À trois journées de la fin, le suspense est total. Alors que le Brésil est assuré de remporter les éliminatoires sud-américains, ils sont sept à se battre pour les quatre dernières places. Et tout, vraiment tout, est possible.
« Aujourd’hui, les joueurs ont donné de la joie au public venu les encourager. » En conférence de presse, Rafael Dudamel montrait une certaine satisfaction après le match nul qui est venu sanctionner un Venezuela – Colombie plutôt intéressant et qui aura eu pour héros les deux portier, Wuilker Fariñez et David Ospina. Car avec une équipe composée d’un mélange entre expérience et jeunesse annoncée dorée, la Vinotinto a regardé la Colombie, actuel deuxième, droit dans les yeux. Certes les Cafeteros ont souvent manqué de fluidité et de vitesse, à l’image d’un Edwin Cardona totalement hors-sujet mais les situations ont été réelles des deux côtés. La Vinotinto a souvent été plus directe, plus verticale que les hommes de Pekerman à l’image du mouvement à trois Sergio Córdova, Salomón Rondón, Josef Martínez qui terminait pas une frappe non cadrée de ce dernier ou de la mine envoyé par Martínez sur la barre d’un Ospina battu. Mais la Colombie a su, en appuyant surtout sur les côtés, se montrer dangereuse, la meilleure occasion du premier acte restant sans aucun doute la tête à bout portant du Tigre Falcao sur laquelle Fariñez montrait l’immensité de son talent. Le scénario était le même en deuxième mi-temps : des percées colombiennes qui échouaient sur un Fariñez totalement infranchissable ou par maladresse à l’image du contre emmené par Yimmi Chará puis, au fil des minutes, une menace vénézuélienne de plus en plus présente qui allait voir Ospina répliquer à son homologue. Les deux équipes se quittent donc sur un nul plutôt, logique, ne manquaient vraiment que les buts.
« ¡No puede ser! » On joue les arrêts de jeu, Óscar Romero file en contre, fixe la défense chilienne et offre à Richard Ortiz le but du 3-0 pour le Paraguay dans un Monumental de Macul totalement KO et un commentateur chilien totalement désespéré. Il y a 10 ans, le Paraguay était venu s’imposer sur le même score à Santiago (doublé de Da Silva, but de Cabañas), ce jeudi soir à Santiago, la douche a été glacée pour le peuple rouge. Car au coup d’envoi, l’occasion était idéale pour le Chili de se rapprocher de la qualification, le nul de la Colombie ouvrant une possibilité de deuxième place. D’autant que le Paraguay s’avançait en victime expiatoire, annonçant un bus parqué devant sa surface et destiné uniquement à résister. Aussi la surprise fut grande pendant les 20 premières minutes lorsque les Guaraníes se montraient plus incisifs et étaient finalement logiquement récompensés par un but…d’Arturo Vidal. El Rey, totalement à côté de la plaque plaçait une merveille de tête plongeante dans ses propres filets sur un coup franc de Romero. Le coup était rude pour le Chili qui allait cependant enfin se mettre en action. Malheureusement pour eux, les hommes de Pizzi ont multiplié les maladresses, des centres d’Isla qui jamais n’arrivaient à la partie de hand devant la surface adverse, les occasions ont été finalement peu nombreuses pour les hôtes, seul Vargas ayant l’idée de frapper au but. Alors le Paraguay a résisté sans finalement trop trembler face à une pression désordonnée et sans idée (même l’entrée de Valdivia n’a pas apporté de clarté, Paredes errant comme Castillo à la recherche d’un ballon jouable). Et le Paraguay a frappé à deux autres reprises. En début de second acte, sur un ballon qui trainait et que Cáceres s’empressait d’aller convertir en but, en fin de match donc lorsque Ortiz pliait définitivement l’affaire. Le Chili n’a reçu un 0-3 chez lui qu’à trois reprises dans toute l’histoire des éliminatoires, deux fois face au Paraguay. Cette défaite est un vrai coup dur, une occasion manquée par la Roja qui se retrouve dans l’obligation d’aller chercher une victoire en Bolivie. Côté Guaraníes, ce succès inattendu mais tellement mérité relance tous les espoirs de qualification. Des espoirs que les dernières sorties avaient enterrés.
