. Je sens que je joue un match qui va définir l’histoire de ce pays pour la prochaine Coupe du Monde, » ajoutant qu’il se retrouve à devoir joueur quatre finales. Côté Celeste, la pression est bien différente. Il suffit d’écouter les joueurs pour bien comprendre la sérénité qui entoure le groupe uruguayen. De Diego Godín « certain que l’Uruguay jouera la Coupe du Monde » à Sebastián Coates rappelant que « c’est une grande responsabilité, que c’est un match qui a une saveur différente » sans pour autant craindre le changement d’entraîneur, « on sait que nous allons faire face à une Argentine très agressive, on connait bien Jorge Sampaoli, on sait quels sont ses idées, et on l’a déjà battu. On espère rééditer notre performance face à son Chili. » La Roja était repartie du Centenario avec un 0-3. Côté Tabárez, le discours est similaire. « C’est le clásico le plus vieux au monde. Tout fait que c’est un match particulier, motivant. » Le sélectionneur uruguayen ne redoute pas spécifiquement l’Argentine, ni ne se focalise sur les individualités adverses.

Du côté des joueurs

Et pourtant s’il est une individualité qui peut faire la différence aux dires de son sélectionneur, c’est bien Leo Messi. Sampa a prévenu, pour bâtir sa sélection, il « place Messi et construit une équipe autour de lui. » Un temps redouté absent avant que sa suspension soit levée, l’astre du Barça aura donc un rôle central mais sera épaulé par une sélection bâtie pour jouer et surtout attaquer. Sampa prépare un 3-4-3 ultra offensif avec Di María et Acuña (ou Acosta sur les côtés), autant donc oublier la notion de repli défensif, et fait confiance à un trident tant espéré Messi – Dybala – Icardi. L’objectif est clair, l’Argentine veut être « protagoniste » et entend bien avoir le ballon.

Face à cela, l’Uruguay ne déroge pas à ses habitudes et pourra surtout compter sur le retour miraculeux (même si au pays personne n’en doutait), de Luis Suárez pour épauler Cavani devant et ainsi former probablement la meilleure paire de 9 du monde. Quelques surprises à noter cependant dans le onze de départ. Le retour de Martín Cáceres dans le couloir droit qui confirme après ses deux amicaux de l’été et revient en éliminatoires après près de 2 ans d’absence (et le 3-0 face au Chili), la titularisation de Gastón Silva dans le couloir gauche et surtout l’arrivée de l’excellent Nahitan Nández au milieu.

Compos probables

Uruguay : Fernando Muslera; Martín Cáceres, Jose Maria Giménez, Diego Godín, Gastón Silva; Nahitan Nández, Alvaro González, Matias Vecino, Cristian Rodríguez; Edinson Cavani, Luis Suárez.

Argentine : Sergio Romero, Gabriel Mercado, Federico Fazio ou Javier Mascherano, Nicolás Otamendi, Marcos Acuña ou Lautaro Acosta, Lucas Bilgia, Guido Pizarro, Ángel Di María, Lionel Messi, Paulo Dybala, Mauro Icardi.

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Si la tension est énorme sur les rives du Rio de La Plata, la sérénité entoure la Seleção de Tite, seul qualifié de la zone au coup d’envoi de la journée. Les regards sont d’ailleurs d’ores et déjà tournés vers la prochaine Coupe du Monde, à l’image de Marcelo affirmant en conférence de presse que l’homme clé de la résurrection brésilienne est Tite et que si le Brésil est sur « une bonne série, il n’a encore rien gagné, l’objectif est de se préparer de la meilleure des manières au Mondial et d’y emmener la sélection le plus haut possible. » Ne comptez tout de même pas sur un relâchement, Marcelo rappelant « les joueurs de la sélection sont sous pression car l’entraîneur demande du rendement, demande à ce qu’on joue bien et qu’on soit compétitifs. »

La pression est donc sur les épaules de la Tri équatorienne. Longtemps bien partie, la sélection de Gustavo Quinteros se retrouve désormais à devoir courir derrière le top 5 et ne rêve que d’une chose, rester coller à l’Argentine avant la « finale » pour la qualification à Quito lors de la dernière journée. Pour cela, il faudra un résultat au Brésil. Et sur le strict plan des statistiques, rien n’incite à l’optimisme. Avec le Paraguay, le Brésil est le seul territoire où l’Equateur n’a jamais pris le moindre point en éliminatoires, pire sur les 31 duels entre Tri et Seleção, l’Equateur s’est incliné 25 fois pour deux petites victoires. Si Quinteros voulait insister sur le fait qu’à « 100% de ses possibilités, l’Equateur peut rivaliser d’égal à égal avec le Brésil, » on se rappellera que la victoire à Quito a été le point de départ de l’ère Tite.

