Les amicaux de mars sont les dernières répétitions avant le stage pré-Coupe du Monde. La dernière opportunité de jauger les joueurs et observer les points à améliorer pour les équipes. Pour le Japon et la Corée du Sud, la situation n'est pas critique mais presque à moins de trois mois du mondial.

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Corée du Sud : sérieux problèmes en défense

Commençons par l'équipe qui ne présente qu'un seul secteur à améliorer, la Corée du Sud. Avec deux défaites en deux matchs face à l'Irlande du Nord (2-1) et la Pologne (3-2), on pourrait penser qu'absolument tout va mal pour les Guerriers Taeguk. Et bien non. Le gros point noir de ces deux matchs reste la défense, encore et toujours. Comme une rengaine depuis maintenant trois ans, la Corée du Sud ne sait pas défendre. Placement approximatif, fautes grossières, erreur de marquage, imprécisions techniques, manque d'agressivité, bourdes... tout y est. Cinq défenseurs, quatre ou même trois, la formule a beau changer, rien n'y fait, les maux restent les mêmes.

Face à l'Irlande du Nord, le match était entre les mains des Sud-Coréens qui contrôlaient le ballon et se créaient des occasions, mais qui n'arrivaient pas à mettre en défaut une défense adverse très solide. On ne peut pas en dire autant du côté des hommes de Shin Tae-yong. Le premier but vient d'une erreur de relance de Jang Hyun-soo (plein axe) suivi d'une faute du jeune Kim Min-jae. Le coup franc qui suit met en avant toute la naïveté d'une défense en grande difficulté : une combinaison d'entraînement obligeant ce même Kim Min-jae à pousser le ballon au fond. Le but victorieux des Nord-Irlandais en fin de rencontre vient d'un manque d'agressivité de Kim Min-jae, il est vrai pas aidé par un Jang Hyun-soo incapable de gagner le moindre ballon aérien de la partie (si seulement ce n'était que sur ce match...). Face à la Pologne, adversaire bien plus fort, Shin Tae-yong avait lâché son 4-4-2 pour un 3-4-3 (5-4-1 en phase défensive) qui a fait exploser l'équipe sud-coréenne, donc la défense. Hong Jeong-ho, qui jouait sa place au mondial, venait épauler Jang Hyun-soo et Kim Min-jae dans l'axe. Le premier but de Robert Lewandowski est un gag : pourtant seul face à trois défenseurs, l'attaquant polonais parvient à prendre le ballon de la tête. Manque de communication, marquage approximatif et perte du duel aérien... comme on se retrouve. Repassée en 4-4-2 avec la sortie de Kim Min-jae à la 38e minute, la Corée du Sud aura tenu sept minutes avant de se prendre un second but. Cette fois la paire Hong Jeong-ho – Jang Hyun-soo passe pour des amateurs. Le second se fait prendre par une feinte alors que le premier rate son dégagement. Bien que revenu au score en toute fin de match, la Corée du Sud perd le match sur une frappe superbe de Sielinksi mais celle-ci arrive après que Park joo-ho se fasse méchamment bouger dans la surface et que Yun Young-sun (venu remplacer Hong Jeong-ho) lâche totalement son marquage, laissant le pauvre Jung Woo-young se relever pour essayer de contrer la frappe. On ne mentionnera pas que Lee Yong a pris un bouillon monstre pendant ses quarante-cinq minutes de présence sur son aile droite.

Vous l'aurez donc compris, les erreurs sont nombreuses et coutent les matchs aux Sud-Coréens. Pire, rien ne semble pouvoir améliorer les choses. Changer de tactique ? Certainement pas ! Le 4-4-2 reste la meilleure formation pour que la Corée du Sud puisse développer un jeu offensif. En 3-4-3, Lee Jae-Sung et Kwon Chang-hoon sont trop sollicités sur les ailes alors qu'ils ne sont pas de vrais ailiers et Son Heung-min, unique vrai ailier de la sélection, est isolé en pointe et n'a aucun espace. En 4-4-2 avec Hwang Hee-chan (et non pas avec Kim Shin-wook qui n'a aucun impact dès que l'on quitte l'Asie), Son Heung-min profite des espaces créés par son jeune partenaire alors que Lee Jae-sung et Kwon Chang-hoon ont plus l'occasion de repiquer dans l'axe pendant que Son Heung-min occupe un côté, avec toujours un joueur devant eux, le véritable n°9. Bref, offensivement le 4-4-2 est la meilleure solution. À condition que Ki Sung-yueng soit dans un bon jour, première rampe de lancement ô combien importante pour cette équipe au niveau international et que Shin Tae-yong le comprenne aussi, lui qui a tendance à se mettre tout seul en difficulté face à des adversaires qu'il juge supérieur. Vu le groupe de la Corée du Sud au mondial, si Shin Tae-yong compte aligner son 3-4-3, autant ne pas faire le déplacement. D'autant plus que lorsque la Corée du Sud a battu la Colombie, elle était alors en 4-4-2.

