Final sous haute tension en Amérique du Sud. Alors que l’Uruguay préparait sa fête, cinq pays retenaient leur souffle et gardaient l’espoir de décrocher un ticket mondial. Et un géant est tombé.

Asunción, Lima, São Paulo, Quito. Il fallait parcourir l’ensemble de l’Amérique du Sud pour ne rien manquer de la dernière soirée des éliminatoires, celle qui décidait de tout, celle qui allait remettre en question ou non une campagne 2018 absolument titanesque niveau suspense. Au coup d’envoi, bien malin était celui qui allait pouvoir prédire qui du Chili, de la Colombie, du Pérou, de l’Argentine et du Paraguay (dans l’ordre du classement au coup d’envoi) allait valider son billet pour la Russie.

Il ne fallait que quarante petites secondes pour que la soirée soit lancée. Le temps pour La Tuka Ordóñez de s’amuser à coup de une-deux de la tête avec Romario Ibarra qui crucifiait alors Sergio Romero. 40 secondes et l’Argentine était déjà au tapis, elle qui n’aimait pas voyager à Quito. On voyait alors l’Albiceleste peiner à encaisser le coup sur la tête, on l’imaginait alors s’effondrer comme un vulgaire château de cartes. La chance de l’Argentine, c’est qu’à défaut de collectif, à défaut d’équipe, elle peut compter sur un homme capable d’écrire l’histoire à lui seul : Lionel Messi. Qu’importe que son équipe soit totalement déséquilibrée, que sa défense ne donne aucune garantie, qu’offensivement ça ne fonctionne pas, une fois le ballon au pied, une fois décidé à changer le court des choses, Leo peut tout réécrire à sa guise et personne ne peut l’en empêcher, les adversaires ne devenant que de simples spectateurs de sa démesure. Il lançait Ángel Di María et se retrouvait au centre du parisien pour égaliser à la 12e, il fonçait plein axe trois minutes plus tard pour forcer Banguera à une parade peu académique mais salvatrice, il chipait le ballon à Aimar pour nettoyer la lucarne du portier de Barcelona à la 20e. En moins de 10 minutes, le 10 argentin avait retourné le match. L’Argentine était redevenue maîtresse de son destin.

Pendant ce temps à Lima, la tension est palpable dans les rangs des deux équipes. La Colombie était mieux entrée dans le match, sa double ligne bloquant parfaitement toute velléité des André Carrillo, Christian Cueva et Edison Flores, isolant ainsi totalement Paolo Guerrero et permettant surtout aux contres d’être menés, conduits par un James en grande forme et s’appuyant sur un trio Cuadrado – Falcao – Zapata qui pesait sur la défense. Reste qu’en termes d’occasions, tout cela ne se traduisait pas et le match paraissait bien fermé. Fermé, il l’était tout autant à Asunción. La faute à des Paraguayens manquant de justesse et d’idées dans leur jeu et passant leur temps à abuser de longs ballons pour tenter de prendre le meilleur sur une équipe vénézuélienne bien différente de celle que les Guaraníes avaient joué en ouverture de la campagne. Conséquence à la pause, Paraguay et Venezuela étaient encore dos à dos, les hommes de Chiqui Arce restaient maîtres de leur destin mais devaient pour cela appuyer sur l’accélérateur.

Pendant ce temps à l’Allianz Parque de São Paulo, Juan Antonio Pizzi avait dû modifier ses plans au dernier moment, el Gato Silva blessé, le sélectionneur de la Roja optait pour José Pedro Fuenzalida, armant ainsi un 4-2-3-1 destiné à bloquer les couloirs en doublant les postes, Mauricio Isla et Chapita à droite, Beausejour et Alexis Sánchez à gauche. L’affaire a en partie fonctionné en première période même si le duo Neymar - Gabriel Jesus faisait chauffer les gants de Bravo mais le souci était que le Chili n’était que trop peu dangereux, Tite ayant parfaitement enfermé el Mago Valdivia isolant le duo Sánchez – Vargas. À la pause, la belle affaire était pour l’Argentine et la Colombie, le Chili résistait, le Pérou était éliminé.