Du côté des joueurs

L’autre souci pour l’Equateur vient de ses propres rangs. Le sélectionneur argentin de la Tri a tenté d’expliquer la mauvaise passe par l’absence de continuité de ses cadres, pour le match face au Brésil, il est servi. En manque de temps de jeu en club, Miller Bolaños, Jefferson Montero, Arturo Mina et Frickson Erazo sont écartés d’une sélection dont ils devraient être les piliers. Reste tout de même de la qualité et des bonnes nouvelles comme le retour en grande forme d’un Enner Valencia qui a tout pour permettre à sa Tri de rebondir. Les problèmes, le Brésil n’en a pas. Au point que Tite va reconduire la même équipe que celle qui s’était tranquillement imposée à Quito au début de son ère, Willian restant dans le 11 à la place d’un Philippe Coutinho qui paye ainsi son manque de rythme.

Compos probables

Brésil : Alisson, Dani Alves, Marquinhos, Miranda, Marcelo, Casemiro, Paulinho, Renato Augusto, Willian, Neymar, Gabriel Jesus.

Equateur : Máximo Banguera, Pedro Velasco, Robert Arboleda, Gabriel Achilier, Christian Ramírez, Antonio Valencia, Christian Noboa, Pedro Quiñónez, Fernando Gaibor, Fidel Martínez, Enner Valencia.

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Dernier rendez-vous de la nuit sud-américaine, le choc entre voisins péruviens et boliviens. Un choc aux destins croisés. Car si la Bolivie ne joue plus rien dans cette campagne, la décision du TAS permet officiellement au Pérou de rêver à la qualification. Au moment d’entrer sur la pelouse du magnifique Monumental de Lima, la Blanquirroja connaîtra le résultat de l’Argentine qui la devance d’un tout petit point au classement. On peut donc véritablement envisager qu’une victoire uruguayenne ou un nul offrirait un surplus de motivation au Pérou qui pourrait alors, en cas de victoire, se rapprocher du top 5 à trois journées de la fin. La prudence reste cependant de mise du côté du Tigre Gareca qui redoute un « adversaire qui a montré de bonnes choses » mais surtout ne sait pas trop sur quel pied danser « La Bolivie a subi des changements d’entraîneurs, nous ne savons pas trop ce à quoi nous attendre. Elle joue d’une manière contre la Colombie, d’une autre à La Paz. »

Assommée par la décision du TAS, la Bolivie est déjà hors course et, comme l’affirme Mauricio Soria ne cherche plus le résultat. « Nous ne savons pas ce que nous allons faire mais l’idée est d’évoluer. Nous essayons d’inculquer des idées aux footballeurs du pays, le football bolivien doit être très tactique pour compenser bien des situations qui nous sont contraires. » N’allez cependant pas attendre de la Bolivie quelconque arrivée en victime expiatoire, Soria rappelant que sur le terrain la Verde avait battu le Pérou (2-0) et accroché le Chili (0-0) et va donc « chercher à récupérer les points perdus administrativement » face à ces sélections tout en continuant de construire.

Du côté des joueurs

Pour continuer de construire, Soria veut donc donner du temps de jeu aux jeunes « pour qu’avec les joueurs expérimentés que nous avons au pays, qui sont des gens de qualité, nous puissions transmettre les concepts afin d’emmener notre sélection vers d’autres horizons. » Privé d’el Conejo Arce suspendu, Soria laisse six autres joueurs à la maison, Rubén Cordano, Juan Pablo Aponte, Henry Vaca, Christian Machado, Mario Cuéllar et Óscar Ribera, l’objectif de victoire étant surtout pour la réception de l’ennemi chilien à La Paz.

Gallese blessé, Ricardo Gareca va donc donner sa chance à Carlos Cáceda. Le Tigre doit aussi faire avec trois suspendus, Aldo Corzo, Renato Tapia et Paolo Guerrero. Reste que sur le papier, la formation péruvienne s’annonce offensive et n’a qu’une mission annoncée par son sélectionneur : récupérer rapidement le ballon et attaquer rapidement. Pour cela, Gareca pourra compter sur un duo Christian Cueva et Raúl Ruidíaz qui cartonne dans ses championnats respectifs (surtout le second) et qui devrait apporter la vitesse et la profondeur nécessaire à ce plan de jeu.

Compos probables

Pérou : Carlos Cáceda, Luis Advíncula, Christian Ramos, Alberto Rodríguez, Miguel Trauco, Yoshimar Yotún, Pedro Aquino, André Carrillo, Edison Flores, Christian Cueva et Raúl Ruidíaz.

Bolivie : Carlos Lampe, Gabriel Valverde, Ronald Raldes, Edward Zenteno, Diego Bejarano, José Manuel Sagredo, Diego Wayar, Alejandro Chumacero, Raúl Castro, Pablo Escobar, Marcelo Martins

Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.