Après les présentations individuelles des équipes « LO », place au guide final du tournoi olympique de football. L’heure de faire appel à des spécialistes des quatre coins du monde pour vous faire mieux connaître les participants à Rio 2016.

Dans le groupe du pays hôte se trouve un Européen, un Africain qui garde de bons souvenirs de lui, et un Asiatique plus dangereux qu’il n’y parait.

En 2000, l’Afrique du Sud croisait le Brésil aux JO de Sydney et s’imposant 3-1 avec notamment un but de Quinto Fortune. 16 ans plus tard, si le Brésil court toujours après son rêve d’or olympique, l’Afrique du Sud retrouve enfin les saveurs d’une compétition olympique mais abordera cette épreuve 2016 privée de son plus grand talent, appelé un temps à être parmi les futures révélations du tournoi de Rio, Phakamani Mahlambi, blessé. En son absence, les regards se tourneront vers Keegan Dolly, ailier rapide qui fut l’un des cadres du Mamelodi Sundowns, champion en mai dernier et demi-finaliste de la Champions League. Pour encadrer ses jeunes pousses, Da Gama fait appel à l’ultra-expérimenté ancien capitaine de la sélection A, Itumeleng Khune et à l’autre joueur de Kaizer Chiefs, Mulomowandau Mathoho. Les français suivront avec attention Lebo Mothiba, jeune joueur du LOSC mais si 2000 reste une référence pour les Amaglug-glug, le sort pourrait ne pas être bien différent, malgré la certitude de l’ancien, Quinton Fortune, qui les voit comme une « belle surprise des JO. »

Il faut dire qu’à leurs côté, l’inconnue irakienne peut tout à fait endosser ce costume. Quatrièmes à Athènes en 2004, les Lions de Mésopotamie compteront sur l’un des meilleurs latéraux d’Asie, Dhurgham Ismail, 21 ans, dont les performances de haut niveau lors de la AFC Cup lui ont valu un transfert en Turquie. Le sélectionneur Abdul-Ghani Shahad choisit un joueur d’expérience par ligne pour solidifier l’édifice d’une formation qui a terminée à la troisième de la dernière Coupe d’Asie, s’offrant le pays hôte après avoir été éliminée sur le fil en demi-finale par le futur vainqueur japonais.

Mais les deux favoris annoncés du groupe sont le Danemark et le pays hôte, favori de l’épreuve, le Brésil. Afin de parler du Danemark, nous avons laissé la parole à Claus Røndbjerg, rédacteur en chef sur @DanishFooty.

Présentation générale

Les Jeux Olympiques arrivent ! Bientôt, les athlètes du monde entier arriveront à Rio de Janeiro pour les Jeux. Un évènement tant attendu par tout athlète professionnel, mais pas en football. Même si les JO ne se déroulent qu’une fois tous les quatre ans, les footballeurs pros ne sont pas réellement excités par cet évènement. Ce n’est pas une Coupe du Monde, un EURO ou une Copa América… Cela n’est même pas au niveau d’une Champions League ou même un championnat domestique. Alors, comme le CIO n’a pas le même pouvoir que la FIFA, les clubs ne sont pas obligés de libérer leurs joueurs pour des JO qui se déroulent alors que les ligues nationales débutent. Cela touche aussi le Danemark.

Le sélectionneur national danois, Niels Frederiksen, a choisi principalement des joueurs issus du championnat local (ALKA Superliga), à quelques exceptions près. Les « légionnaires » seront Eddie Gomes (Henan Jianye),  Lasse Vibe (Brentford), Lasse Vigen (Fulham), Kasper Larsen (Groningen) et Nicolai Brock-Madsen (Birmingham). Frederiksen avait également appelé Uffe Bech (Hannover96) et l’un des plus grands talents Yussuf Poulsen (RB Leipzig), mais l’un comme l’autre n’ont pas été autorisés par leur club respectif à se rendre à Rio, obligeant le sélectionneur danois à se rabattre sur Jacob Barrett Laursen (OB Odense) et sur le jeune ailier de Dortmund Jacob Bruun Larsen (17 ans), que l’on a récemment vu lors du match amical disputé face à Manchester United en Chine (remporté par Dortmund 4-1) et qui sera l’un des plus jeunes participants au tournoi de foot olympique. Reste à savoir s’il trouvera du temps de jeu.

