Un peu plus d’un mois après avoir affirmé que la « liste des 23 était prête à 95% » le sélectionneur Nabil Maaloul a publié lundi une pré-liste de 29 joueurs pour le Mondial russe. On y trouve les cadres sûrs d’y aller et deux types de revenants : certains avec de solides certitudes, d’autres enthousiastes mais face à un défi considérable. Décryptage des enjeux, avant la série de trois matchs de préparation.

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Les gardiens : hiérarchie définie, mais qui sera le troisième larron ?

La tendance constatée à la lecture du groupe pour les matchs face à l’Iran et au Costa Rica en mars semblait claire. Le titulaire en Coupe du Monde sera Aymen Mathlouthi, cadre inamovible de la décennie écoulée, qui a connu des hauts et des bas, mais qui ponctuera le crépuscule de sa carrière (entamé par son transfert en Arabie Saoudite cet hiver) par l’accomplissement d’un rêve, celui d’une participation au Mondial. Moez Hassen, promis à un avenir de numéro 1 après la Russie, découvrira la scène internationale avec la Tunisie dans la peau d’un numéro 2. Pour que cette configuration ne soit pas menacée, le plus ambitieux des trois autres habitués, le gardien du CS Sfaxien Rami Jeridi, a été tout doucement poussé vers la sortie. La doublure aux dents longues de la CAN 2017 a fini la saison en roue libre, à l’image de son club. La place de numéro 3 se jouera donc entre le portier de l’Espérance de Tunis Moez Ben Cherifia, qui a vécu une saison très compliquée et retrouvé sa place en club en janvier après quatre mois sur le banc, et l’ex-gardien du Club Africain Farouk Ben Mustapha, auteur d’une saison pleine à El Shabab en Arabie Saoudite. Avantage au dernier nommé, qui a joué contre l’Iran en mars.

Défenseurs : Chammem en back-up, les polyvalents tiennent la corde

Encore en délicatesse avec sa cheville, Ali Maaloul n’a pas été convoqué dans le groupe d’Al Ahly pour la seconde journée de phase de poules de C1 Africaine face à KCCA. Une situation qui a incité le sélectionneur à tout de même voir ou en est le latéral de l’EST Khalil Chammem comme éventuelle alternative. De l’autre côté, Hamdi Nagguez est favori pour être l’alter-ego volant de Maaloul. Si pas de blessure, ce seront eux les latéraux-ailiers.

En défense centrale, le fait que deux scénarios soient possibles (à deux ou trois) avantagent fortement Syam Ben Youssef en tour de contrôle, et ceux qui allient une saison solide sur le plan individuel et une polyvalence très précieuse : Yassine Meriah (CSS), Dylan Bronn (La Gantoise), Oussama Haddedi (Dijon). Dans une configuration Coupe du Monde « classique » à huit défenseurs, cela fait donc deux latéraux, trois hybrides défenseurs centraux-latéraux, et un défenseur central quasi-sûr d’en être. Ce qui laisserait donc deux places de purs centraux à prendre, que se disputeront trois joueurs. Rami Bedoui, qu’on a vu très offensif en finale de Coupe de Tunisie dimanche et qui s’est démené pour écoper le vaisseau de l’ES Sahel qui a sombré à Radès, aura face à lui deux défenseurs à la trajectoire atypique, Yoann Benalouane et Bilel Mohsni, qui sortent de deux saisons ou ils n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent : 14 matchs en pro pour Benalouane avec Leicester depuis janvier 2017, 11 matchs joués pour Mohsni en deux ans. Relancé après sa convocation avec la Tunisie en mars et une titularisation, Benalouane pourrait être coiffé au poteau par un Mohsni qui a rapidement repris le rythme (10 matchs entiers avec Dundee United depuis fin mars).

Milieux : Larbi et Laribi en outsiders, course contre la montre pour Ben Amor et Chaâlali

Avant même l’explosion de la fréquentation des réseaux sociaux au début des années 2010, tout fan de foot tunisien qui se respecte a vu passer le nom de Karim Laribi sur un forum dans les rubriques « jeune espoir » ou « expatrié prometteur à suivre ». Mais il a fallu de longues années pour que ce nom lointain se matérialise enfin…Ancien international italien U21, Laribi a opté pour la sélection tunisienne en 2017, avait joué un match en amical, mais n’était pas réapparu depuis. Le revoilà au meilleur moment, à l’orée de la liste des 23 pour le Mondial, avec une saison complète en Série B avec Cesena à son actif (38 matchs, 7 réalisations).

Autre retour remarqué, celui qui faisait partie avec le joueur de Hambourg Mohamed Gouaida des nouveaux pour la tournée estivale asiatique de la Tunisie en 2015, mais qu’on a très peu vu depuis…l’ex-meneur de jeu du Gazélec Ajaccio Mohamed Larbi, longtemps contrarié par les blessures, a connu des périodes de galère mais a toujours gardé l’idée d’un retour dans un coin de sa tête, et voit avec cette convocation dans la pré-liste ses efforts récompensés après s’être requinqué avec le Tours FC.

