Troisième et dernière journée de la phase aller de la campagne de qualification pour Russie 2018. Pendant que le Nigeria fonce vers la Russie, la Tunisie continue d’avancer, le Maroc met la pression sur la Côte d’Ivoire. Pour l’Algérie en revanche, l’affaire est presque entendue.

Groupe A : la Tunisie vire en tête

Il ne fallait pas se manquer pour la Tunisie pour cette troisième journée du groupe A. Opposés à l’autre favori du groupe, la République Démocratique du Congo, les Aigles de Carthage devaient s’imposer afin d’être devant avant le match retour prévu ce mardi. Privé de Marcel Tisserand et Neeskens Kebano, Florent Ibenge n’en attendait pas moins que son équipe vienne chercher la victoire et avait ainsi placé un 4-2-3-1 avec Kakuta meneur de jeu, Mubele et Kabananaga sur les côtés, Bakambu seul en pointe. Du côté de Nabil Maaloul, il fallait composer avec les absences du néo-marseillais Aymen Abdenour et d’Ahmed Akaichi et surtout confirmer les promesses entrevues lors de la courte victoire face à l’Egypte. Ce sont les locaux qui ont dominé la rencontre malgré quelques périodes en faveur des Léopards. Ayant la possession du ballon, la Tunisie ouvrait le score à la 18e minute, Djo Issama Mpeko fauchant Ben Youssef provocant ainsi un penalty que Meriah transformait. Une fois menés au score, les Léopards allaient remonter leur bloc et égaliser juste avant la pause par Bakambu, faisant trembler les filets tunisiens pour la première fois depuis le début des éliminatoires. De quoi faire douter les Aigles ? Pas vraiment, d’entrée de seconde période, Msakni et Chalali combinaient côté gauche, ce dernier trompait alors Matampi pour redonner l’avantage aux siens. Ce but assommait les Léopards qui allaient alors passer tout le second acte à subir les offensives toujours tranchantes mais manquant de justesse dans le dernier geste des hommes de Maaloul. Qu’importe au final, la Tunisie réussit le 3 sur 3 et doit maintenant se préparer à conserver son avance au classement lors du déplacement au Martyrs de Kinshasa mardi prochain.

Sans surprise, la première place du groupe devrait se jouer entre les deux favoris même si derrière, la Guinée guette le moindre faux pas. Le Syli National s’est fait peur chez lui face à la Lybie, menant 2-0 avant de se faire reprendre aux 87e et 88e minute mais, au prix d’un dernier effort, a réussi à prendre les trois points, Alkhali Bangoura marquant (de la main) dans les ultimes secondes des arrêts de jeu.

Groupe B : Le Nigeria veut voir la Russie, l’Algérie n’y sera probablement pas

En ce vendredi 1er septembre, le magnifique Godswill Akpabio International Stadium de Uyo est plein à craquer. Situé dans le Sud-Est du pays, entre Port Hancourt et la frontière camerounaise, ce derby entre les deux voisins du Golfe de Guinée sent les parfums des grands matchs en ce jour de Tabaski (Aïd El-Kebir). L’ambiance est à la fête dans les tribunes, et les 30 000 supporteurs jouent leur rôle de 12e homme avant même le début du match.

Sur la lancée de sa CAN victorieuse, le Cameroun se présente en 4-2-3-1 avec Aboubakar soutenu par Moukandjo, et Bassogog pour faire la différence sur les côtés. Le revenant Choupo Moting est sur le banc. Côté Nigeria, Gernot Rohr à l’embarras du choix pour composer son onze de départ, tant le vivier de joueurs talentueux au Nigeria est impérissable. Il choisira finalement de titulariser les deux Moses devant (Simon de La Gantoise et Victor de Chelsea) qui entourent Odion Ighalo, avec Onazi, Mikel Obi et Ndidi au milieu. A noter la défense centrale 100% bi-nationale, avec l’allemand Balogun et le Hollandais Troost-Ekong. Dès le coup d’envoi, le Cameroun prend le contrôle du ballon et allume la première mèche par Ngamaleu, mais ce n’est pas cadré. Le Nigeria reprend peu à peu la balle et est de plus en plus dangereux dans le camp camerounais. Chaque accélération est poussée par la foule, qui a envie de voir son équipe rapidement faire la différence. Ce sont les deux chinois de l’équipe qui permettent de faire la différence en première mi-temps. D’abord par Odion Ighalo, à la demi-heure de jeu. Le joueur de Changchun Yatai est bien lancé par Obi Mikel, puis élimine Ngadeu et enchaine du gauche pour tromper Ondoa à l’entrée de la surface. Sur la première grosse occasion du match, les Super Eagles font la différence. Les Camerounais ne parviennent pas à réagir et continuent de subir les assauts des Nigérians qui partent trop vite devant pour la charnière Ngadeu-Teikeu. Ondoa fait ce qu’il peut, mais c’est au tour du joueur de Tianjin, le capitaine et métronome de l’équipe, John Obi Mikel de marquer le deuxième but juste avant la mi-temps. Il était à la réception d’un corner obtenu par un des nombreux déboulés de Victor Moses. Le joueur de Chelsea est en grande forme et fait la différence sur chaque accélération. Les Camerounais rentrent aux vestiaires la tête basse.