Voici les autres grands absents de la sélection, Niels Frederiksen n’ayant pu obtenir que les clubs les libèrent :

-          Viktor Fischer (Middlesbrough)

-          Andreas Christensen (M’Gladbach)

-          Pione Sisto (Celta Vigo)

-          Pierre-Emile Højbjerg (Southampton)

-          Riza Durmisi (Real Betis)

Emmené par Vestergaard, Sisto, Christensen et Fischer, le Danemark s’est qualifié pour les Jeux de Rio en atteignant la demi-finale du championnat d’Europe u21. A l’époque, ces joueurs étaient des héros, aujourd’hui, il faudra faire sans eux.

Placé dans le groupe A, le coach Frederiksen sait qu’il suffit de terminer second pour se sortir du groupe. Il ne fait aucun doute que le Brésil, emmené par Neymar, sera devant et grand favori. Ce sera d’ailleurs un gros test pour les Danois. Ensuite viennent l’Afrique du Sud et l’Irak, deux pays que le Danemark n’a pas joués depuis bien longtemps. L’Afrique du Sud parait supérieure à l’Irak sur le papier et devrait poser des soucis au Danemark.

Joueurs à suivre

Les trois joueurs à suivre seront :

-          Andreas Maxsø (FC Nordsjælland – défenseur)

-          Mikkel Desler (OB Odense – milieu)

-          Lasse Vibe (Brentford FC – buteur)

Maxsø a réalisé une saison formidable avec Nordsjælland. Au point que deux des meilleurs clubs du pays, Copenhagen et Brøndby voulait l’attirer. Mais le jeune a choisi de rester dans son club et pourrait devenir un grand défenseur central dans l’avenir. Aucun doute qu’un grand tournoi de sa part attirera des clubs de l’étranger.

La saison dernière, Mikkel Desler figurait dans la liste des 12 joueurs à suivre. Malheureusement, les blessures ont freiné sans progression et il n’a pas joué pendant environ 7 mois. Heureusement, tout semble être désormais derrière lui et le milieu, qui peut aussi assurer le job en défense, semble de nouveau à son meilleur niveau. Le joueur du OB Odense devra joueur à son meilleur niveau pour garder sa place mais nul doute que s’il reste en forme, il sera dans le 11 de départ.

Lasse Vibe. Le mi-Suédois. Le Viking. Le braconnier aux cheveux longs. Le buteur danois cumule les surnoms. Vibe n’est pas un u23, il a 29 ans, et est titulaire à Brentord, en Championship. Avec son club, il a inscrit 14 buts en championnat la saison dernière après avoir été le meilleur buteur de l’IFK Gothenburg (Suède), avec 31 buts en 56 apparitions. Il sera notre principale menace avec Nicolai Brock-Madsen.

Les attentes

Le Danemark est médaillé d’argent aux JO de 1900 et 1912 mais un tel objectif n’est pas dans les esprits cette fois. Frederiksen et son équipe espèrent passer le premier tour. Alors, tout ne sera que bonus.

Pour tout savoir de la sélection brésilienne : JO 2016 : Le Brésil, à la conquête de l'or olympique

Trois champions de Confédérations et un nouveau grand du continent, le groupe B a tout du groupe de la mort. Trois de ses quatre membres vont ont été présentés.

JO 2016 : Colombie, bricolage et espoirs déçus
JO 2016 : Nigeria, l’or en hommage à Keshi
JO 2016 : Japon, la bonne surprise ?

Pour évoquer la Suède, nous faisons place à Rodolphe Wilhelm (que vous pouvez suivre sur Twitter), en collaboration avec @AllsvenskanF.  

