Touchée de plein fouet par la pression des clubs et le marché des transferts, la Colombie aborde les Jeux Olympiques avec des ambitions moindres qu’il y a encore quelques semaines. Pourtant, il serait prématuré d’enterrer les jeunes Cafeteros.

Douche froide

A l’image de l’ensemble des autres sélections, la Colombie n’a pas échappé à la dure loi établie par les clubs de tous pays, retenant ainsi leurs meilleurs éléments et futures promesses pendant soit une phase de préparation de la saison pour les Européens, les compétitions nationales voire continentales pour les Sud-américains. Mais si ce phénomène a touché tout le monde, il a surtout douché les ambitions d’une sélection Cafetera que l’on imaginait déjà avec l’or olympique lorsqu’en mars dernier, les premières projections du onze type de Carlos el Piscis Restrepo étaient faites. Imaginez en effet, les premiers onze donnés qui imaginaient déjà un David Ospina dans les buts, une défense à quatre Helibelton Palacios, Yerri Mina, Davinson Sánchez (soit un axe central associant un vainqueur de la Sudamericana à un vainqueur de la Libertadores), Deiber Machado, un formidable duo de récupérateurs Sebastián Pérez, Guillermo Celis, et un potentiel offensif des plus fous avec au choix un JuanFer Quintero, la merveille Marlos Moreno, le formidable Roger Martínez, la promesse Rafael Santos Borre et des plus de 23 à choisir parmi James Rodríguez, Carlos Bacca ou pourquoi pas Radamel Falcao. De quoi faire tourner des têtes donc. Mais c’était en mars. Depuis, Restrepo a dû faire face aux absences, aux non libérés, aux transférés et donc bloqués. Out donc les Yerry Mina, Róger Martínez, Marlos Moreno, Guillermo Celis, Dávinson Sánchez, voire les Jherson Vergara et autres Jaine Barreiro, oubliés les espoirs de James, Ospina, Bacca, et ou Falcao, el Piscis s’est retrouvé bien embêté à l’heure de devoir bricoler. Et les rêves d’or semblent s’être envolés.

Photo  : LUIS ACOSTA/AFP/Getty Images

Déséquilibre

Pourtant à y regarder de plus près, une fois la déception d’un rêve évanoui passée, les 18 olympiques rassemblés par Restrepo permettent d’envisager une sélection colombienne franchissant au minimum le premier tour, chose qu’elle n’est jamais parvenue à faire en cinq participations, la dernière en 1992. Et ce, même si cette Colombie va pencher vers l’avant.

Dans les buts, Restrepo devrait s’appuyer sur l’une des promesses de l’Atlético Nacional, l’excellent Cristian Bonilla dont la progression est d’une linéarité exemplaire (de son titre lors du Tournoi de Toulon en 2011 à la Libertadores 2016 en passant par deux présences dans le groupe des A lors de deux dernières Copa América). Sur les côtés, Palacios et Machado présents, cela faisait un souci de moins à gérer pour le sélectionneur cafetero. Il fallait alors reconstruire l’axe central, d’où l’appel à l’ancien William Tesillo pour venir apporter son expérience. Devant eux, la présence de Sebastián Pérez offre une certaine garantie de qualité à la récupération et à la relance, deux qualités qui pourraient venir rassurer un bloc défensif qui semble quelque peu plus faible qu’annoncé.

Mais une fois encore, malgré l’avalanche d’absences parmi les noms cités dans les rêves de mars, la Colombie va pencher en attaque, Restrepo disposant d’un réservoir de joueurs comme peu de sélections peuvent s’en targuer. Tout commence au milieu avec la présence de l’excellent petit créateur Andrés Roa. Découvert pour le Deportivo Cali par Agustín Garizábalo, Roita s’est installé dans la Verde aujourd’hui dirigée par Mario Yepes et fait partie de cette nouvelle génération de jeunes meneurs de jeu sur lesquels l’espoir du football colombien repose et devrait être l’enganche de cette sélection. A ses côtés, une pluie de talents.

En l’absence de la mobylette Marlos Moreno, Restrepo fait appel à la fusée Dorlan Pabón, toujours excellent dans sa capacité à accélérer les offensives et apporter de la profondeur aux Rayados et peut aussi compter sur le petit Arley Rodríguez, venu prendre place d’Andrés Renteria, et dont la capacité de vitesse, l’amour de la provocation par le dribble et donc la capacité à perforer sera d’une grande utilité. Reste au sélectionneur de trouver une animation offensive. Pour cela, Carlos Restrepo pourra piocher dans une liste contenant des stars confirmées comme l’est un Teófilo Gutiérrez, des grandes promesses comme l’est Harold Preciado, et une véritable machine à buts, révélation de la fin de Libertadores et probablement LE joueur à suivre côté colombien : Miguel Borja. Après avoir claqué 22 buts en 25 matchs avec Cortuluá, celui qui a en partie été formé à Cali et a déjà connu un bref passage en Europe a littéralement explosé pour ses débuts en Libertadores, ses 5 buts inscrits lors des demi-finales et de la finale de l’épreuve ayant offert le titre à son Atlético Nacional. Plus qu’une attraction, il devrait être une confirmation.

Photo : LUIS ACOSTA/AFP/Getty Images

Pas si mal ?

Reste donc la grande question : que peut espérer cette Colombie ? Pur produit d’un bricolage de dernière minute, cette sélection cafetera ne manque clairement pas de talents individuels mais ne disposera que de peu de temps de jeu collectif sur lequel s’appuyer. Présents en 1992, Iván René Valenciano et Víctor Danilo Pacheco ont ainsi préféré se montrer positifs lors qu’interrogés par El País pour donner leurs sentiments sur cette sélection. Regrettant le peu de temps pour se préparer, le premier a salué l’intelligence des choix de Restrepo dans la sélection des jokers plus âgés, quand le second s’est montré confiant.

Il y a finalement de quoi l’être, à l’heure où la sélection A est troisième de la dernière Copa América, où Santa Fe est tenant du titre en Sudamericana, compétition qui démarre pendant les Jeux avec dans son casting un Atlético Nacional récent vainqueur de la Libertadores, la sélection u23 peut s’appuyer sur une dynamique nationale des plus positives, son titre lors du Sudamericano 2013 et sa deuxième place en 2015 n’en étant finalement que des exemples supplémentaires. Reste que les Cafeteros ont hérité du groupe de la mort, ils débuteront le 4 août par le champion d’Europe suédois, poursuivront par le champion d’Asie japonais avant de conclure par le champion d’Afrique nigérian. Oui, il va falloir être positif…

Les 18 (en gras, les plus de 23 ans)

Gardiens : Cristian Bonilla (Nacional) y Luis Hurtado (Atlético).

Défenseurs :  Helibelton Palacios (Cali), Felipe Aguilar (Nacional), William Tesillo (Santa Fe), Cristian Borja (Santa Fe), Deivy Balanta (Junior), Déiver Machado (Millos).

Milieux :  Kevin Balanta (Cali), Sebastián Pérez (Nacional), Wílmar Barrios (Tolima), Jefferson Andrés Lerma (Levante), Andrés Roa (Cali).

Attaquants :  Hárold Preciado (Cali), Miguel Borja (Nacional), Andrés Rentería (Santos Laguna), Teófilo Gutiérrez (Sporting), Dorlan Pabón (Monterrey).

Photo une : LUIS ACOSTA/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.