 

 

Au retour des vestiaires, Hugo Broos tente un coup en faisant rentrer Choupo-Moting en soutien de l’attaquant, ce qui permet à Bassogog de se retrouver dans son couloir favori, à droite. Les 10 premières minutes laissent penser que les Lions vont réagir. Mais sur une contre-attaque parfaitement négociée, Victor Moses tue le match. Un but qui récompense la partie du Blues et qui prouve qu’il n’a pas perdu ses facultés offensives malgré son replacement en latéral droit en club. Les Aigles volent autour d’un Lion sur le point de mourir. La messe est déjà dite alors qu’il reste plus de 35 minutes à jouer. Victor Moses essaie un dernier enroulée lucarne opposée, mais ça atterrit sur le filet. Il est temps pour le coach Gernot de commencer à faire tourner, et préparer le match « retour » de lundi au Cameroun. D’abord c’est le patron Mikel Obi qui sort après un but et une passe. Puis c’est au tour du premier buteur de la soirée Ighalo de laisser sa place à Iheneacho. L’ex Citizen ne tarde pas à se mettre en évidence et s’offre son 7e but en 11 sélections.  Sur une énième action jouée dans le dos de la défense, il conclut de la tête un bon centre d’Onazi. Dans la foulée, Choupo Moting se blesse. Le calice jusqu’à la lie pour les Lions qui devront probablement se passer de lui pour le match de lundi.

Enfin, c’est Ahmed Musa qui rentre à la place de Victor Moses, homme du match. Il est clair que le coach « frallemand » peut compter sur une sacrée profondeur de banc en attaque. Tout en sachant que Alex Iwobi n’est pas présent, tout comme Onyekuru, auteur de 12 buts en Jupiler league l’an passé et recruté cet été par Everton.  Le match se finit tranquillement. Les Nigérians peuvent aller manger le mouton. Malgré deux absences consécutives à la CAN, les Super Eagles risquent fort d’être de la partie en Russie grâce au carton plein dans la phase aller. C’est ce que devront faire les Lions indomptables sur la phase retour s’ils veulent espérer pouvoir y participer.

 

 

Il fallait arriver à l’heure au National Heroes Stadium de Lusaka. Mais depuis l’incroyable épopée des U-20 à la CAN et au mondial, les supporters des Chipolopolo ont pris l’habitude de s’enthousiasmer en venant encourager leur équipe nationale avec beaucoup de ferveur. Rajeunie avec les présences de Fashion Sakala, Patson Daka ou encore Enock Mwepu qu’on ne présente plus aux lecteurs de LO, cette équipe zambienne doit gagner pour continuer à mettre la pression sur le Nigeria vainqueur la veille. Alors les Zambiens mettent le feu d’entrée de jeu. Brian Mwila, l’attaquant de Platinum Stars en Afrique, touche le poteau après une belle tête sur corner. Dans la foulée rebelote, Sakala trouve la tête de Mwila, sauf que cette fois c’est sous la barre, et M’Bolhi ne peut rien faire. On ne joue que la 7e minute de jeu ! Mwila réalise ensuite le doublé à la 20e en étant à l’affût d’une frappe de Daka cafouillée par la défense pour mettre définitivement son équipe sur les bons rails, et permettre au sien d’arriver à la pause avec un avantage de deux buts. Mais si la première mi-temps a été dominée, la victoire se fera dans la souffrance. Les Fennecs reviennent au score grâce à une frappe du gauche de Yacine Brahimi. Dans la foulée, Sakala reçoit un deuxième jaune à la 56e et laisse ses coéquipiers à dix. L’Algérie pousse, le match nul ne sert à rien. Mais les boulets de cuivre ont su résister et parviennent même à mettre un troisième par Mwepu en toute fin de match pour que les supporters se lâchent une dernière fois. One, Two, Tr....L’Algérie n’ira vraisemblablement pas en Russie.