Il est loin le temps où la Suède dominait l’Europe avec son trio d’attaque Gre- No – Li (Gunnar Gren, Gunnar Nordahl, Nils Liedholm) qui avait emmené la Suède sur le toit des Jeux Olympiques de 1948 au Royaume Uni face à la machine de l’ex-Yougoslavie (9 participations aux JO), la sélection nordique devenant l’une des rares nations non issue du bloc de l’Est à venir s’immiscer sur un podium olympique entre 1948 et 1980 (lire JO 2016 : Le football aux Jeux Olympiques, histoire d'une longue rivalité).

Malgré cela, et une équipe senior vieillissante (pas de JO pour Zlatan) comme on l’a pu le voir lors du dernier Euro, la Suède a un vivier de jeunes joueurs talentueux, comme ils l’ont démontré lors de l’Euro U21 en 2015, et leur victoire aux TAB contre le Portugal de Bernardo Silva. La Suède pourra compter sur Håkan Ericson, le coach des – 21 en 2015, qui emmènera une sélection qu’il connait bien avec 6 joueurs sur 18 qui ont disputé la finale en 2015.  Des expérimentés et des absents dans cette sélection suédoise. Pour les plus ‘’anciens’’ on pensera a Milosevic (joueur du Besiktas), avec déjà plus de 20 sélections en U21 et quelques-unes en A.  Ishak, Tibbling et Quaison  seront aussi là pour épauler les plus jeunes comme Ken Sema, qui profite de plusieurs blessures, à l’image de celle de Noah Sonko-Sundberg, ou le refus des clubs de laisser partir leurs joueurs à Rio tels que Jordan Larsson (fils d’Henrik Larsson), Lindelöf ou encore Guidetti. D’ailleurs, ces 2 joueurs avaient été les têtes de gondoles de l’Euro 2015 des U21

Les joueurs à suivre

Robin Quaison, le joueur qui évolue depuis quelques années en Italie à Palerme et qui devrait signer à l’Atalanta, est un milieu très complet, pouvant également évoluer sur le front de l’attaque. Il a joué plus de 15 matchs avec Palerme l’an dernier et a déjà acquis une certaine expérience malgré son jeune âge. Simon Tibbling est déjà un des cadres de cette sélection et de son club (plus de 30 matchs avec Groningen cette saison) et si les Blågult participant à cette compétition, ils le doivent à ce joueur qui, à la 89ème minute en match de poule, avait permis de faire un match nul face au Portugal, mais aussi d’assurer la qualification pour les JO. Joueur suivi il n’y a pas si longtemps que ça par le grand Ajax, ses forces résident au fait de pouvoir faire une liaison parfaite entre la défense et l’attaque, tout en apportant une technique et un volume de jeu important. Enfin, Alexander Fransson, grand contributeur du titre de Norkkoping en 2015. Il a tapé dans l’œil des recruteurs du FC Bale et sera un des hommes à suivre en Super League cette année. Milieu, mais capable d’être à la finition il sera sans doute l’homme en forme et l’homme à suivre dans les prochaines années du côté de la Suède. Il avait été récompensé de son travail avec un stage avant l’Euro avec les A.

Pourquoi la Suède va remporter le tournoi ?

La Suède,  à travers son coach qui a cette expérience et connait bien cette équipe, saura parfaitement diriger ses hommes. Le milieu de terrain est très complet et possède déjà une certaine expérience du haut niveau dans des championnats majeurs (Italie, Pays Bas, Suisse) et dans les différentes sélections suédoises (U21, U19, U 17 et même en A pour certains)

Pourquoi ils ne gagneront pas ?

On ne va pas se le cacher que cette sélection est amputée de ces meilleurs joueurs, retenus pour la plupart dans leurs clubs (Larsson, Guidetti, Engvall…) ou à cause de blessures comme Suljic (Chelsea) Noah Sonko Sundberg (AIK, prêté à Sundsvall). Ce dernier sera tout de même dans le groupe, mais sans doute diminué.  L’autre interrogation sera Valmir Berisha (remplaçant de Larsson) qui malgré une réputation de buteur (meilleur buteur a la Coupe du Monde des – 17 ans en 2013) et un parcours jeune plus qu’honorable (AS Roma), est actuellement sans club depuis son départ du SC Cambuur aux Pays-Bas (on l’annonce de retour en Allsvenskan). Il aura la lourde tâche de faire oublier les ‘’stars’’ de cette équipe qui n’ont pas pu venir disputer ce tournoi de grande ampleur.

