Quatre ans après le premier titre olympique de son histoire, le Mexique revient aux Jeux Olympiques avec des ambitions toujours aussi élevées. Portrait d’un véritable outsider.

C’était il y a quatre ans. Neymar, accompagné de Hulk, Thiago Silva, Marcelo, Lucas Moura, Oscar et Alex Sandro, devait couvrir le Brésil de l’or olympique, seul titre manquant au palmarès du football brésilien. Face à cette Seleção, une jeune équipe mexicaine menée par Giovani Dos Santos (qui à l’époque errait entre Tottenham et l’Espagne), Carlos Salcido (ex-PSV), Hector Herrera (à l’époque encore à Pachuca) et Oribe Peralta, bon attaquant de Liga MX. Mais la sélection aztèque a été plus intelligente et plus collective lors de ce tournoi. Un doublé du désormais mythique Oribe Peralta, une victoire logique avec un but de Hulk dans le temps additionnel pour sauver l’honneur (2-1), et voici le Mexique champion olympique, son deuxième titre international après la Coupe des confédérations en 1999. C’est donc dans la peau du tenant du titre et candidat à sa succession que l’équipe menée par Raul Gutiérrez va entrer dans ce tournoi.

Car celui qui mena les U-17 au titre mondial en 2011, à domicile, a été promu sélectionneur des U-22 pour continuer avec les mêmes jeunes. Mais entre-temps un véritable bouleversement a eu lieu chez les jeunes mexicains. Seuls quelques-uns des héros de la finale à l’Azteca en 2011ont percé au haut niveau. Le buteur des Chivas Marco Bueno et le milieu de terrain Arturo Gonzalez sont les seuls rescapés à aujourd’hui être sélectionnés pour les Jeux olympiques.

Oribe Peralta, le talisman

Parmi les trois « vieux » qu’il pouvait emmener avec lui à Rio, el Potro Gutiérrez a choisis le même type de joueurs que Luis Fernando Tena en 2012 : un gardien, un défenseur et une pointe. Auteur du doublé face au Brésil il y a quatre ans, titulaire avec el Tri au Brésil en 2014, Oribe Peralta est, depuis, le meilleur attaquant du championnat mexicain. Révélé sur le tard, vers 28 ans, il sera l’arme offensive numéro un de la sélection mexicaine. Son doublé à Wembley face aux auriverdes l’a fait entrer dans une nouvelle dimension au Mexique : celle des Chicharito, Luis Hernandez et Carlos Hermosillo.

Egalement sélectionné en tant que joker, Jesus Corona (Cruz Azul) était le gardien de la sélection au Royaume-Uni il y a quatre ans. Et le staff technique a choisi de reconduire un gardien expérimenté lors de cette édition 2016. Le déjà international Alfredo Talavera, intouchable à Toluca depuis de nombreuses années, sera le gardien du temps aztèque, malgré le bon niveau affiché par Gibrán Lajud, la doublure, avec Tijuana. Enfin, en 2012, le polyvalent Carlos Salcido avait été du voyage à Londres. Latéral gauche de formation, il avait, après une belle coupe du Monde 2010, été parfois replacé central ou milieu récupérateur. A Rio, c’est Jorge Torres Nilo, doublure de Salcido en Afrique du Sud qui jouera. Tout aussi polyvalent que l’ancien du PSV, le joueur des Tigres sera latéral gauche.

Pachuca à la création

Sur le côté droit, il y a débat entre Erick Aguirre et José Abella. Le premier joue dans le collectif parfaitement huilé de Pachuca, mais le second a plus de matches au compteur en Liga MX avec son club de Santos. Pour former la charnière centrale, César Montes, impressionnant avec Monterrey cette saison (lire son portrait) et Carlos Salcedo des Chivas devraient, à moins d’un concours de circonstance ou d’une blessure, être titulaires dans l’axe. Jordan Silva sera là pour les suppléer en cas de pépin.

Le milieu de terrain est sans aucun doute l’une des armes de cette sélection ambitieuse. Le jeu du Mexique se base principalement sur le milieu du champion du dernier Clausura 2016, Pachuca. Victor Guzmán sera à la récupération et surveillera les arrières d’Erick Gutiérrez chargé de dicter le jeu avec son jeu de passe lumineux. Michael Pérez (Chivas), auteur d’une bonne entrée en préparation face à l’Argentine et Ponchito González (Monterrey) sont également sur le pont et savent qu’ils peuvent entrer à tout moment. Plus offensif, Rodolfo Pizarro sera titulaire, probablement dans l’axe. Polyvalent, il pourrait jouer à droite, dans le cas où le Mexique jouerait avec le seul Oribe Peralta en pointe.

Pour animer l’attaque, Carlos Cisneros (Chivas) tentera de créer le danger. Mais le joueur pour lequel de nombreux observateurs seront présents dans les tribunes jouera sur le côté gauche. Hirving Lozano, intenable avec Pachuca, a déjà la pression. Il se sait observé et indiscutable avec cette sélection. En fonction des choix du coach, il pourrait jouer sur l’aile droite ou même en second attaquant derrière Oribe Peralta. Il possède la panoplie du joueur offensif moderne : polyvalent, intelligent, technique mais également buteur. Pour suppléer ce dernier, el Potro Gutiérrez a sélectionné Marco Bueno, un des seuls rescapés de l’épopée de 2011 donc, et Erick Torres, considéré comme un crack il y a quelques années mais qui aujourd’hui joue en MLS.

Le doublé en ligne de mire

La sélection olympique a hérité d’un groupe compliqué. Dès jeudi, elle fera face à l’Allemagne des frères Bender. Une équipe talentueuse mais peu expérimentée des Jeux olympiques et moins préparée. Si le Mexique souhaite aller loin et réaliser le doublé, comme le fit l’Argentine il y a 8 ans, il sera impératif de battre les îles Fidji le 7 août. Enfin, trois jours plus tard, il faudra se mesurer à la Corée du Sud, emmenée par le Spurs Heung-min Son. Une sélection que le Mexique avait déjà rencontrée en poule il y a quatre ans (0-0) et qui s’était couverte de bronze. Une poule compliquée mais abordable. Les autres sélections sont prévenues : les Aztèques veulent défendre leur or.

Le groupe (en gras, les plus de 23 ans)

Gardiens: Alfredo Talavera (Toluca) et Gibrán Lajud (Tijuana).

Défenseurs: José Abella (Santos Laguna), Erick Aguirre (Pachuca), César Montes (Monterrey), Carlos Salcedo (Chivas), Jordan Silva (Toluca) et Jorge Torres Nilo (Tigres).

Milieux: Carlos Cisneros (Chivas), Rodolfo Pizarro (Pachuca), Víctor Guzmán (Pachuca), Erick Gutiérrez (Pachuca), Michael Pérez (Chivas) et Arturo González (Monterrey).

Attaquants: Hirving Lozano (Pachuca), Oribe Peralta (América), Erick Torres (Houston Dynamo) et Marco Bueno (Chivas).

 

Crédits photos : Une : MARTIN BERNETTI/AFP/GettyImages ; Hirving Lozano, Erick Gutiérrez, Alfredo Talavera : MARIA CALLS/AFP/Getty Images ; Oribe Peralta GLYN KIRK/AFP/GettyImages ;

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).