Dernière session de l’Hexagonal final de la CONCACAF. En position de force, les USA n’avaient besoin que d’un point face à l’éliminé Trinidad y Tobago pour s’assurer un billet pour la Russie. Panamá et Honduras semblaient condamnés pour jouer une place de barragiste.

Le football a ses raisons que la raison ignore. Comment était-il possible de prédire l’incroyable nuit nord-américaine qui est venue clore l’Hexagonal final des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 ? Le plus torturé des scénaristes aurait livré une telle histoire, elle aurait été classée au rayon des improbables.

Trois jours après avoir balayé Panamá, Team USA se rendait ainsi à Trinidad y Tobago avec le sentiment d’avoir fait le plus dur, de n’avoir qu’à franchir une porte grande ouverte. Le souci, c’est que le comportement des Américains a passablement irrité les Socca Warriors comme l’expliquera Stern John après la rencontre « ils ont été irrespectueux envers nous. » Difficile de l’affirmer, il n’en demeure pas moins que le staff de TyT s’en est sans aucun doute servi pour préparer un match qui ne devait compter que pour du beurre. Car la première mi-temps des Socca Warriors a été folle. Alors que le début de match était pauvre en occasions, Jozy Altidore se procurant la seule véritable situation du premier quart d’heure, Omar González se retrouvait piégé par un centre venu de la droite signé Alvin Jones et trompait Tim Howard. Dans la minute suivante, le défenseur central américain était limite sur Garcia, Team USA peinait pendant une bonne dizaine de minutes, s’exposant au jeu vertical des locaux. Incapables de réagir, les hommes de Bruce Arena craquaient une deuxième fois sur une frappe longue distance signée Alvin Jones. 37 minutes de jeu, TyT menait 2-0, la stupeur était totale. D’autant que les meilleures occasions étaient pour les hommes de Dennis Lawrence. Au retour des vestiaires, l’heure de la révolte semblait avoir sonné. Pulisic réduisait l’écart dès la deuxième minute, on s’attendait alors à une marée américaine. Sauf qu’on aura eu d’abord de multiples situations en faveur de Trinidad y Tobago, souvent des pieds de Winchester ou de Hyland, qui exploitaient à merveille les espaces béants laissés derrière par Team USA. Les réponses américaines ? Une frappe de Dempsey à 20 minutes de la fin et bien claquée par Foncette, une autre à l’entrée du dernier quart d’heure qui venait s’écraser sur le poteau, une tête de Wood en toute fin de rencontre sortie sur la ligne par le portier trinidadien et c’était tout. Les cinq minutes d’arrêt de jeu n’y changeaient rien, Team USA tombait à Trinidad y Tobago.

Tout cela aurait pu rester sans réelle incidence si Honduras et Panamá avaient été contrôlés respectivement par le Mexique et par le Costa Rica, les deux qualifiés au coup d’envoi. À San Pedro Sula, la première banderille plantée l’a été par la H de Jorge Luis Pinto lorsque Maynor Figueroa poussait Memo Ochoa à une parade exceptionnelle sur coup franc. Animé autour d’un 3-1-4-2 assez offensif, le Tri semblait contrôler la partie et ouvrait le score grâce à l’inévitable Oribe Peralta, oublié dans la surface à la fin du premier quart d’heure. Les Catrachos avaient du mal à encaisser le coup, ils allaient rebondir. Quioto avait allumé longue distance quelques instants après l’ouverture du score mais c’est de la tête d’Alberth Elis que l’égalisation arrivait après la demi-heure, redonnant l’espoir à tout un peuple. Un court instant seulement, celui pour Vela de redonner l’avantage aux siens. À la pause, le Mexique virait en tête. Sans doute informés des autres résultats, les Honduriens allaient se libérer en seconde période. Quioto était servi plein axe et égalisait en une bande (transversale – tête d’Ochoa). Sept minutes plus tard, le joueur du Dynamo remettait cela d’une superbe frappe en pivot à l’entrée de la surface. À ce moment, le Honduras doublait les USA et Panamá. Il fallait alors tenir 30 minutes. La H faisait mieux que ça. Elis frôlait la transversale d’Ochoa, Hernández ratait son contrôle alors qu’il était servi seul face à Ochoa, le Honduras tenait sa proie et faisait tomber le Mexique.

Restait donc à savoir si cette victoire signifierait qualification directe ou barrage intercontinental.  Pour cela, tout dépendait de Panamá. Dans un Rommel Fernández surchauffé, les Canaleros d’ Hernán Darío Gómez voulaient d’abord se racheter de la débâcle d’Orlando et surtout savaient qu’une victoire leur assurait au minimum un match de barrage. Mais l’adversaire du soir n’était pas du genre à se laisser faire. Malgré les absences de Keylor Navas, de Bryan Oviedo, de Cristian Gamboa et du héros de la qualification Kendall Waston, les Ticos restaient un danger et cherchait à prendre le contrôle de la partie, profitant d’un adverse qui semblait tétanisé par l’enjeu. C’est ainsi qu’après quelques alertes sur les buts de Penedo, Johan Venegas ouvrait logiquement le score en fin de première période et permettait aux Ticos de virer en tête à la pause. Le Rommel Fernández semblait KO. Au retour des vestiaires, tout allait changer. Panamá se libérait quelque peu et se lançait alors à l’attaque, bien aidé par la polémique de la soirée, le but validé en faveur de Blas Pérez alors que le ballon n’avait pas franchi la ligne du but de Pemberton. Dès lors, Panamá savait qu’il ne lui manquait qu’un but pour se qualifier directement, connaissant le résultat de Trinidad y Tobago. Luis Tejada et Blas Pérez allaient avoir quelques situations mais les minutes passaient et le but ne venait pas, l’anxiété gagnait les rangs du peuple Canalero. Jusqu’à la 88e minute, celle qui restera à jamais dans l’histoire du football panaméen, celle où Román Torres devenait avant-centre d’un soir (allez donc savoir ce qu’il faisait là) et livrait tout un pays à une explosion de joie d’une intensité rare.

Panamá s’impose sur le fil et, pour la première fois de son histoire, disputera une phase finale d’une Coupe du Monde. Adjoint de Maturana en 1990 et 1994, sélectionneur de la Colombie en 1998, de l’Equateur en 2002 (pour sa première), Hernán Darío Gómez vivra une cinquième phase finale. La fête promettait d’être immense, le président Juan Carlos Varela a décrété ce 11 octobre jour férié, au-delà de l’exploit historique, la qualification de Panamá vient récompenser trois années de travail du coach colombien, trois années au cours desquelles les Canaleros n’ont jamais cessé de progresser.

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.