S’il est un petit poucet, il est certainement dans ce groupe C avec les Fidji. Jamais dans l’histoire des Jeux, les Bula Boys n’avait connu telle ivresse. Mais les joueurs de Frank Farina semblent s’habituer à écrire l’histoire. Il y aura ainsi eu cet incroyable tournoi de qualification et notamment la victoire surprise, tant par son ampleur que par son dénouement, face à la Papouasie Nouvelle-Guinée en demi-finale, il y aura eu ensuite la disqualification de la Nouvelle-Zélande, ogre de la zone qui règne sans partage sur l’Océanie, qui a offert aux Fidji l’abordable Vanuatu en finale pour Rio. Il y aura eu ensuite la victoire aux tirs au but qui permettait aux joueurs de Farina d’aller pour la première fois de leur histoire disputer une telle compétition. Alors il ne faut pas s’imaginer l’impossible, sur le papier, les Fidji n’ont aucune chance. Mais leur présence aux Jeux, déjà une victoire colossale pour un pays de 800 000 habitants. S’il ne faut pas imaginer les iliens en Islande version Rio 2016, les JO seront l’occasion de voir la star locale, légende absolue, Roy Krishna, qui a fait l’intégralité de sa carrière en Nouvelle-Zélande, repoussant le PSV pour lui préférer Wellington, qui est rentré dans l’histoire en devenant le premier Fidjien à marquer lors d’une phase finale d’une compétition organisée par la FIFA (c’était lors de la Coupe du Monde des Clubs 2013 avec Auckland City face au Raja) et qui surtout, avec ses 90 buts inscrits en 152 matchs pros, sera l’arme principale de l’attaque des Bula Boys.

Présentation du Mexique : JO 2016 : Mexique, défendre l'or des Aztèques

Pour évoquer le représentant européen, nous sommes allés poser trois questions à Quentin Guéguen que vous pouvez croiser sur l’excellentissime Footballski.  

Quelles sont les forces et les faiblesses de la sélection ?

L’Allemagne est une équipe très inexpérimentée sur le plan international, elle a vraiment peu de repères en tant que groupe. Même les trois joueurs de plus de 23 ans ne sont pas des pointures, au niveau allemand en tout cas, car les deux Bender restent des très bons joueurs, Petersen est là parce que ça manque cruellement de buteurs au niveau des jeunes allemands, si l'on excepte Selke qui est présent également. On peut ajouter Werner, mais il joue depuis cet été dans le même club de Selke et Leipzig n'allait pas lâcher ses deux attaquants. La fédération et les clubs s'étaient d'ailleurs mis d'accord sur le principe qu'il n'y aurait pas plus de deux joueurs sélectionnés par club. Les 18 allemands restent très talentueux. Si ce ne sont pas les 18 meilleurs puisque certains expérimentés (Can, Draxler) et plus jeunes (Kimmich, Weigl, Sané) ont été à l'Euro, que Volland, Karius Weiser et Dahoud ont préféré se concentrer sur leur club (les deux premiers ayant changé de club cet été), la sélection reste très solide quand on voit des joueurs comme Goretzka, Meyer, Brandt ou Selke. Il y a beaucoup de joueurs des équipes de milieu de tableau de Bundesliga, comme Süle et Horn qui sont déjà des cadres dans leur club respectif. Pour certains, ça va être une première grande expérience internationale (Bauer, Christensen, Max).

La grande force de l'Allemagne, comme chez les grands, sera le milieu de terrain. C'est là où le talent est concentré. Si le milieu de terrain tourne, tout est possible car cela masquera les possibles faiblesses défensives et le manque de réalisme devant. S'il continue sur sa lancée de la fin de saison dernière, Julian Brandt peut être l'un des joueurs de ces JO.

