Pour la première de son histoire, Panamá débarque en Russie avec comme seule ambition celle de bien figurer. Pour cela, les Canaleros devront ne pas oublier d’où ils viennent et les bases sur lesquelles s’appuyer.

banlomag

L’histoire récente de la sélection panaméenne est peuplée de peines mais habite aussi quelques joies. Il y a eu le drame du Rommel Fernández en octobre 2013 qui voyait la sélection perdre sa qualification mondiale dans les arrêts de jeu du dernier match des éliminatoires, il y a eu le scandale d’une demi-finale de Gold Cup 2015 volée par un arbitre américain face au futur vainqueur mexicain. Mais il y a eu la confirmation d’un groupe lors d’une belle Copa América Centenario et surtout une qualification unique et historique pour la Coupe du Monde russe. Ces joies et ces peines n’ont finalement fait que permettre à un groupe d’apprendre au fil des années, à progresser.

Les premières pierres de ce groupe ont donc ainsi été posées par Julio Cesar Dely Valdes. Arrivé en 2010, l’ancienne légende pose les Canaleros en demi-finale de la Gold Cup. Deux ans plus tard, cette même sélection est en finale après avoir tapé le Mexique à deux reprises. Une nouvelle ère s’ouvre, celle de la confiance en soi. Le drame d’octobre 2013 met fin au cycle Dely Valdes mais va aussi permettre à Panamá de franchir un nouveau palier. L’arrivée aux commandes d’Hernán Darío Gómez va offrir à la sélection ce qui lui manquait, une identité de jeu. Car le sélectionneur colombien des Canaleros a tout changé, installé une philosophie de jeu, faite de technique, de passe, fait ses preuves. La demi-finale de la Gold Cup 2015, permet aux Canaleros de confirmer leur nouveau statut et la Copa América Centenario où, malgré la lourde défaite face à l’Argentine, qui n’a pris de l’ampleur qu’après l’entrée en jeu d’un exceptionnel Leo Messi, Panamá n’a jamais dérogé à sa volonté de jeu, même lorsque perturbé par l’absence de joueurs clés. Panamá a outrageusement dominé une Bolivie pas au niveau et peut se vanter d’avoir longtemps perturbé les futurs vainqueurs chiliens, les regardant droit dans les yeux. Ces certitudes ont non seulement convaincu les joueurs de leurs capacités mais surtout affirmé leurs ambitions, celles de goûter au gâteau mondial. Trois présences dans le top 3 des Gold Cup lors des quatre dernières éditions, Panamá s’est installé dans le paysage au point d’arriver à décrocher son graal mondial après une campagne de qualification parfaitement gérée (neuf fois dans le top 4 sur dix journées) même si validée qu’au tout dernier moment. La récompense d’un travail mené sur près d’une décennie.

Revue d’effectif

Construit sur des années, le groupe qui compose la sélection de Panamá est l’associations de légendes et de jeunes talents. Après la prise de confiance grâce notamment au travail mené par Dely Valdes, el Bolillo Gómez a inculqué une philosophie de jeu à sa sélection qui ne jamais n’en déroge, et ce, quel que soit l’adversaire. Le Panamá de Gómez, c’est l’alliance d’une solidité défensive, symbolisée par Román Torres, le héros du peuple avec son but libérateur, et d’une extrême qualité technique au milieu symbolisée par des Valentin Pimentel, Anibal Godoy, Armando Cooper et les jeunes pousses Édgar Bárcenas (24 ans) et José Luis Rodríguez (19 ans). Le tout pour alimenter des légendes telles que Blas Pérez ou Luis Tejada ou des buteurs vedettes comme Gabriel Torres, auteur d’une remarquable saison au Chili voire, sait-on jamais, pour permettre à la promesse Ismael Díaz (21 ans), de se montrer au monde. Les derniers amicaux de préparation ont surtout permis de montrer aux Canaleros que leur salut ne passera que par leur jeu. La mise en place de la défense à cinq, déjà catastrophique face à l’Argentine, s’est avérée plus qu’inefficace face à la Suisse (lire Panamá sait ce qu’il ne faudra pas faire) et la dernière sortie face à la solide Norvège, bien que soldée sur une courte défaite, aura été rassurante non seulement vis-à-vis de cette volonté, les Canaleros réalisant de belles choses et méritant bien mieux, mais aussi quant à niveau de forme de certains cadres, à l’image de Román Torres, longtemps en surpoids ces derniers mois, aujourd’hui en meilleure forme.

La grande inconnue concernant Panamá sera bien évidemment son inexpérience du très haut niveau. Comment gérer l’émotion d’une telle compétition ? Les Canaleros arriveront-ils à se libérer ? Deux éléments centraux sur lesquels l’expérience de leur sélectionneur, présent en 1998 avec la Colombie, en 2002 avec l’Équateur (égalant ainsi le record de trois phases finales de Coupe du Monde) devrait avoir quelques éléments de réponse. À cette condition, avec son jeu fait de fluidité et de technique, Panamá est armé pour bousculer quelques clichés et surtout valider son nouveau statut de nation forte en Amérique du Nord. L’occasion aussi, pour un groupe encore jeune, de continuer à progresser.

calendrierpanama

Le onze type (4-1-4-1)

Penedo – Davis, R.Torres, Escobar, Machado – G. Gómez – Rodríguez, Godoy, Cooper, Bárcenas – Pérez ou G.Torres

Le groupe

Gardiens : Jaime Penedo (Dinamo Bucarest), José Calderón (Chorrillo), Alex Rodríguez (San Francisco).

Défeneurs : Román Torres (Seattle Sounders), Felipe Baloy (CSD Municipal), Fidel Escobar (New York Red Bulls), Michael Murillo (New York Red Bulls), Erick Davis (Dunajská Streda), Luis Ovalle (Olimpia), Adolfo Machado (Houston Dynamo), Harold Cummings (San Jose Earthquakes).

Milieux : Gabriel Gómez (Atlético Bucaramanga), Aníbal Godoy (San Jose Earthquakes), Armando Cooper (Universidad de Chile), Edgar Bárcenas (Tijuana), José Luis Rodríguez (KAA Gent), Valentín Pimentel (Plaza Amador), Ricardo Ávila (KAA Gent).

Attaquants : Blas Pérez (CSD Municipal), Luis Tejada (Sport Boys), Gabriel Torres (Huachipato), Abdiel Arroyo (LD Alajuelense), Ismael Díaz (RC Deportivo Fabril).

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.