À une semaine du coup d’envoi de la Coupe du Monde pour l’équipe nationale australienne, Bert van Marwijk et son staff effectuaient un dernier essai face à la Hongrie. Si le score est une nouvelle fois en faveur des Australiens, le contenu du jeu est inquiétant. Les Socceroos ont montré toute leur limite face à une équipe hongroise vaillante mais limitée.

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Une heure avant le coup d’envoi, la composition du onze de départ australien en disait long sur l’avenir des joueurs. Bert van Marwijk avait en effet décidé de rééditer le même onze de départ que face à la République Tchèque. Si le technicien hollandais disait qu’il n’avait « pas assez de temps pour juger tous les joueurs », il semblerait surtout que l’Australie tient ses onze joueurs pour débuter face à l’équipe de France. Quid de Tomi Jurić en pointe de l’attaque ? Du capitaine historique Mile Jedinak ? Si la première question parait déjà scellée où Andrew Nabbout semble en pole pour mener le front de l’attaque, la nouvelle non-titularisation de Mile Jedinak à qui le duo Aaron Mooy – Massimo Luongo est préféré, inquiète même si van Marwijk a lancé le milieu d’Aston Villa en seconde période. Une seule chose est sûre, la charnière centrale et les latéraux seront ceux de la Coupe du Monde. Pour le reste, tout peut encore changer.

Fuite des certitudes

Au terme de la rencontre face à la République Tchèque, les Australiens montraient une base de certitudes sur laquelle s’appuyer : l’équipe nationale avait clairement affiché son plan de jeu et avait montré qu’en phase de domination elle était capable de construire pour arriver jusqu’au but. Contre la Hongrie, l’organisation a été respectée, le plan de jeu aussi avec la volonté d’élargir et de passer par Robbie Kruse et Matthew Leckie sur les côtés et d’utiliser les latéraux pour créer des occasions. Malheureusement, le château de carte s’est écroulé.

La Hongrie a été vaillante et est allée chercher les Socceroos dans leur camp. Si le pressing australien était certes plus imposant (et surtout plus haut) que face à la République Tchèque, les ‘Roos se sont pris les pieds dans le tapis contre une nation les prenant à revers sur contre-attaque. Plusieurs fois Joshua Risdon a eu du mal à contenir Sallai sur son aile et le latéral du Western Sydney Wanderers a vécu une rencontre très compliquée allant jusqu’à en rater ses fondamentaux. Puis toute l’organisation défensive était bousculée, les Australiens, pourtant convainquants sur le plan défensif au match amical précédent, ont laissé de multiples espaces pour les attaquants hongrois à l’image du duo Mooy – Luongo trop léger défensivement et placé bien trop loin de sa défense, laissant ainsi de nombreuses possibilités entre les lignes où la récupération des seconds ballons aux Hongrois (à l’image de la demi-volée de Kleinheisler qui s’est écrasée sur le barre de Ryan). Une situation qui a sans doute provoqué l’entrée de Mile Jedinak à la place de Luongo en seconde période. La République Tchèque avait eu plusieurs occasions, la Hongrie a réussi pareil exploit mais Mathew Ryan a répondu présent à plusieurs reprises et notamment lors du face-à-face avec Adam Szalai.

Si l’Australie a montré de la fébrilité dans son secteur défensif, c’est tout son système qui a échoué. Sans création, sans mouvement, les Socceroos ont été passifs lors de cette rencontre et n’auront que très peu mis en danger le gardien du RB Leipzig, Peter Gulacsi. La faute notamment à un Mooy bien en dessous de sa performance du match précédent, à des latéraux peu inspirés et de multiples erreurs de relance. Finalement, le seul homme à craindre côté australien aura été Mathew Leckie avec ses percées et ses centres qui pouvaient laisser entrevoir une action dangereuse mais Robbie Kruse n’était pas au rendez-vous pour augmenter son compteur but. Les Australiens ne répondaient pas à la hauteur des attentes placées en eux sur cette rencontre. Contraints à une chaleur intense en Turquie couplée à des séances d’entraînements puissantes de la part du staff de van Marwijk, les Socceroos ont semblé manquer de souffle pour pouvoir montrer de l’intensité dans l’engagement pendant quatre-vingt-dix minutes.