Le tournoi de football olympique suscite-t-il un intérêt outre Rhin ? Il y a-t-il un objectif de fixé ?

Le problème des JO, et ce n'est pas qu'en Allemagne que cet effet est ressenti, c'est qu'ils sont mal placés. La Bundesliga reprend, certains clubs veulent se qualifier en Coupe d'Europe et il y avait l'Euro juste avant. De plus, le format U23 ne prête pas vraiment à un suivi massif. Il est clair que si l'Allemagne est éliminé en poules, ça ne changera rien. Les plus passionnés suivront de près, les autres ne se réveilleront pas pour regarder les matchs. Mais l'Allemagne reste l'Allemagne et elle veut toujours gagner les tournois auxquels elle participe. Elle s'est quand même battue pour y participer, autant y faire figure.

Les joueurs, les deux Bender et Brandt notamment, avaient très envie de jouer ces JO, certains ont refusé d'y aller. C'est un peu le bordel mais si pour les joueurs et l'entraîneur, ça reste un objectif - Hrubesch a logiquement dit qu'ils allaient jouer tous les matchs pour les gagner, les suiveurs n'en tiendront pas compte. Si on perd, ce n'est pas grave, si on gagne, c'est bien. En gros. Mais c'est la première fois depuis 1988 que l'Allemagne est présente aux JO en football masculin donc ça reste un petit événement !

Un pronostic ?

L'Allemagne peut espérer terminer au-dessus des Fidji.

Présentation de la Corée du Sud : JO 2016 : la Corée du Sud vise un nouvel exploit

Qui ne se souvient pas du parcours du Honduras lors des Jeux Olympiques de Londres ? Des trois buts de Jerry Bengston en phase de poule, dont celui qui éliminait l’Espagne de De Gea et autres Mata et Jordi Alba, au scénario incroyable du quart de finale perdu sur le fil face au Brésil de Neymar, les jeunes Catrachos avaient marqué l’épreuve de leur empreinte. Quatre ans plus tard, avec l’excellent Jorge Luis Pinto aux commandes, l’homme de l’exploit costaricain en Coupe du Monde 2014, avec un membre de la fratrie Palacios aux manettes et un duo d’attaque à suivre de près, Anthony Lozano, déjà en Espagne, Albert Elis, jeune pépite d’Olimpia, le Honduras va devoir oublier son glorieux passé pour essayer de renverser un groupe D qui s’annonce bien relevé pour lui avec l’Argentine, l’Algérie et le Portugal.

Pour évoquer la sélection algérienne, nous avons posé trois questions à deux spécialistes : Maher Mezahi (@MezahiMaher, journaliste freelance algérien) et Walid Z. (@bylka613, journaliste à dzfoot.com).   

Pouvez-vous nous présenter la sélection olympique, ses forces, ses faiblesses, les joueurs à suivre, les grands absents (s'il y en a) ?

WZ : C'est une équipe solide tactiquement, qui est très bien organisé et qui joue en bloc. Pour ses faiblesses, c'est le manque de vitesse sur les côtés dans un système avec 2 ailiers et des défenseurs pas très costauds. Pour les joueurs à suivre: l'attaquant du Sadd Baghdad Bounedjah, qui a compté déjà 5 sélections avec les A et qui a marqué 5 buts en 7 matchs avec la sélection Olympique. Il était meilleur buteur de championnat tunisien il y a 2 ans et meilleur buteur de la Coupe de la Confédération Africaine avec l'Etoile du Sahel (NDLR : et dont nous avions fait le portrait). Il y a aussi des jeunes joueurs comme Raouf Benguit (20 ans), formé au Paradou avec Ramy Bensebaini (Rennes) et le milieu de terrain de l'USM Alger, Mohamed Benkhemassa, qui ont fait une super CAN U23 l'année dernière au Sénégal, ainsi que le gardien Abdelkader Salhi. 

Pour les grands absents, c'est sans doute Zinedine Ferhat (Le Havre, ailier droit) et Oussama Chita (MC Alger, milieu défensif). Pour Ferhat, il a été suspendu par la Fédération après avoir quitté un stage avec la sélection Olympique pour aller s'engagé avec Le Havre. Quant à Chita, il a été blessé en championnat le mars dernier. 

