Nouveau Mondial et nouvelles espérances pour le Mexique. Au pays, les débats sont désormais les mêmes à chaque tournoi mondialiste : la sélection aztèque pourra-t-elle un jour atteindre les quarts de finale ? Avec une préparation entachée de scandales, les joueurs doivent surtout montrer le bon exemple.

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Des filles en jupe courte qui pénètrent dans une résidence des Lomas de Chapultepec, quartier huppé de la capitale mexicaine. La une tapageuse, reprise par les médias de tout le pays, puis du monde entier. La soirée d’au revoir, qui aurait duré jusqu’au lendemain et qui porte désormais le nom de « orgia de 24 horas » a fait couler de l’encre. La question de l’éthique a été posée sur la place publique. Oui, les joueurs font ce qu’ils veulent lors de leur temps libre. Non, faire la fête jusqu’à huit heures du matin à deux semaines d’un match déjà décisif face à l’Allemagne en ouverture de sa Coupe du Monde n’est pas un comportement professionnel. Ce sont désormais les explications de Chicharito, “fils de Dieu”, qui justifie une soirée d’anniversaire avec des invités et aucune prostituée, ou le torchon TVNotas, propriété du géant Televisa et peu connu pour sa déontologie, qu’il faut croire. Quoi qu’il arrive, les joueurs ont la pression. S’ils ne sortent pas de la poule, on sait déjà le point qu’il faudra toucher pour justifier une éventuelle débâcle.

Le Mexique a pour objectif de passer enfin les huitièmes de finale et d’atteindre le fameux « Quinto partido ». Les seules fois où cela s’est produit, c’est lorsque le tournoi se déroulait sur ses terres. Sinon, le Mexique fait preuve d’une régularité exemplaire mais réductrice : la sélection sort toujours de ses poules mais se fait battre par meilleur qu’elle lors du premier match à élimination directe. La malchance, l’expérience, l’arbitrage… les excuses sont nombreuses, parfois légitimes. Mais si lors du dernier Mondial, la rage s’est abattue sur Arjen Robben, auteur d’une simulation dans le temps additionnel pour arracher un pénalty, les Mexicains auraient dû se demander comment ils ont fait leur compte pour perdre un match dans lequel ils menaient 1-0 jusqu’à la 89e minute, dominant largement leur sujet.

« Jugamos como nunca, perdimos como siempre »

En 2006, le golazo de Maxi Rodriguez avait crucifié une équipe mexicaine ultra-séduisante dans le 3-5-2 de Ricardo La Volpe. En 1998, une sombre erreur à cinq minutes de la fin avait écourté l’épopée de Blanco, Hernández et ses potes. En 2010, l’arbitrage avait aidé Carlos Tévez... « Nous avons joué comme jamais, nous avons perdu comme toujours », est l'expression la plus utilisée en terres mexicaines pour définir le parcours souvent esthétique mais peu triomphant des campagnes aztèques. Cette année, les doutes tournent autour de l’entraîneur Juan Carlos Osorio, plus que les joueurs. Surnommé Juan « Cambios », en raison du fait qu’il n’aligne jamais deux fois le même onze. La friabilité de sa défense et le tableau qui s’offre au Tri n’invitent pas non plus à l’optimisme. S’il ne se vautre pas face à l’Allemagne en ouverture et garde le moral, affronter une Corée en manque de confiance et une Suède peu joueuse n’a rien d’insurmontable. Sauf en 2002 où le Mexique est premier de sa poule, El Tri termine toujours second depuis 1994. On peut largement imaginer Chicharito et ses potes se qualifier derrière les champions du Monde allemands, avec des points acquis face aux Scandinaves et aux Guerriers Taeguk. Et si le Brésil ne fait pas n’importe quoi face aux Suisses, Costariciens et Serbes, c’est la Seleçao qui devrait se présenter face au Mexique, dès les huitièmes. De quoi justifier son statut d’équipe sérieuse, joueuse, qui sort toujours des poules mais qui s’effondre face aux plus grands.

Ce qu’il y a de plus décevant avec cette sélection, c’est qu’il est finalement difficile de parler d’échec lorsqu’il perd à ce stade. Le Mexique ne rate jamais son tournoi, mais il ne le réussit pas non plus. En cas d’élimination en huitièmes, les observateurs auront beau critiquer Juan « Cambios » Osorio, l’efficacité de Chicharito ou le mental de ses joueurs, il n’y aurait rien de surprenant.

Revue d’effectif

Si les onze varient, l’équipe a quant à elle peu changé ces dernières années. Le Mexique n’est plus une équipe jeune. Bien qu’Osorio ne joue jamais avec le même onze, on pourrait partir sur un 4-3-3. Devant le gardien Guillermo Ochoa (Standard), la défense centrale est privée de deux de ses meilleurs éléments, le forfait de Diego Reyes (Porto) venant s’ajouter à celui de Nestor Araujo. On devrait donc y trouver Hugo Ayala (Tigres) associé à Hector Moreno (Real Sociedad). À gauche, Miguel Layún (FC Séville) et Carlos Salcedo à droite (Frankfurt). Dans un milieu à trois, Hector Herrera (Porto) sera la plaque tournante avec devant lui Andrés Guardado (Betis) capitaine, et Jonathan Dos Santos (Los Angeles Galaxy). Pour animer les ailes, la pépite Hirving Lozano (PSV Eindhoven) occupera le flanc gauche. 22 ans, meilleur buteur du championnat hollandais, il est le joueur à suivre et sera observé par de nombreux recruteurs. À droite, Carlos Vela (Los Angeles FC), meilleur attaquant mexicain part avec un temps d’avance. Tous deux seront utiles pour servir l’artilleur placé en pointe, l’incomparable et indispensable Javier Hernández (West Ham). Sur le papier, ce Tri a donc les armes pour battre des Suédois et des Coréens mais aussi de quoi perdre largement face à l’Allemagne ou au Brésil. Espérons pour El Tri que son Mondial dure le plus longtemps possible. Au moins autant que son « orgia de 24 horas ».

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Le onze probable

Ochoa – Layún, Ayala, Moreno, Salcedo – Guardado, J. Dos Santos, Herrera – Lozano, Chicharito, Vela.

Le groupe

Gardiens : Jesús Corona (Cruz Azul), Alfredo Talavera (Toluca), Guillermo Ochoa (Standard).

Défenseurs : Hugo Ayala (Tigres), Carlos Salcedo (Eintracht Frankfurt), Miguel Layún (FC Séville), Jesús Gallardo (Monterrey), Héctor Moreno (Real Sociedad), Edson Álvarez (América).

Milieux : Jonathan Dos Santos (LA Galaxy), Héctor Herrera (Porto), Andrés Guardado (Real Betis), Javier Aquino (Tigres), Rafael Márquez (Atlas), Giovani Dos Santos (LA Galaxy), Erick Gutiérrez (Pachuca).

Attaquants : Marco Fabián (Eintracht Frankfurt), Raúl Jiménez (Benfica), Carlos Vela (LAFC), Javier Hernández (West Ham), Jesús Manuel Corona (Porto), Oribe Peralta (América), Hirving Lozano (PSV Eindhoven).

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).