Reste que défensivement, que ce soit le 3-4-3 ou le 4-4-2 rien ne change. Il faudrait donc changer les hommes ? Le problème est que le vivier est pauvre et beaucoup sont déjà passés par là sans donner satisfaction. Sur l'aile gauche : Kim Jin-su, le meilleur latéral du pays devrait être titulaire, mais il est surtout tourné vers l'offensive et présente quelques carences défensives. Les autres joueurs ont le même profil que ce soit Kim Min-woo, Hong Chul ou bien Park Joo-ho (qui nous en a fait démonstration face à la Pologne mais qui peut très bien évoluer au milieu comme en club et lors du premier match amical). Sur le flanc droit : Lee Yong n'est pas bon et derrière seul Choi Chul-soon est une solution viable. Mais c'est une solution par défaut pour un joueur qui fait le travail sans plus que ce soit offensivement ou défensivement. Go Yo-han, appelé récemment et actuellement sur le flanc pour blessure, et Kim Tae-hwan ne sont pas du tout des options sérieuses. Là aussi c'est fragile. Dans l'axe, Kim Min-jae malgré toutes les belles promesses qu'il laisse entrevoir, n'a pas encore l'expérience nécessaire du très haut niveau et fait des fautes de jeunesse (une saison pro à 21 ans, c’est encore léger). Jang Hyun-soo enchaîne les bourdes, Hong Jeong-ho a été décevant alors qu'il jouait sa place, Yun Young-sun n'a clairement pas le niveau, Kim Joo-young a réussi l'exploit de mettre deux buts contre son camp face à la Russie, Kim Young-gwon n'a pas donné satisfaction et s'est mis à dos le sélectionneur et le public. Enfin Kwon Kyung-won et Jung Seung-hyeon n'ont pas non plus marqué des points lors de leurs sélections. Bref, personne ne s'est imposé. Faire appel à de nouveaux visages ? Pourquoi pas. Qui ? Bonne question. Parmi les centraux des grands clubs sud-coréens seul Koo Ja-ryong et à la limite Oh Ban-suk mériteraient d'être vus. On pourrait aussi imaginer que Shin Tae-yong arrête de changer ses associations, lui qui passe son temps à modifier ses axiaux. Le chantier est énorme et semble impossible à résoudre, du moins pas d'ici la Coupe du Monde, où la Corée du Sud s'attend à subir plutôt que de dominer. Même si elle s’est prévu encore quatre matchs amicaux d’ici là.

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Japon : voyage au bout de l'ennui

Corrigé à domicile par la Corée du Sud en décembre dernier (1-4), le Japon devait profiter de ses matchs de mars pour se rassurer grâce au renfort de ses « Européens ». Perdu. Un match nul insipide face au Mali (1-1) et une défaite après une prestation catastrophique face à l'Ukraine (1-2) plongent encore un peu plus les Samurai Blue dans le doute. Ce qui inquiète surtout c'est le manque de jeu proposé par la bande à Vahid Halilhodžić. Une défense fébrile, aucune inspiration, aucune folie, aucun mouvement, aucune vitesse, un jeu stéréotypé, ennuie... On reste sur la même ligné que la Coupe d'Asie de l'Est : tout doit être amélioré pour espérer faire quelque chose en Russie.

Une nouvelle fois, les absents ont marqué des points, on pense ici à Hiroki Sakai et Maya Yoshida en défense (même si Tomoaki Makino et Gen Shoji n'ont pas été ridicules), Shinji Kagawa et Takashi Inui au milieu et Shinji Okazaki en attaque. Les appelés ont en revanche perdu des points comme Gotoku Sakai, Tomoya Ugajin, Kenyu Sugimoto ou encore Yu Kobayashi. Seul Shoya Nakajima, qui a très peu joué, a montré de belles choses avec en prime son premier but en sélection. On ne sait vraiment pas comment le Japon pourrait s'améliorer d'ici la Coupe du Monde, il lui reste pour cela trois occasions de corriger le tir. Mais Vahid Halilhodžić ne semble pas être en mesure de relancer son équipe, lui qui, quoi qu’il arrive, partira après le mondial.

Baptiste Mourigal
Baptiste Mourigal
Rédacteur Asie, spécialisé Corée du Sud (K League, KFA) à suivre sur @KleagueFR