À la pause, van Marwijk lançait Jackson Irvine, Tomi Jurić et donnait du temps de jeu à Brad Jones dans les buts. La deuxième mi-temps a été un copier-coller de la première, la seule réaction des ‘Roos n’est finalement pas venue du collectif mais par les éclairs individuels d’un homme : Daniel Arzani. Entré à la place de Robbie Kruse, le futur plus jeune joueur de la Coupe du Monde russe avait un quart d’heure pour bouger un bloc hongrois et donner de la créativité à son équipe comme il le fait à Melbourne. Sur son premier ballon touché, il inscrivait son premier but sous les couleurs nationales. Si le but reste une faute de main de la part du gardien Denes Dibusz, c’est la volonté et l’envie de Daniel Arzani qui sont à noter. Pour conclure son quart d’heure de jeu, Arzani adressait une passe merveilleuse à Jackson Irvine qui débouchait sur le second but australien grâce à un c.s.c. assez improbable du défenseur Tamas Kadar. Entre temps, Trent Sainsbury avait connu un destin identique en mettant lui aussi le ballon au fond de ses filets.

Des choix à faire

À l’issue du match, Bert van Marwijk se montrait légèrement en colère : « C’était mauvais. En particulier la première période. Mais vous pouvez apprendre de cela même si, à mon avis, la première période était mauvaise à plusieurs égards. Cela a commencé par la manière dont on transmet le ballon à la bonne vitesse. Nous nous sommes énormément entraînés sur ces aspects et à donner le ballon au bon joueur mais là nous avons commis de nombreuses erreurs et avons trop couru avec le ballon. Si vous ne voulez pas envoyer de longs ballons, vous devez être patients. Nous avons essayé de forcer cela par moments et dans ces situations on est sorti de notre position. S’ils ne vous pressent pas, vous devez garder le ballon faire preuve de patience et jouer avec concentration et à la bonne vitesse, c’est facile à dire mais dur à mettre en place. Quand tu dis patience, ils commencent à jouer lentement et donner le ballon pas à la bonne vitesse. C’était notre problème. En première période on a vu Luongo et Mooy demander le ballon devant leurs buteurs alors qu’ils doivent avoir le recevoir derrière eux. Nous ne pouvions trouver Rogic en première alors qu’il est notre homme libre. En seconde période, ce fut meilleur. Nous avons eu le contrôle de la rencontre à ce moment-là. Le but encaissé est un souci de concentration mais un peu de malchance. Nous avons vu tout de même que l’équipe veut gagner et c’est positif. Tout n’est pas bon mais nous étions fatigués et nous sommes tout de même satisfaits de ce que nous avons fait durant ces trois semaines en étant épargnés par les blessures. C’est positif car maintenant, nous allons nous améliorer et surtout avoir plus de repos ». Il faut dire que les Australiens rentreront certainement inquiets de leur voyage en Hongrie avec une prestation moyenne et une prochaine rencontre à préparer face à l’équipe de France, Bert van Marwijk pourrait faire encore bouger les lignes. La titularisation de Robbie Kruse reste encore une question quant à l’apport de ce dernier en comparaison avec le quart d’heure d’Arzani où, malgré son inexpérience internationale et son jeune âge, est responsable direct des deux buts. Joshua Risdon, même plein d’envie, a montré ses limites face à Sallai et se pose la question de ce qu’il se passera quand Kylian M’Bappé prendra la profondeur dans son dos ? Le duo Mooy – Luongo, si précieux face aux Tchèques a également montré ses limites lorsque sous pression, a laissé bien trop d’espaces dans son dos, mettant en danger sa défense et l’impact de Jedinak reste précieux. Face à un milieu du calibre des Bleus, on se demande s’il ne faudra pas le préférer à l’un des deux milieux joueurs. Des questions auxquelles van Marwijk devra répondre dans cette dernière semaine avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde.

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.