MM : Sur le papier, l’équipe a quelque peu changé au cours des 12 derniers mois. Cela pourrait être un point faible car cela rend compliqué d’imaginer le style de jeu et son identité. La seule constante reste l’approche offensive du 4-3-3 de Pierre-André Schumann qui se transforme en 4-5-1 en phase défensive. Lors de la CAN u23 2015, l’Algérie a utilisé ce que certains ont appelé une stratégie négative : disciplinés, un bloc bas qui permettait de frapper en contre-attaque. Les mini-Fennecs ont connus quelque succès en appliquant cette recette, mais l’absence de Zinedine Ferhat pourrait perturber cette capacité à rapidement de projeter en contre. Outre Ferhat, les absences d’Oussama Chita et Ahmed Gagaa au milieu seront importante. La Fédération a tenté de compenser en allant chercher deux joueurs « Européens », le tourangeau Haris Belkebla et le joueur de Gijon, Rachid Ait-Athmane. Comme les JO ne sont pas inclus dans le calendrier FIFA, plusieurs talents algériens seront absents comme le défenseur de Rennes Ramy Bensebaini, Said Benrahma et Nabil Bentaleb. Cela dit, Schumann dispose d’un large pool de talents. Baghdad Bounedjah est par exemple l’un des joueurs les plus talentueux que l’Algérie a produit au cours de la dernière décennie. Ses choix de carrière sont discutables mais un bon tournoi à Rio devrait lui ouvrir les portes de l’Europe. Il sera l’homme à suivre avec Haris Belkebla et le défenseur de l’USM Alger Raouf Benguit.

Des objectifs ont-ils été fixés ?

MM : Pas par la Fédération, qui n’a pas donné d’objectif précis mais les gens avec lesquels j’ai discuté veulent simplement que la sélection donne une bonne image. Se qualifier pour le deuxième tour sera une bonne surprise.

WZ : La FAF a initialement parlé d'une place sur le podium (top 3), le président Mohamed Raouraoua a revu ses objectifs à la baisse en décidant de viser "une place honorable". 

Si je ne me trompe pas c'est seulement la 2e participation depuis l'Algérie de 1980 de Madjer et Belloumi. Ce tournoi a-t-il une réelle importance au pays, auprès des supporters, dans les médias ?

WZ :Pour les vrais amateurs de football, c'est un grand événement, mais pour le grand public, il n'y a aucun intérêt réel, surtout qu’il n’y a pas de stars dans l'équipe comme Mahrez ou Slimani.  

MM : En tant que competition sportive, les Jeux Olympiques sont un grand évènement en Algérie. Mais du côté du football, les JO n’ont pas la même importance qu’une CAN ou une Coupe du Monde. C’est plus particulièrement le cas cette année avec la Fédération qui n’a pas pu convaincre des stars de l’équipe A comme Islam Slimani ou Riyad Mahrez. Néanmoins, le grand public va garder un œil sur les résultats de la bande à Bounedjah. S’ils remportent quelques matchs, ils auront le public derrière eux.

Votre pronostic ?

MM : Personnellement, je ne suis pas très optimiste mais je ne m’attendais déjà pas à les voir déjà si loin. Ils ont réussi à me surprendre une fois, ils peuvent le refaire.

WZ : Ça va être très difficile dans une groupe avec l'Argentine et le Portugal (et même le Honduras qui a battu l'Espagne en 2012), mais je pense qu'on a une équipe qui peut atteindre les quarts de finale voire même aller plus loin. 