Laribi et Larbi vont néanmoins devoir faire face à un sacré défi, car dans le compartiment des milieux relayeurs-milieux offensifs, il y a embouteillage quel que soit le statut de Khazri (voir « Attaquants »). Sliti est incontournable, Badri a gagné sa place sur 2017-2018, le niçois Bassem Srarfi est dans la rotation même si son temps de jeu a baissé au Gym ces dernières semaines ; Fakhreddine Ben Youssef, en difficulté avec l’EST en première partie de saison, s’est maintenu dans cette même rotation et continue de batailler avec Al Ittifaq dans le championnat saoudien pour arracher une place dans les 23. Le milieu relayeur de l’Espérance Ghaylène Chaâlali, élément important durant les qualifications, a rejoué ces dix derniers jours (un match de championnat et un bout de match de C1) et semble prendre le dessus dans sa course contre la montre pour revenir. Si on ajoute Khaoui (saison pleine avec l’ESTAC et qui a marqué des points en sélection en mars) les places vont couter cher…

Un cran plus bas, au poste de milieu défensif, la situation semble plus claire. Skhiri (Montpellier) et Ferjani Sassi (Al Nassr) en pole position, Ben Amor (Al Ahli Djeddah) lui aussi bien parti aux dernières nouvelles pour être rétabli à temps, avec le jeune milieu du CA Khalil comme alternative éventuelle.

Attaquants : Khazri plus que jamais false 9, Khalifa favori

En mars, le plan A et le plan B étaient connus. Khazri en faux numéro 9 qui bouge sur tout le front de l’attaque et ouvre des brèches à l’escouade des feux follets (Msakni et Slti en tête), ou sinon un trio Khazri-Msakni-Sliti derrière un 9 de métier (Khenissi). Les blessures de Msakni et Khenissi, tous deux out pour le Mondial, sont venues modifier légèrement ces configurations.

Le sélectionneur Nabil Maaloul avait été précis sur le cas Khalifa : convoqué mais finalement absent lors du stage d’hiver parce qu’il voulait régler un éventuel transfert (qui ne s’est pas produit) il était attendu et souhaité que l’ex-attaquant de l’OM avance efficacement sur sa préparation physique durant l’année afin d’être une option offensive supplémentaire aux côtés de Khazri et Khenissi.

Avec cinq buts sur ses trois derniers matchs avec le Club Africain (dont un doublé en finale de Coupe de Tunisie dimanche) et une énergie pleinement retrouvée, Khalifa redevient un postulant solide en pointe. Restait donc à savoir quel numéro 9 figurerait dans une liste élargie, et cette place est revenue à Ahmed Akaichi (Al Ittihad) en difficulté sur sa seconde partie de saison en Arabie Saoudite, qui avait été écarté pour raisons disciplinaires en 2017, mais a fait amende honorable depuis. Il devance l’attaquant Hamdi Harbaoui, qui a pourtant des statistiques flatteuses en Belgique (23 buts toutes compétitions confondues avec Anderlecht puis Zulte-Waregem). Bien qu’ayant participé partiellement aux qualifications au Mondial, Harbaoui paye de longues années d’absence consécutives à ses propos critiques contre le sélectionneur Sami Trabelsi et certains cadres après la CAN 2013, et n’avait jamais vraiment réussi à réintégrer le groupe.

Néanmoins, le scénario le plus probable tend vers une paire Khazri-Khalifa, ce qui libère une place au milieu dans la liste des 23.

Les 29

Gardiens : Aymen Mathlouthi (Al-Baten, ARS), Mouez Ben Cherifia (ES Tunis), Farouk Ben Mustapha (Al-Shabab, ARS), Mouez Hassen (Châteauroux, FRA).

Défenseurs : Hamdi Nagguez (Zamalek, EGY), Dylan Bronn (La Gantoise, BEL), Rami Bedoui (ESS), Yohan Benalouane (Leicester, ANG), Syam Ben Youssef (Kasimpasa, TUR), Yassine Meriah (CS Sfaxien) , Bilel Mohsni (Dundee, ECO), Khalil Chammam (ES Tunis), Oussama Haddadi (Dijon, FRA), Ali Maaloul (Ah Ahly, EGY).

Milieux : Mohamed Amine Ben Amor (Al-Ahli SC, ARS), Saîf-Eddine Khaoui (Troyes, FRA), Ahmed Khalil (Club Africain), Elyes Skhiri (Montpellier, FRA), Ferjani Sassi (Al-Nasr, ARS), Ghaylene Chaâlali (ES Tunis), Mohamed Wael Larbi (Tours, FRA), Karim Laribi (Cesena, ITA), Fakhreddine Ben Youssef (Al Ittifak, ARS).

Attaquants : Anice Badri (ES Tunis), Bassem Srarfi (Nice, FRA), Ahmed Akaichi (Al Ittihad, ARS), Wahbi Khazri (Rennes, FRA), Naïm Sliti (Dijon, FRA), Saber Khalifa (Club Africain).

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee