Séduisante il y a quatre ans au Brésil, où elle avait atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde pour la première fois de son histoire, la sélection cafetera a vécu une transition post-Mondial difficile. Les joueurs de Pékerman ont eu un parcours en qualification compliqué, mais la victoire contre la France pourrait avoir fait sauter une barrière mentale.
Ils ont validé leur billet à la dernière journée grâce à un match nul au Pérou. Le bilan mathématique est implacable. Avec deux matches en moins (lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2014, il y avait neuf équipes puisque le Brésil était qualifié d'office), la Colombie a inscrit trois points de moins (27 lors de cette campagne contre 30 lors de la précédente) et a marqué six buts de moins (21 contre 27). Comme un symbole, Falcao, le meilleur buteur de la sélection n'a inscrit que deux buts lors de cette campagne qualificative, deux buts inscrits lors des trois derniers matches. Vous l'aurez facilement compris, le parcours en qualification n'a pas été de tout repos, la Colombie s'est même totalement loupée sur certains matchs, comme en Uruguay, au Brésil ou sur les deux matches face à l'Argentine. Mais ce n’est pas pour ça qu'affronter la Colombie sera synonyme d’avoir un match facile. Le sélectionneur, José Nestor Pékerman n'a pas changé, ce qui a permis de garder une certaine continuité dans le jeu. Mais surtout depuis la Coupe du Monde 2014, des jeunes talents ont éclos comme Yerry Mina ou Davinson Sánchez en défense centrale et des joueurs ont profité des matches amicaux de mars pour montrer un niveau intéressant comme José Izquierdo ou Johan Mojica. Enfin, évidemment cette équipe a gardé une force de frappe offensive de haut niveau emmenée évidemment par James Rodríguez et Falcao, deux joueurs qu'on ne présente plus ou même Juan Cuadrado.
Ces principaux éléments offensifs arrivent en Russie sans sortir d'une saison interminable. Sans être titulaire indiscutable au Bayern, James a fait partie de la rotation et ne devrait pas souffrir de fatigue physique. Que dire de Falcao qui à partir du mois d'avril est resté au chaud avec Monaco pour se préserver pour ce rendez-vous. Enfin Cuadrado a réussi à revenir et à accumuler un peu de temps de jeu après une blessure à la sortie de l'hiver. C'est aussi le cas pour des cadres comme Carlos Sánchez qui après une première saison blanche avec la Fiorentina il a retrouvé du temps de jeu précieux du côté de l'Espanyol. Sorti de la Ligue des Champions assez tôt, Davinson Sánchez n'aura pas soixante matchs dans les jambes non plus. Enfin, au poste de gardien, habituel doublure à Arsenal, David Ospina a profité de la blessure de Petr Cech pour gratter du temps de jeu.
L'élément qui pourrait aussi changer la donne pour les adversaires de la Colombie, c'est la victoire en France. Souvent en difficulté contre les nations plus grosses qu'elle (les matchs qualificatifs, le quart de finale il y a quatre ans contre le Brésil, le match aux JO contre le Brésil en 2016, la demi-finale de la Copa America Centenario contre le Chili,…), la sélection cafetera pourrait s'être enlevé une épine du pied. Alors oui ce n'était qu'un match amical mais s'imposer de cette manière sur la pelouse d'un champion du monde n'est pas passé inaperçu. Plus mental qu'autre chose, ce problème pourrait donc avoir sauté. On pourrait être tenté de faire un parallèle avec 1994 et le 5-0 passé à l'Argentine à Buenos Aires mais le climat autour de la sélection est évidemment nettement moins pesant et avec Pékerman il n'y a pas de place pour l'excès de confiance.
Revue d’effectif
La Colombie n'a pas été épargné par les blessures en préparation. À dix jours de l'entrée en lice de la Colombie, Franck Fabra a été victime d'une rupture des ligaments croisés. Terrible pour le joueur de Boca Juniors et pour la sélection parce que cette blessure arrive dans un secteur où les Cafeteros ne sont pas fournis. Si Johan Mojica et son excellente saison laisse quelques certitudes, il ne faudra pas qu'il s'enrhume pendant un mois. Derrière lui, comme pour Arias son pendant à droite, les doublures comme latéraux ont de quoi laisser songeur. À gauche c'est Farid Díaz et ses 34 ans qui a été appelé en urgence. À droite, il y a plusieurs alternatives possibles mais la plus certaine semble être Jefferson Lerma, testé seulement lors des amicaux de novembre à ce poste.
Tactiquement Pékerman a plusieurs cordes à son arc mais devrait revenir à un 4/2/3/1 utilisé pendant la majeure partie des qualifications après un passage en 4/4/2 en novembre, pendant la plupart du match contre l'Australie et en fin de match contre l'Égypte. À gauche après l'auto-exclusion de Cardona, la place devrait se jouer entre Izquierdo et Muriel, le joueur de Séville tiendrait la corde. L'autre incertitude est l'identité du joueur qui sera chargé d'accompagner Davinson Sánchez en défense centrale. Yerry Mina n’est pas utilisé à Barcelone mais est l'habituel titulaire. Il pourrait cependant être mis en concurrence avec Cristian Zapata qui arrive avec un peu plus de compétition dans les jambes.
Mais peu importe le schéma, il faut bien identifier la colonne vertébrale de la sélection. Un joueur par ligne. En défense centrale, Yepes parti, c'est Davinson Sánchez qui devra porter le costume de patron de la défense. Au milieu, le joueur le plus important de l'équipe, Carlos Sánchez. C'est la pierre angulaire de cette équipe. C'est lui qui assure l'équilibre de l'équipe. Sans lui au milieu la Colombie prend des vagues, comme ça a été le cas contre la Corée du Sud en novembre dernier ou contre la France pendant la première période où il a été moins performant. Devant lui James évidemment. Meilleur buteur et meilleur passeur colombien pendant les éliminatoires, une bonne partie du danger potentiel de cette équipe est entre ses pieds et enfin à la pointe de l'attaque, Falcao a mis le pied sur le frein en 2018 pour se préserver pour la Coupe du monde, si on voit le Falcao de 2017, ça sera un atout non négligeable.
Enfin, élément non négligeable la distance parcourue. Lors du premier tour la Colombie va parcourir une distance de 1860 kilomètres (plus faible total derrière la Russie). À titre de comparaison le Japon va parcourir 3 744 km, le Sénégal 5 236 et la Pologne 7 000. C'est aussi nettement que la Belgique (5 006) ou l'Angleterre (7 700) qu'elle pourrait éventuellement retrouver au prochain tour.
Le onze probable
Ospina – Arias, D.Sánchez, Mina, Mojica – C.Sánchez, Uribe – Cuadrado, James, Muriel (ou Izquierdo)– Falcao
Le groupe
Gardiens : David Ospina (Arsenal), Camilo Vargas (Cali), José Cuadrado (Once Caldas).
Défenseurs : Oscar Murillo (Pachuca), Cristian Zapata (Milan), Yerry Mina (Barcelona), Dávinson Sánchez (Tottenham), Johan Mojica (Granada), Farid Díaz (Olimpia), Santiago Arias (PSV).
Milieux : Mateus Uribe (América), Carlos Sánchez (Espanyol), Abel Aguilar (Cali), Wilmar Barrios (Boca Juniors), Juan Cuadrado (Juventus), James Rodríguez (Bayern Múnich), Jefferson Lerma (Levante), Juan Fernando Quintero (River Plate).
Attaquants : Falcao García (Monaco), Miguel Borja (Palmeiras), José Izquierdo (Brighton), Carlos Bacca (Villarreal), Luis Fernando Muriel (Sevilla).