Présentation de l’Argentine : JO 2016 : Argentine, le remède contre la déprime

Dernier candidat du groupe, le Portugal qui avait sur le papier tout pour conclure une année exceptionnelle et faire de 2016 la plus belle année de l’histoire du football. Nous avons discuté avec Nicolas Vilas (journaliste à SFR Sport que vous pouvez lire dans France Football, sur son excellent blog Blogolo, entendre sur RMC Sport et suivre sur Twitter) et Alexandre Teixeira (journaliste à SFR Sport que vous pouvez également suivre sur Twitter)

J’ai cru comprendre que les choix qui ont été faits ont suscité bien des débats…

AT : Un peu beaucoup. Là, on n’a même pas la sélection B ou C mais la Z. Si tu compares les listes de convoqués à l’Euro espoir de l’an dernier et cette liste, tu dois en garder trois ou quatre, et encore. Les clubs refusaient de libérer les joueurs. Pour te donner un exemple, lorsque Rui Jorge arrive en conférence de presse pour dévoiler la liste, 10 minutes avant, il a un club qui l’a appelé pour lui dire « finalement notre joueur, on ne le libère pas. » Il a donc fallu revoir les ambitions à la baisse. La médaille d’or qu’on pouvait espérer, on l’a remplacé par être content si on passe le premier tour, surtout quand tu dois taper l’Argentine.

En plus le Portugal et les JO, ce n’est pas une grande réussite

AT : Non, la dernière fois, c’était 2004 avec la génération Ronaldo et on ne passe pas le premier tour. Et donc cette année, la seule chose qui est demandée à l’équipe, c’est de bien figurer dans le tournoi. On a pris des joueurs de plus de 23 ans….il prend un joueur du Nacional et tu as André Martins qui vient d’être viré par le Sporting, Il y a Sérgio Oliveira remarque, capitaine des espoirs l’an passé, qui a été libéré par Porto, au passage ça en dit long sur son avenir au club. Donc ça va être difficile de faire bonne figure.

Et il reste des joueurs intéressant à suivre ?

AT : Au milieu tu as quelques anciens de la génération u20 de 2014 comme Tomás Podstawski ou Francisco Ramos, tous deux sortent de Porto et tu as Bruno Fernandes d’Udine, un bon joueur de ballon. Après, un joueur comme Gonzalo Paciência sort d’une mauvaise saison à l’Academica, il ne reviendra probablement pas à Porto c’est dire. Il est en train de stagner voire de décevoir. Même au niveau des gardiens Bruno Varela ce n’est pas top, Joel Castro Pereira de Manchester, je ne connais pas vraiment, Nico Vilas me dit qu’il est excellent.

Conséquence, au Portugal, les médias ou les gens s’intéressent aux Jeux ?

NV : On parle surtout des polémiques. Rui Jorge a bien dit que les clubs étaient libres de ne pas libérer les joueurs ce à quoi le président de la fédé a répondu qu’effectivement, les clubs étaient dans leurs droits mais qu’il allait essayer d’en discuter avec les instances pour savoir pour quelle raison cette année, les JO ne sont pas une date FIFA. C’est ça qui les emmerde. Ils n’en veulent pas aux clubs mais aux organisateurs et à ceux qui mettent ça pendant ces dates. Donc pour l’instant, on parle surtout des JO à travers le prisme de la polémique alors qu’au Portugal, il y a une vraie culture du football des jeunes. Depuis qu’il y a eu les champions du monde juniors 89 et 91, le fait que le Portugal n’ait jamais rien gagné chez les A jusqu’à cette merveille année, cette extraordinaire victoire et ce but merveilleux d’Eder en finale de l’EURO en France, il y avait une vraie culture du foot des jeunes, qui avaient un peu compensé. Donc oui, on en parle quand même, et s’ils gagnent on en parlera davantage.

Et tu penses qu’ils peuvent aller chercher une médaille vu ce qu’il reste ?

NV : Je ne sais pas. C’est un peu bizarre au niveau de la composition du groupe. D’ailleurs l’expression employée par Rui Jorge c’est : « la liste a été faite de façon surréelle. » A chaque fois qu’il cochait un nom, le club ne le libérait pas. Il y a eu aussi l’affaire Nuno Santos qui revenait de blessure, a été convoqué mais a refusé s’estimant pas près. Depuis avec Rui Jorge ils règlent les comptes. Vraiment, pour l’instant, on ne parle des JO que sous l’angle de la polémique.

 

Photo une : Cameron Spencer/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.