 

 

À Lima, le début de seconde période était à l’avantage des Cafeteros qui allaient poursuivre sur leur lancée du premier acte mais être plus tranchants. On jouait à peine depuis 10 minutes lorsque James récupérait un ballon dévié par Zapata et moyennement contrôlé pour Falcao et ouvrait le score, glaçant le Nacional de Lima. On était entré dans la dernière ligne droite, celle de toutes les folies. Car au même moment à São Paulo, le Chili, qui avait perdu son Principe à la pause, sombrait. Paulinho au rebond d’un coup franc lointain de Dani Alves puis Gabriel Jesus, servi par Neymar, pliaient l’affaire en deux minutes. Le 0-2 du Chili offrait une porte de sortie au Pérou, il lui suffisait d’un petit but pour reprendre une place de barragiste. Pendant ce temps, Leo Messi envoyait seul son Argentine en Russie au terme d’un nouveau déboulé solitaire, l’affaire était entendue pour l’Albiceleste, le naufrage était évité. Ne restaient ainsi que deux places, les regards oscillaient entre Lima, São Paulo et Asunción.

Au Defensores del Chaco, le Paraguay cherchait désespérément son jeu, voulait s’en remettre à un miracle, Arce lançant Cardozo et Bareiro mais n’y arrivait pas, et n’y arriverait pas. À Lima, la pression péruvienne s’accentuait. Gareca avait lancé Yordy Reyna et Raúl Ruidíaz, José Pekerman décidait de ne pas reproduire l’erreur de Barranquilla et entendait fermer boutique en sortant Zapata pour renforcer son milieu avec Wilmar Barrios. À peine trois minutes après l’entrée du milieu de Boca, le Nacional allait s’embraser. Un coup franc indirect accordé à sa Blanquirroja allait tout changer lorsque Paolo Guerrero décidait de le tirer directement et que David Ospina, peu inspiré, le touchait avant qu’il ne rentre. Fabuleux football qui aime cacher ses émotions dans le plus infime des détails, cette erreur du portier colombien allait tout changer, elle replaçait le Pérou en barrages, les deux équipes pouvaient alors tendre une oreille vers Asunción pour voir comment agir. La nouvelle du but de Yangel Herrera à la 85e minute en faveur du Venezuela, qui anéantissait tout espoir au Paraguay à moins d’un nouveau miracle, se répandait. Pérou et Colombie décidaient de ne plus jouer, ne plus prendre aucun risque. Les minutes s’égrenaient. À São Paulo, le Chili cherchait désespérément à réduire l’écart, un but le sauvant en lui redonnant la cinquième place. Puch et Paredes étaient entrés, la Roja poussait et sur un dernier corner, Bravo, monté pour un miracle, ne pouvait que courir dans le vide, incapable de rattraper un Gabriel Jesus parti marquer dans le but vide. Triste symbole d’un Chili roi des Amériques incapable de revenir sur un Brésil de retour au sommet, triste symbole de la fin d’une ère pour la Roja, celle de sa génération des premiers titrés de l’histoire. Car le coup de sifflet final retentissait dans l’Allianz Parque, laissant Pizzi et ses hommes privés d’un Mondial à la dernière journée, privés d’un Mondial par leurs actes manqués sur le terrain (la déroute du Monumental face au Paraguay notamment), privés d’un Mondial de leur propre chef, l’affaire Cabrera ayant relancé et ainsi qualifié le pire ennemi, le Pérou.

 

 

Le verdict est donc tombé sur la zone CONMEBOL, les quatre qualifiés directs sont connus ainsi que le barragiste. Le quatrième direct ? L’Uruguay. Loin de tout cette folie, la Celeste s’offrait un luxe qu’elle n’avait jamais connu depuis que l’Amérique du Sud élimine après une poule unique, la possibilité de se qualifier directement chez lui dans son Centenario. Pour l’occasion, le maestro Tabárez avait décidé d’offrir au peuple uruguayen son futur en alignant Federico Valverde, Rodrigo Bentancur et Giorgian De Arrascaeta au milieu, un trio qui semble destiné à prendre les rênes de l’équipes d’ici Qatar 2022. Alors l’Uruguay a déroulé, se procurant de nombreuses situations avant de se faire prendre sur une action qui n’en était pas vraiment une, Godín dégageant sur Silva pour offrir un improbable 1-0 à la Verde. Cela n’allait évidemment durer qu’un temps, l’Uruguay allait retourner le match en deux minutes avant la pause par Caceres et Cavani, meilleur buteur des éliminatoires. Ne restait alors plus qu’à dérouler, Suárez s’offrait un doublé en deuxième période, Godín marquait à son tour contre son camp mais l’Uruguay assurait sans trembler une qualification parfaitement acquise.

Les résumés

Résultats

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Classement final

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.