Avec une demi-heure de décalage sur Chili – Paraguay, le Centenario était plein comme un œuf pour le choc de la journée, le clásico entre Uruguay et Argentine. Là encore, les résultats pouvaient faire les affaires du vainqueur. On attendait surtout de voir le premier test de l’Argentine version Sampa et son ambitieux 3-4-3 ultra offensif. Si les premières minutes laissaient croire que cette Argentine allait se montrer maîtresse du jeu, rapidement l’Uruguay en a montré les failles, attendues : les couloirs. Alors la Celeste a pu passer sur les côtés pour apporter du danger même si elle ne mettait pas Romero véritablement à contribution. Côté argentin, la domination était plutôt stérile, cette Albiceleste manquant d’idée, de fluidité, de verticalité, bref, de tout. Icardi invisible, Dybala englué, Messi tentait de se démener sans véritablement comprendre à quel poste et quel rôle il était censé jouer. Alors il les jouait tous, la star du Barça était seule à créer du danger, la meilleure occasion argentine venant de son pied gauche mais sortie par un Muslera parfait sur sa ligne. Sampa avait annoncé vouloir construire une équipe autour de Messi, Leo est une fois encore apparu bien isolé au sein d’une formation qui manque de cohérence (comme prévu Acuña à droite n’aura pas été un bon choix, Biglia dans l’entrejeu non plus). L’Uruguay a eu quelques situations, Luis Suárez a tenté un lob de plus de 40 mètres, Romero a tremblé sur la double occasion de la 37e minute, frappe de Cebolla, rebond, frappe de Vecino détournée par Cavani devant le but. Mais au final, les hommes de Tabárez ont semblé se contenter du nul au fur et à mesure que le chronomètre défilait. Le second acte a été d’un ennui profond avec une Argentine totalement inoffensive, ne sachant que faire du ballon à l’image de la dernière action digne d’un Allemagne – Autriche 1982. Et se retrouve engluée à sa cinquième place avec une menace qui se rapproche derrière. Il faudra que la bande à Sampa trouve des idées d’ici la réception du Venezuela si elle veut s’éviter de terribles maux de tête.
La chance de l’Argentine est que l’Equateur se rendait au Brésil. Le plan mis en place par Gustavo Quinteros était simple sur le papier : il suffisait de bloquer les côtés pour résister au Brésil. Et la Tri y est parvenue un temps. Parfaitement positionnée, la défense de la Tri a d’abord privé le Brésil d’occasions, tentant de contrôler notamment Neymar, quitte à se montrer violent comme sur le tacle rugueux de Fidel Martínez peu avant la demi-heure. Le plan a fonctionné un temps donc, jusqu’à l’ouverture du score signée Paulinho en milieu de second acte. Car mené au score, l’Equateur n’avait d’autre choix que de sortir. Cazares et Felipe Caicedo entraient en jeu, le temps d’assister au deuxième but de la Seleção construit par le duo Gabriel Jesus – Philippe Coutinho. L’affaire était alors pliée, le Brésil s’assure la première place de la zone CONMEBOL, l’Equateur reste à trois points de l’Argentine mais glisse à la huitième place. La réception du Pérou sera probablement la dernière chance d’espérer pour la Tri.
Car finalement l’autre grande gagnante de la soirée est bien la Blanquirroja de Gareca. Le Tigre avait annoncé, il voulait que son équipe aille agresser le plus haut possible pour bondir rapidement. Ses joueurs ont appliqué les consignes à la lettre. Emmené par un trio Cueva, Farfán, Ruidíaz appuyé par le duo Flores – Carrillo, les Péruviens ont sauté à la gorge de leurs adversaires d’entrée de partie se procurant plusieurs situations malheureusement souvent gâchées par une mauvaise dernière passe ou un mauvais dernier geste. Face à la tornade péruvienne, la Verde s’est repliée, a tenté de résister autant que possible et y est longtemps parvenue, parvenant parfois à se procurer quelques situations, la plus belle opportunité restant un coup-franc de Campos qui s’écrasait sur le poteau d’un Cáceda battu. Alors, il y a eu une justice. En cinq minutes, deux missiles, signés Flores et Cueva avait percés la muraille verte et traversé les filets. On jouait alors l’heure de jeu, le match était plié. Malgré la réduction du score signée Álvarez qui exploitait à merveille une sortie hasardeuse du portier péruvien, la Blanquirroja réussissait sa mission. Le Pérou s’impose, il revient à deux points d’une place en Coupe du Monde avant de se déplacer en Equateur. Où son destin se jouera.
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