La Celeste est une navette spatiale lancée à toute berzingue. Elle a l'air de rien comme ça, dans le vide, flottante, mais tout est calculé depuis de longues années pour arriver sans coup férir au Graal ultime, la cinquième étoile.

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Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer.

Le Maestro Tabárez a révolutionné le système de gestion du football uruguayen. Pas techniquement, son football n'est en rien exceptionnel, il n’a pas non plus utilisé de drone, il n’a pas une aura de génie, il n’est pas fou. Il a juste expliqué qu’un joueur doit faire partie de l’équipe « Uruguay », que des premières sélections des U20 jusqu’à l’équipe A, c’est le même maillot, le même centre d’entraînement, les mêmes exigences, les mêmes posters de champions du monde de 1930 et 1950 qui tapissent les murs de la cantine. Cela veut dire qu’un jeune doit être irréprochable dans son attitude, et qu’un vétéran doit aussi porter les sacs à l’entraînement. Cela veut aussi dire qu’un groupe doit faire face ensemble à la défaite, ou qu’un jeune qui fait six bons mois doit attendre avant d’être appelé. Sa fidélité et sa régularité dans le temps ont peu d’équivalence. La stabilité, il l’a gagné sur le terrain. L’Uruguay a connu sept entraîneurs en huit ans avant le Maestro, aujourd’hui à la tête de la Celeste depuis 12 ans. C’est peut-être un détail pour vous, mais cela veut quand même dire beaucoup. Il en profité pour construire son équipe à sa main, avec ses joueurs, dont beaucoup viennent des classes de jeunes et éclosent comme des roses au printemps.

Aujourd’hui, à plus de deux mois du premier match contre l’Égypte, on connaît déjà presque intégralement la liste des 23. Aucun suspense, hormis les blessures de dernière minute. Dans le onze, on retrouvera Muslera, Godín, Gimenez, Cáceres et éventuellement Varela, au milieu Bentancur, Vecino, Nández et De Arrascaeta, puis Cavani et Suárez en attaque. On connaît aussi les variantes, Cáceres blessé serait remplacé par Laxalt ou Silva, un défenseur central serait remplacé par Coates. Le milieu peut basculer en milieu à plat avec Cebolla côté gauche en remplacement de De Arrascaeta. L’attaque est inamovible, sauf blessure. Auquel cas, Stuani est la première option, Maxi Gómez la deuxième.  

Il ne reste plus qu’un ou deux postes au milieu à définir, à voir si Valverde se remet de sa blessure ou s’il est supplanté dans l’effectif par Torreira. A voir également qui de Lodeiro ou de Gaston Ramirez prend la dernière place de milieu offensif. On connaît même les variantes des variantes. Si des postes de latéraux défensifs se libèrent, Fucile avec son expérience et sa double casquette serait appelé. En attaque, un poste libre serait pris par Rolán, voire par Abel Hernández, en fonction des états de santé de chacun. Bref, l’équipe est là, prête, faite. C'est l’aboutissement d’années de préparation.

Le tournoi en Chine n'a servi qu'à cela, à huiler les rouages et effectuer les derniers réglages. Ainsi, en l'absence de Cáceres blessé, Tabárez a voulu essayer une alternative à Gaston Silva. Il a donc repositionné Laxalt, milieu gauche, au poste de défenseur gauche. Cela a fonctionné et le Maestro sait désormais que, sans sélectionner de nouveau joueur, il s'est ouvert une nouvelle porte dans ses 23. Au milieu, il a essayé à nouveau diverses possibilités, soit avec un créateur derrière les attaquants, soit à plat. Les deux ont donné satisfaction. Pour le reste de l'effectif, le tout n'a été qu'un entraînement intéressant et couronné d'un titre. Point essentiel : l'Uruguay n'a jamais vraiment semblé en danger, n'a pas encaissé aucun but. Aucun joueur non plus ne s'est blessé, la blessure de José María Giménez en finale semblant finalement n’être qu’un simple traumatisme si on s’en tient au communiqué de la fédération, et si Dieu le veut cela restera le cas jusqu'à juillet prochain. L'idéal serait que le Barça sorte en quart de Ligue des Champions.

Est-ce parce que je suis supporter que je les vois favoris ? Vais-je avoir à pleurer de déception, tel un enfant, en cas d'échec ? Si le football était juste, cette équipe irait loin...

Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer, Ne pas s’enflammer.

cavani

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba