Le Brésil a assumé son statut de l’un des favoris de cette Coupe du monde avec deux victoires, l’une face au pays organisateur et l’autre face au champion du monde en titre, quatre ans après l’humiliation reçue au Mineirão.

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Deux matchs, deux victoires, zéro but encaissé et un traumatisme affronté

Le Brésil a déjà pris ses marques avec la Russie et le stade Loujniki, qui accueillera la finale de la Coupe du monde 2018. Face au pays organisateur, le Brésil a attendu la seconde période pour dessiner son succès. Après une première mi-temps où elle a contrôlé le jeu tout en concédant quelques occasions, la Seleção a ensuite accéléré lors du second acte, laissant définitivement la Russie sur place. Dès le début de la seconde période, Miranda ouvre le score en opportuniste après une tête de Thiago Silva repoussée par Akinfeev. Paulinho, qui venait de rater un but tout fait, provoque ensuite un penalty, transformé tranquillement par Philippe Coutinho. Le troisième but de la Seleção en l’espace de treize minutes est inscrit de la tête par Paulinho, à la réception d’un centre de Willian, déjà auteur du centre sur le premier but auriverde. Paulinho marque son douzième but avec la Seleção (meilleure performance de l’histoire pour un milieu défensif brésilien) et son onzième but de la saison ! Le Brésil s’impose donc 3-0 avec une prestation solide, de quoi rendre satisfait Tite, qui insiste sur les occasions que le Brésil s’est procurées (23 tirs, 14 tirs cadrés).

L’adversaire suivant était d’un autre calibre, le champion du monde allemand, qui n’a plus perdu depuis la demi-finale de l’Euro 2016, face à la France. Le 7-1 était encore dans toutes les têtes, et si aucun n’osera parler de revanche, il semblait important de faire face à ses démons avant le début du Mondial, comme le soulignait Tite. « Le 7-1 est le dernier match et c’est naturel de savoir que nous allons affronter l’Allemagne à Berlin, qui a été championne du monde, qui nous a battus 7-1 et que ce moment appartient au passé. Nous sommes dans une période de construction et ce sera important émotionnellement. » Tite conservait quasiment l’équipe alignée face à la Russie, seul Fernandinho faisait son entrée dans le onze de départ au détriment de Douglas Costa, permettant à Coutinho de monter d’un cran. Le Brésil aura eu besoin de dix minutes pour chasser les doutes dans sa tête, avant de dominer une équipe allemande remaniée après sa solide prestation face à l’Espagne. La Seleção a globalement dominé les débats, même si la possession a été en faveur de l’Allemagne. Avec un pressing organisé, un joueur sortant toujours mettre la pression sur l’adversaire ayant le ballon, le Brésil a parfaitement su limiter l’influence de Toni Kroos et a su faire le dos rond lorsque c’était nécessaire. À la récupération, le Brésil se projette rapidement vers l’avant, en utilisant ses latéraux et ailiers pour écarter le jeu. Le Brésil est aussi capable de conserver le ballon sans se précipiter et l’ouverture du score de Gabriel Jesus en fin de première mi-temps est arrivée logiquement après une première alerte de ce même Gabriel Jesus. La Seleção n’a pas su en revanche se mettre à l’abri en marquant un deuxième but et aurait pu permettre à l’Allemagne de revenir en fin de match. La victoire a cependant de quoi rassurer Tite à la fin du match. « Le fantasme (du 7-1) est réel. J’ai même senti une certaine gêne de la part des journalistes au moment de parler du match précédent, c’était étouffant. Ça restera dans l’histoire, pour la vie, et ce n’est pas parce qu’on a gagné aujourd’hui qu’on ne va plus en parler. Ils le méritaient, comme nous le méritons aujourd’hui, même si c’est un autre contexte, dans un match amical. »

Des certitudes et quelques doutes

Ces deux matchs amicaux avaient pour but de découvrir la Russie et faire face au traumatisme de 2014. Pour la première fois depuis son arrivée sur le banc de la Seleção, Tite a battu un adversaire européen (le seul match face à une sélection européenne, l’Angleterre, s’était achevé sur un 0-0 en novembre 2017). Ces deux matchs permettaient de voir également s’il existait une Neymar-dépendance après son forfait suite à sa blessure avec le Paris SG. Si la capacité de Neymar à accélérer au milieu des défenses adverses a parfois manqué, le Brésil a su afficher un visage convaincant sans son maître à jouer, son absence n’étant finalement pas si remarquée. Il faut dire que le Brésil a du talent sur les postes offensifs, avec Coutinho qui peut diriger le jeu de la Seleção et des joueurs comme Douglas Costa et Willian sur les ailes. Roberto Firmino a peu joué (25 minutes contre la Russie) mais il sera une alternative crédible à Gabriel Jesus, qui a confirmé une nouvelle fois qu’il pouvait être l’attaquant star de la Coupe du monde.

Rappelons que Tite a annoncé dès le mois de février seize joueurs assurés d’avoir leur place en juin prochain : Alisson, Ederson, Dani Alves, Marcelo, Miranda, Marquinhos, Thiago Silva, Casemiro, Fernandinho, Paulinho, Renato Augusto, Coutinho, Willian, Neymar, Gabriel Jesus, Roberto Firmino. Un coup d’œil sur la composition du premier match de l’ère Tite, le 1er septembre 2016 lors d’une victoire 3-0 face à l’Équateur, permet de constater que ce groupe est défini depuis le début de l’opération reconquête : Alisson, Dani Alves, Marquinhos, Miranda, Marcelo, Casemiro, Paulinho, Renato Augusto, Willian, Neymar, Gabriel Jesus.

Pour la Coupe du monde 2018, Alisson est confirmé comme gardien titulaire puisqu’il était même capitaine face à la Russie. Les latéraux sont indéboulonnables (Dani Alves et Marcelo) et l’interrogation se posera sur le suppléant de Marcelo (Filipe Luís et Alex Sandro) alors qu’à droite Fagner semble avoir un temps d’avance sur Danilo. En défense centrale, la double prestation de Thiago Silva lors de ces matchs amicaux a fait remonter sa cote et il pourrait disputer une place de titulaire aux côtés de Miranda avec son coéquipier du Paris SG, Marquinhos. Enfin, le quatrième défenseur central pourrait être Geromel, vainqueur de la Copa Libertadores avec Grêmio, et qui s’est attiré les louanges de Tite.

Au milieu de terrain, Renato Augusto, cadre du schéma de Tite, est sorti du onze de départ. Fernandinho pourrait débuter aux côtés de Casemiro et Paulinho, même si Coutinho peut également jouer à ce poste afin d’aligner une équipe plus offensive. Derrière, le milieu du Shakthar Donetsk, Fred, même s’il n’a pas joué lors des deux matchs amicaux, a semble-t-il marqué des points auprès de Tite, qui a souligné qu’il n’était pas nécessaire de jouer pour être sélectionné. Philippe Coutinho et Willian devraient se battre pour le dernier ticket offensif restant, aux côtés de Neymar et Gabriel Jesus. Soulignons également que les nouveaux appelés dans la liste de Tite (Willian José, Talisca, Neto) ne sont pas entrés en jeu et que tout reste à faire pour les derniers billets en Russie.

Le Brésil s’est donc rassuré, dans le jeu et dans la tête, avec ces deux matchs amicaux et il lui reste deux autres amicaux avant la Coupe du monde, à nouveau contre deux équipes européennes (Croatie et Autriche) pour se préparer au mieux face aux équipes du groupe E (Suisse, Serbie, Costa Rica) de cette Coupe du monde 2018. Rumo ao hexa !

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.