Le National Heroes stadium porte bien son nom, car même s’il sera difficile de rattraper les Nigérians, les Zambiens se donnent le droit de rêver à une qualification à la Coupe du Monde en cas de bons résultats mardi à Constantine. Avec autant de jeunes sur les terrains, si ce n’est pas bon pour la Russie, ce sera pour le Qatar en 2022. Il se passe de très bonnes choses en Zambie depuis de nombreuses années, et ce match n’est que la confirmation de leurs immenses potentiels. C’est une victoire de prestige pour cette jeune génération qui a su construire quelque chose de spécial. Même si les sélectionneurs ont changé depuis le départ de Renard, cela s’est fait dans la continuité avec des locaux qui ont pu bénéficier de ses méthodes. L’Algérie ne sera pas la dernière victime de ces boulets de cuivre bien façonnés, soyez en sûr.

 

 

Groupe C : le Maroc met la pression

L’effet Hervé Renard, le Maroc est en train de le vivre. En accueillant le Mali à Fès, les Lions de l’Atlas n’ont pas fait dans le détail, emmenés par un homme en forme, Hakim Ziyech. Le joueur de l’Ajax a fait la paix avec son sélectionneur, est revenu et s’est offert un doublé participant grandement au carton de la 3e journée, une victoire 6-0 face à un Mali totalement dépassé et réduit à neuf à 25 minutes de la fin.

 

 

La victoire du Maroc contre le Mali mettait alors la pression sur les Ivoiriens qui étaient obligés de l’emporter pour reprendre la tête du groupe, et si possible en marquant plusieurs buts pour pouvoir présenter une différence de but à la hauteur de la sélection du royaume chérifien. Face à eux, les Panthères du Gabon étaient privées de leur star Pierre-Emerick Aubameyang, resté en Allemagne. Tout comme un paquet de spectateurs sont restés chez eux. Preuve que l‘engouement n’a pas pris. Comme si le Gabon savait qu’il est trop petit pour faire la Coupe du monde. Pourtant, le Togo d’Adebayor Sheyi était de la fête en Allemagne. Le Togo... Marc Wilmots présente une équipe plutôt sexy et opte pour un 4-2-3-1, avec Doumbia en pointe, et un trident Gervinho –Kalou - Gradel, qui prend de l’âge mais reste toujours performant avec la sélection. Au milieu, la paire Serri – Kessié doit faire rêver un paquet de clubs européens. En défense Aurier est titulaire malgré son absence de temps de jeu en début de saison. Le match ressemble beaucoup à celui qui a opposé le Nigeria. Rapidement, la Côte d’Ivoire monopolise le ballon et se crée quelques situations intéressantes sans pour autant parvenir à marquer, comme sur la tête de Kalou à la réception d’un corner. Les Gabonais peinent à se rapprocher du but, et encore plus à frapper. Mais rien n’est marqué dans ce premier acte. A la mi-temps, les commentateurs ivoiriens pestent contre le manque de cohérence tactique de leur équipe, et demandent déjà des explications au sélectionneur. Ils devraient pourtant savoir qu’un match dure deux mi-temps. Au retour des vestiaires, le match reprend sur les mêmes bases, sauf que cette fois, les attaquants ivoiriens parviennent à tromper le portier gabonais Bitséki Moto. D’abord par Gradel qui navigue dans la surface, puis par Seydou Doumbia deux fois, sur deux excellents services de Gervinho. L’ancien du CSKA Moscou, qui a signé cet été au Sporting, montre qu’il est une valeur sûre en attaque et le meilleur renard des surfaces sur lequel peuvent s’appuyer les Eléphants. Surtout qu’avec des joueurs comme Gradel ou Gervinho, qui ont du mal à conclure mais créent un nombre incalculable de situations dangereuses, ça peut être utile. Au final, Wilmots tient peut-être son fameux « match référence », avec une domination totale, excepté 5 minutes entre les deux premiers buts, où Denis Bouanga et Evouna n’étaient pas loin de pouvoir égaliser, les deux seules occasions dangereuses gabonaises de toute la rencontre, qui a souffert de l’absence de PEA. Le jeune Boupendza était titulaire en pointe, mais le joueur qui appartient aux Girondins de Bordeaux (prêté cette saison au Pau FC) est encore beaucoup trop tendre pour le niveau international. Evouna a un peu plus d’expérience, mais le joueur de Tianjin Teda prêté à Konyaspor n’a pas été plus dangereux. Le Gabon ne peut pas lutter dans ce groupe sans Aubameyang, qui a condamné son équipe par son absence dans cette double confrontation contre la Côte d’Ivoire. Les Eléphants reprennent la tête du groupe et se mettent dans d’excellentes dispositions avant de recevoir ce même Gabon mardi à Bouaké. Le match entre la Côte d’Ivoire et le Maroc qui se jouera le 6 novembre prend déjà des allures de finale.

 

 

Groupe D : Tout est possible

Après le scandale du match perdu en Afrique du Sud et la suspension de l’arbitre ghanéen Joseph Lemptey, le Sénégal avait l’occasion de se remettre à en cas de victoire contre les Etalons du Burkina. La défaite de l’Afrique du Sud au Cap-Vert permet aux Lions de la Teranga de pouvoir envisager de pointer en tête du groupe à la fin des matchs aller. C’est pourtant dans un stade Leopold Sédar Sanghor qui est très loin d’avoir fait le plein, que le Sadio Mané, Ismaila Sarr, Moussa Sow, MBodji ou encore Younousse Sankharé se présentent sur le terrain. Le néo-monégasque Keita Baldé est sur le banc. En face, le onze est classique est dans la continuité de la dernière CAN plutôt bien réussi par les Etalons. Les frères Traoré sont titulaires, tout comme Préjuce Nakoulma et l’indéboulonnable capitaine Charles Kaboré. Mais la première mi-temps n’est pas pour les joueurs de champs. C’est d’abord le gardien du LOSC Koffi qui est à la parade pour repousser la belle reprise de volé de Ismaila Sarr à la 7e minute de jeu. Alors que les coups de pied arrêtés se succèdent, Alain Traoré en profite pour montrer que sa patte gauche est toujours aussi efficace malgré l’âge. Il enroule une belle frappe au second poteau bien sortie par Khadim N’Diaye. Le gardien du Horoya AC de Conakry en Guinée sauve de nouveaux les siens quelques minutes plus tard en s’opposant du pied face à Nakoulma à la conclusion d’un 3 vs 2.

Dans la foulée c’est Moussa Sow qui est bien lancé par Sankharé dans l’axe, mais Koffi est à la parade. Sadio Mané est la clé du match côté sénégalais. Le Reds touche beaucoup de ballons, mais sa liberté sur le terrain le pousse à se glisser au cœur du jeu et ainsi d’avoir beaucoup de co-équipiers devant lui. Et il est loin d’être aussi efficace que dans son couloir gauche à Anfield. Au retour des vestiaires, le Sénégal monopolise la balle sans être dangereux. Il faut attendre de voir Keita Baldé se rapprocher du 4e arbitre pour provoquer enfin des clameurs dans le public. L’attaquant formé au Barça a 25 minutes pour faire la différence et répondre aux attentes du public. Ce n’est pas vraiment ça qui se passe... Kalilou Koulibaly récolte un deuxième carton jaune stupide avec une main alors qu’il est au sol et abandonne ses coéquipiers. Il manquera aussi le match déjà décisif de mardi, la double peine. C’était le dernier fait de jeu d’un match qui s’est complétement éteint en deuxième période. Paolo Duarte a bien tenté de faire rentrer le talisman Aristide Bancé pour les 5 dernières minutes, en vain. Les Sénégalais ne sont pas parvenus à se créer des occasions dans le jeu. Pas de chance, ils ont en plus mal négocié l’ensemble de leurs coups francs obtenus par Sadio Mané. Avec autant de déchet dans un registre aussi important, ils se sont tirés une balle dans le pied dans un match dans lequel les Etalons n’allaient pas trop se livrer à l’attaque.... Tout le monde le savait...

Groupe E : L’Ouganda s’installe, le Ghana rate le coche

Avec le nul du Ghana sur ses installations contre les Diables Rouges du Congo, les Ougandais se retrouvent leader de la poule avant de se déplacer à Alexandrie mardi. Le Ghana est bien mal embarqué et c’est l’Egypte qui pourrait en profiter. A condition de bien négocier les deux prochains matchs à domicile, contre l’Ouganda et le Congo qui n’a pris qu’un seul point sur la phase aller. Pour prendre les commandes, les Grues de l’Ouganda ont pris le dessus sur l’Egypte dans une partie où ils ont su se créer plusieurs occasions sans pour autant mettre véritablement à défaut le quadragénaire El Hadary. C’est à la 51e minute qu’Okwi parvient à trouver le cadre pour inscrire le seul but du match. Après ça, l’Egypte a tout essayé, mais ni Trézéguet, ni Salah ne sont parvenus à tromper Onyango.

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.