Qualifié sans véritablement se faire peur, si ce n’est lors du match qui a scellé le billet pour la Russie, le Costa Rica arrive avec en mémoire un glorieux souvenir venu du Brésil mais aussi quelques doutes qui émanent d’un système jugé trop frileux qui pourrait lui jouer des tours.

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8 octobre 2017, San José, capitale du Costa Rica. Il suffit d’un point aux coéquipiers de Bryan Ruiz pour s’offrir un billet au mondial en Russie. C’était sans compter sur une équipe hondurienne qui vise également la qualification et est bien décidée à prendre les 3 points. À la 95ème minute de jeu, le Honduras mène 1-0 grâce à Hernández. Il est alors 22H45 heure locale, le pays tremble à l’idée de laisser filer une qualification pour la Coupe du Monde et de devoir tout jouer sur le dernier match. C’est le moment choisi par Bryan Ruiz, le capitaine de la Sele : crochet côté droit puis centre pour une tête ravageuse de Kendall Waston, 1-1 explosion de joie à San José les Ticos l’ont fait, le pays fête la qualification à coups de feu d’artifices et de klaxons jusque tard dans la nuit. La fête digérée, la qualification a laissé place au verdict du tirage qui n’a pas été des plus cléments avec les Ticos : le Brésil grand favori du tournoi, la Suisse formation qui n’a perdu qu’un seul de ses dix matchs de qualification en phase de groupe (face au Portugal) et qui reste sur deux huitièmes lors des trois dernières Coupes du Monde, et la Serbie, qui elle aussi n’a connu qu’une seule défaite en dix matchs de phase de groupe de qualification, remportant au passage son groupe. Dans ce groupe relativement relevé, les chances du Costa Rica semblent aussi minces qu’en 2014. Mais comme l’a dit Marcelo Bielsa : « Le football est le sport le plus important du monde parce que les pronostics ne fonctionnent pas ».

Culte de la défense

Seul souci pour les Ticos : s’ils veulent faire mentir les pronostics, il va leur falloir montrer bien autre chose qu’au cours des derniers mois. Très critiqué pour son 5-4-1 ultra-défensif, Óscar Ramírez avait réussi son pari lors d’un match référence face aux USA qui s’était conclu sur une nette victoire et avait alors apporté la preuve que ce choix était le bon. Si le Costa Rica sait donc résister aux vagues adverses et se projeter rapidement vers l’avant à la moindre occasion grâce à un jeu de transition rapide, les dernières sorties ont surtout souligné les limites d’une telle tactique face à un adversaire d’un autre calibre. Inexistants face à l’Angleterre qui a tranquillement déroulé, les Ticos ont ensuite fait illusion un temps avant d’exploser face aux vagues jaunes belges lors du dernier amical de préparation à la Coupe du Monde. Bilan, depuis la victoire de septembre dernier aux States, le Costa Rica n’a connu que deux victoires en dix matchs (face à l’Écosse en mars et à l’Irlande du Nord il y a dix jours) pour six défaites et deux nuls avec, un seul but inscrit lors des six défaites concédées. Surtout, son système défensif a montré de nombreuses limites, la répétition des vagues adverses provocant sautes de concentration, erreurs de marquage et autres imprécisions techniques lors des relances qui mettent le groupe en danger, les cartons reçus face à l’Espagne et la Belgique (respectivement 5-0 et 4-1) en apportant la meilleure illustration. De quoi être inquiet avant de devoir aborder les trois gros morceaux qui lui sont offerts.

Pourtant, sur le papier, ce Costa Rica ne manque pas d’arguments : Keylor Navas, triple champion d’Europe et véritable muraille dans les buts, le trio axial Waston – Duarte – González (auquel on peut ajouter Acosta) pour le protéger, le duo Borges – Guzmán à la récupération et première relance, l’inamovible ses du jeu de Bryan Ruiz, la vitesse et le talent de Joel Campbell capable de dynamiter n’importe quelle défense, les qualités de finisseur de Marcos Ureña ou encore l’apport de certains bons jeunes comme l’excellent Ronald Matarita dans son couloir. Bref, largement de quoi produire du jeu et espérer venir bousculer une hiérarchie déjà établie sur le papier, comme ces Ticos-là l’avaient fait en 2014 lorsqu’ils étaient sortis vainqueurs d’un groupe tout aussi fou comprenant Uruguay, Italie et Angleterre. Douze des vingt-trois appelés par Óscar Ramírez étaient présents au Brésil. Reste désormais à renouveler cette performance. Le Costa Rica n’est jamais aussi fort que lorsqu’on ne l’attend pas, si, comme en 2014 sa campagne de préparation est guère brillante, il devra surtout minimiser les erreurs individuelles et les fautes de concentration qui lui ont coûté cher ces derniers temps, s’il veut réaliser un nouvel exploit.

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Le onze probable

Navas – Oviedo, Waston/Acosta, Duarte, González, Gamboa – Ruiz, Borges, Guzmán, Bolaños/Campbell – Ureña.

Le groupe

Gardiens : Keylor Navas (Real Madrid), Patrick Pemberton (Alajuelense), Leonel Moreira (Herediano)

Défenseurs : Cristian Gamboa (Celtic), Ian Smith (Norrköping), Ronald Matarrita (New York City FC), Bryan Oviedo (Sunderland), Óscar Duarte (R.C.D Espanyol), Giancarlo González (Bologna), Francisco Calvo (Minnesota United), Kendall Waston (Vancouver Whitecaps), Johnny Acosta (Rionegro Águilas)

Milieux : David Guzmán (Portland Timbers), Yeltsin Tejeda (Lausanne-Sport), Celso Borges (R.C.D La Coruna), Randall Azofeifa (Herediano), Rodney Wallace (New York City FC), Bryan Ruiz (Sporting C.P).

Attaquants : Daniel Colindres (Saprissa), Christian Bolanos (Saprissa), Johan Venegas (Saprissa), Joel Campbell (Real Betis), Marco Ureña (Los Angeles F.C)

 

Par Gregory Chaboche et Nicolas Cougot

Grégory Chaboche
Grégory Chaboche
Fan de foot jusqu'au bout des orteils. Animateur radio dans FootStation sur DoHitRadio. " La modestie dieu m'en préserve " (J.Mourinho)