Dans le dernier match amical de ce premier volet de préparation, les Socceroos étaient sur le sol Anglais à l’Ouest de Londres, dans le stade de Craven Cottage. Face à des Colombiens jouant pratiquement à domicile, la sélection de l’hémisphère Sud a su montrer un bien meilleur visage en comparaison du match de la Norvège. Mais si le match nul 0 à 0 est bon pour la confiance, le contenu offensif reste faible.

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L’Australie et l’Angleterre continuent d’avoir des liens forts et il n’est pas rare de voir une foule d’Australiens venir aux matchs de leur sélection lorsque celle-ci joue dans le pays de la Reine. Mais face à la Colombie, Craven Cottage, l’antre du Fulham Football Club, n’était pas acquis à la cause australienne. Ce soir de match, l’Ouest de Londres était sud-américain, l’Ouest de Londres était Colombien. Des tribunes au terrain.

18h54, Aaron Mooy est forfait, blessé, il ne sera pas de la partie. L’information émanant du compte Twitter de la sélection australienne faisait grincer des dents. Rassemblés autour des bars aux alentours de Craven Cottage, les Australiens savaient qu’ils se séparaient d’un de leurs meilleurs éléments alors que la paire Falcao – James serait quant à elle bien là. Bert van Marwijk devait faire sans et laissait Maty Ryan sur le banc pour essayer les deux autres portiers, Brad Jones et Danny Vuković. 19h45, la liste tombe et van Marwijk a bien retenu la leçon norvégienne. Au-revoir Bailey Wright, bonjour Josh Risdon, le latéral droit du Western Sydney Wanderers était aligné dès le départ. Le technicien montre que son essai consistant à placer Wright (défenseur central de métier) en latéral droit n’était pas concluant et qu’il sait déjà où il ne peut pas bricoler. Sur la ligne de but, pas de surprise, Brad Jones retrouve une titularisation avec les Socceroos, ce qu’il n’avait plus connu depuis quatre ans. Sans Aaron Mooy, le duo Mile Jedinak - Massimo Luongo allait débuter le match, le quatuor offensif était composé d’Andrew Nabbout, Tom Rogić, Matthew Leckie et Tomi Jurić en pointe, van Marwijk restait fidèle à ses idées avec son 4-2-3-1.

Au bord du terrain, les supporters colombiens donnaient de la voix, les maigres supporters australiens présents ici et là n’étaient que spectateurs de la ferveur impressionnante des supporters cafeteros pour leur sélection. L’Australie n’était pas favorite, l’Australie était en plein doute et surtout, les fans australiens avaient peur que leur sélection ne réagisse pas face au raté d’Oslo. Lorsque les portes de Craven Cottage s’ouvraient, le stade était à l’image de ses environs : La Colombie était chez elle. Dans la tribune Hammersmith End, on essayait d’équilibrer la balance mais le supporter australien ne chante pas pendant quatre-vingt-dix minutes.

Vivement juin !

Il y aura deux façons d’analyser ce match : voir le résultat, très positif, en termes d’écart entre les deux nations et le match précédent de celles-ci (la Colombie a battu, la France 3-2 chez elle, tandis que l’Australie a perdu 4-1 en Norvège) et le bilan plus profond en termes de jeu. L’Australie aura ainsi réalisé l’exploit de sortir un clean-sheet face à une Colombie assoiffée de but. Les montants auront sauvé par deux fois les Socceroos et Danny Vuković, jour de son anniversaire, détournait un pénalty qu’il avait lui-même provoqué. La Colombie passait à côté de son match offensivement surtout par son incapacité à terminer ses actions, mais aurait réellement mérité mieux.

Bert van Marwijk est à des années lumières de ce qu’Ange Postecoglou a voulu instruire à l’Australie. D’un ambitieux jeu offensif, l’Australie passe à son exact opposé, un jeu ultra défensif. Contre la Norvège, les Australiens n’avaient pas envie de jouer, contre la Colombie, l’état d’esprit et les conditions climatiques étaient bien meilleures. Au coup d’envoi, c’est avec l’âme de guerrier que ces mêmes Socceroos débutaient le match et le concluait. Bert van Marwijk récompensait ses joueurs en conférence de presse : « les joueurs savent ce qu’ils doivent faire à présent » mais défendre correctement ne suffit pas pour gagner. Alors, défensivement, l’Australie a fait avec ses armes. Joshua Risdon a très bien rééquilibré la balance défensive et à son niveau, il a tenu son rôle. Avec Aziz Behich de l’autre côté, les latéraux ont été performants et la défense centrale aura été quelque fois bousculée face aux offensifs colombiens. Généralement, les quatre défenseurs ont su s’adapter et se comprendre pour piéger les Colombiens avec le hors-jeu.

Le reste des joueurs a fait de sorte de contenir la Colombie. C’est réussi, les Colombiens n’ont pas marqué, à quelque chose prêt. L’autre côté du terrain est la vraie question de cette sélection, le vrai chantier. Que ce soit face à la Norvège ou face à la Colombie, il y a eu trop peu d’occasions franches. Tomi Jurić a fait se lever la tribune australienne sur un tir croisé et le numéro de soliste de Massimo Luongo n’était pas loin de trouver le chemin des filets. C’est tout. Le milieu du Queens Park Rangers a une nouvelle fois été l’homme de la partie. Déjà en très grande forme face à la Norvège, le n°21 a fait chavirer les derniers cœurs qui n’étaient pas acquis à sa cause. Bert van Marwijk devra d’ailleurs résoudre ce problème : doit-on se passer de la forme de Luongo ? Doit-il prendre la place de Mooy ou de Jedinak ? Si l’Australie devait se priver d’un homme fort comme lui, elle ne profiterait alors pas à 100% des ressources offensives mais devrait changer la façon de faire et de voir de son sélectionneur. Le match était intense grâce à la ferveur des supporters colombiens, la Green and Gold Army australienne a bien aimé la prestation des siens mais dans le contenu, surtout offensif, il a y encore beaucoup de chose à faire. Le vivier de joueur est là et son sélectionneur place déjà ses pions en vue de la Coupe du Monde. Si certaines nations sont déjà prêtes ou règlent les derniers détails, l’Australie a toute une configuration à faire : un plan de jeu à créer et des mouvements à travailler. La Norvège a été le premier révélateur, la Colombie l’a confirmé : l’Australie n’a toujours pas créé d’occasion sérieuse avec un jeu collectif. Il serait impossible de passer les poules avec si peu de présence face aux buts adverses. L’entrée en jeu de Tim Cahill n’a eu aucun effet, le problème est plus profond. Que ce soit Tim Cahill, Tomi Jurić, Jamie Maclaren ou n’importe quel attaquant au poste, il faut de la créativité et du jeu pour les trouver et leur donner plus de chance de faire vibrer les filets adverses. Contre la Colombie, un seul tir a été cadré. C’est sur cette phase de jeu, sur les transitions offensives que les Socceroos doivent travailler sous peine de n’être réduits qu’à une équipe qui défend.

Au bilan de cette première vague d’amicaux, la sélection s’est sans doute redonnée de l’espoir grâce au deuxième match. Il faudra attendre dorénavant le 1er et le 9 Juin, respectivement contre la République Tchèque et la Hongrie pour mettre tout cela en place avant d’affronter l’Equipe de France en ouverture de la Coupe du Monde. Le temps est désormais compté.

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.