Fin de la phase de groupe de la Coupe du Monde u20. Si certaines nations ont confirmé les espoirs placés en elles, d’autres auront profondément déçu. Bilan.

Coupe du Monde u20 2017 : le guide

Venezuela, Uruguay et Zambie, les confirmations

Au pays des représentants Lucarne Opposée à la Coupe du Monde u20, il y a les équipes qui convainquent comme le Venezuela, l’Uruguay et la Zambie. Depuis des mois, nous ne faisons que nous émerveiller sur la jeune génération de la Vinotinto qui déborde de talent au point d’en faire notre équipe sensation de l’épreuve. Les pibes de Dudamel ont semble-t-il mis un point d’honneur à confirmer leur statut. Après avoir dominé l’Allemagne en ouverture, la bande à Soteldo s’est promenée face au Vanuatu pour signer un carton, le plus gros score de l’épreuve cette année (encore loin du 10-0 brésilien de 1997 mais tout de même). Certes l’adversaire n’est pas un cador mondial mais allez en parler aux Mexicains et aux Allemands qui ont eu toutes les peines du monde à s’en défaire. Le Venezuela a d’ailleurs confirmé ses belles dispositions en s’offrant un dernier succès face au Mexique, comme pour souligner sa domination sans partage sur le groupe. Cette troisième victoire en trois matchs aura été acquise grâce à deux pépites de Caracas : Sergio Córdova, auteur d’une merveille d’enchaînement et qui devrait rapidement sortir de son relatif anonymat grâce ses performances individuelles durant cette compétition, et Wuilker Fariñez, que les habitués de Lucarne Opposée connaissent désormais par cœur et qui aura une fois encore été déterminant dans les buts notamment devant la menace Cisneros. Trois victoires, 10 buts inscrits, aucun encaissé, le Venezuela a déjà confirmé son statut de sensation et va offrir l’un des huitièmes de finale les plus excitants de l’épreuve face au Japon. Les Samurai Blue reviennent de loin mais seront bien présents en huitièmes. Opposés à l’Italie lors de l’ultime journée du groupe, avec une obligation de prendre au moins un point, les hommes d’Atsushi Uchiyama ont débuté de la pire des manières, en encaissant deux buts d’entrée de partie (3e et 7e minute) mais ont su renverser une situation annoncée compromise grâce notamment au talent du gamin de Gamba, Ritsu Doan auteur d’un doublé. Les deux équipes apprenant en fin de partie qu’Uruguay et Afrique du Sud restaient sur un 0-0, on aura ainsi eu à des minutes finales dignes d’un RFA – Autriche de 1982, le ballon restant dans les pieds des défenseurs italiens qui le faisaient tourner gentiment pendant plus de 5 minutes sans qu’il n’y ait aucun pressing adverse. L’Italie affrontera la France en huitièmes pour un remake de la finale de l’EURO espoir (l’Italie avait pris un sévère 4-0).

L’Uruguay confirme son rang de favori à la victoire finale et fait partie des satisfactions. Après avoir écarté l’Italie, la Celeste a tranquillement géré le Japon avant de souffler face à l’Afrique du Sud en clôture du groupe. Même son de cloche du côté de la Zambie qui avait assuré sa qualification dès la deuxième journée, et un large succès face à l’Iran (après avoir pourtant été mené 0-2 en début de deuxième mi-temps) et est tombée en clôture du groupe face au Costa Rica.

Bilan mitigé pour l’AmNord

Des Ticos qui reviennent de loin. Battus par les Iraniens en ouverture, les hommes d’Herrera jouaient gros face au Portugal lors de la deuxième journée. Le match commençait avec une surprise coté Ticos, Herrera ayant décidé de faire payer la défaite face à l’Iran à Leal qui commençait sur le banc et alignait un 5-4-1 avec Marín seul en pointe. Une formule défensive qui allait voir les Ticos souffrir et être sauvés à plusieurs reprises par Pineda, notamment devant Silva. Le manque d’ambition des hommes d’Herrera allait alors être justement récompensé par l’ouverture du score pour le Portugal sur penalty. A la pause, la mission qualification des Ticos semblait impossible, ces derniers étant obligés de marquer alors qu’ils ne s’étaient procuré aucune occasion dans les 45 premières minutes. Les hommes d’Herrera allaient être sauvés par les erreurs portugaises. La défense portugaise offre un penalty aux Ticos dès le retour des vestiaires, Jimmy Marín en profite et égalise. C’est inespéré pour le Costa Rica et un deuxième cadeau va leur être offert par le Portugal à la 71ème minute lorsque le capitaine Rúben Dias envoyait son coude dans un visage adverse et voyait rouge. Malgré la supériorité numérique, les Ticos d’Herrera allaient se contenter de faire courir le chronomètre. C’est là que se pose la question de l’approche tactique du sélectionneur. Pineda, le portier tricolore prend un carton jaune pour gain de temps, malgré les changements offensifs avec les rentrées de Leal et Daly le score n’évoluera plus. Voilà comment le Costa Rica se retrouvait à jouer sa survie face à la Zambie lors de la dernière journée. Et là encore, un miracle. Longtemps totalement dépassés par l’équipe zambienne, sauvés par leur barre et par la vidéo en fin de partie, les Ticos ont réussi à décrocher une place en huitièmes sur un nouveau penalty transformé en deux temps par Daly au quart d’heure. Loin d’être convaincants, les hommes d’Herrera ont pourtant rempli leur objectif et joueront une Angleterre parfois chanceuse mais surtout très convaincante face au pays hôte en clôture du groupe A, à l’image d’un Ademola Lookman qui aurait tellement mérité de marquer un but pour récompenser son grand match, et qui termine première devant la Corée du Sud et l’Argentine, l’une des grandes déceptions de cette épreuve (nous allons y revenir).

 

  

Encore une fois, pour la deuxième journée, les États-Unis se rendaient au Stade d’Incheon pour affronter son adversaire du groupe F, le Sénégal. Le Sénégal était premier de son groupe et les Américains pouvaient passer en tête avec une victoire puisque l’Équateur avait chuté face à l’Arabie Saoudite. Les seuls changements dans l’effectif étaient le remplacement de Tommy Redding par Cameron Carter-Vickers en défense et Gedion Zelalem, blessé au genou, était remplacé par Derrick Jones au milieu. Les Stars and Stripes avaient un meilleur début de rencontre qu’au dernier match face à l’Équateur où ils avaient encaissé deux buts dans les 7 premières minutes. Ils marquaient même le premier but à la 34e, lorsque l’attaquant seulement âgé de 17, Josh Sargent, venait marquer son 3e but de la compétition à la suite d’une passe de Luca De La Torre. À la mi-temps, le Sénégal n’avait pas encore fait de tir cadré et les États-Unis étaient en route vers une première victoire dans la compétition. En début de deuxième mi-temps, les États-Unis se procuraient les meilleures chances de marquer mais le gardien sénégalais Mouhamed Mbaye s’interposait à chaque fois pour permettre à son équipe de rester dans la rencontre. Les Sénégalais tentaient de répliquer à maintes reprises avec une domination dans les duels aériens, mais manquant de finition, le gardien Jonathan Klinsmann n’était jamais sollicité avec seulement 2 arrêts effectués en 2e mi-temps. Résultat final 1-0 pour l’équipe entraînée par Tab Ramos dans une rencontre sans embuche qui leur permettait alors de prendre la tête du groupe F et d’avoir de grande chance d’aller en huitième de finale pour la 5e fois de leur histoire. Encore fallait-il assurer lors de la dernière journée, ce que les Stars and Stripes ont parfaitement réussi face à l’Arabie Saoudite. Non sans mal. Car après avoir notamment ouvert le score à cinq minutes de la pause, les USA se sont retrouvées contraints de disputer les 45 dernières minutes du groupe en infériorité, Cameron Carter-Vickers voyant rouge juste avant de rentrer aux vestiaires. C’est alors que l’Arabie Saoudite s’est montrée véritablement dangereuse, notamment dans le dernier quart d’heure après l’égalisation signée Abdullah Al Amri. Mais les hommes de Tab Ramos ont tenu bon et mieux, ils remportent le groupe, profitant du nul sans but entre Sénégal et Équateur. Et voilà comment l’Amérique du Nord place trois représentants en huitièmes, le Mexique, sans trop convaincre non plus, parvenant à sortir de son groupe.

Enième échec argentin

L’Équateur restera l’une des déceptions de la planète Lucarne Opposée lors de cette Coupe du Monde. Après avoir été accroché par les USA dans les ultimes instants du premier match, la miniTri aura ensuite pêché par naïveté, aussi bien en défense qu’en attaque. Ç’aura été le cas face à l’Arabie Saoudite, un match perdu alors que les Sud-Américains ont tiré 23 fois au but et eu 63% de possession mais plombé par une multitude de mauvais choix offensifs, d’occasion gâchée et d’espaces laissés en défense que les Saoudiens ont parfaitement exploité. Ç’aura été encore les cas lors de la finale du groupe face à Sénégal, match passionnant et enlevé que les Équatoriens n’ont pas su remporter alors qu’ils ont eu plusieurs opportunités de le faire, la plus incroyable restant sans doute le trois contre un totalement vendangé par Rojas en fin de rencontre. Si collectivement l’Équateur peut s’appuyer sur ce groupe, il devra mûrir pour espérer aller plus haut. Le chantier est cependant moins important que celui qui se présente à l’Argentine.

Malgré la large victoire en clôture du groupe face à la Guinée, l’Albiceleste a confirmé ce qu’on ne voulait pas véritablement espérer (mais ce à quoi on s’attendait) : à force de sacrifier son travail chez les jeunes, elle n’est plus au niveau. La qualification miraculeuse aura été un nouvel arbre qui cache la forêt d’un football totalement délaissé. Sélection la plus titrée dans cette catégorie, au cours des 10 dernières années, l’Argentine a manqué deux Coupes du Mondes des u20 et n’est sortie qu’à une reprise de la phase de groupe (en 2011), quittant dès la phase de groupe à deux reprises. Le constat est implacable, il reflète une vaste hypocrisie organisée jusqu’à la fédération dans un pays qui ne respecte plus ses sélections de jeunes et ne coordonne pas ses efforts pour produire ses nouveaux talents pour autre chose que l’export le plus rapide pour remplir les caisses des clubs, le cas Barco, absent alors que sélectionné mais retenu par son club, Independiente, présidé par le numéro 2 de l’AFA n’est qu’une simple illustration. Alors, pendant que les autres pays n’ont cessé de travailler (nous l’avions évoqué il y a un an et demi, depuis, rien n’a changé en Argentine), de s’organiser, l’Argentine est devenue rentière des talents spontanés qu’elle a la chance de voir naître. Et sort une fois encore avec un seul mot en tête, celui de devoir reconstruire oubliant de fait qu’elle ne construit plus rien depuis une bonne décennie. Reste à savoir si l’aveuglement et l’hypocrisie vont durer encore longtemps…

La Nouvelle Zélande réussit sa mission

Lors de notre présentation de la compétition, nous avions souligné la possibilité offerte aux jeunes Néo-Zélandais de profiter d’un groupe à leur portée pour décrocher une nouvelle place en huitièmes de finale, deux ans après la performance historique décrochée à la maison (élimination à ce stade face au Portugal). Mission accomplie. Car si les Junior All-Whites n’ont rien pu faire face à la machine française, battus notamment sur une merveille de Saint-Maximin, ils ont gagné le match qu’il fallait remporter, la finale pour la deuxième place face au Honduras.

 

 

Pour cela, les hommes de Darren Bazeley ont appliqué une recette efficace : attendre les erreurs adverses et s’appuyer sur le talent (annoncé par nos soins) de Myer Bevan. La pépite nationale, partie en MLS, a signé un doublé qui envoie les siens en huitièmes. Le destin étant joueur, il y croisera le représentant de son championnat d’adoption : les USA.

Programme des huitièmes

Venezuela – Japon

Corée du Sud – Portugal

Uruguay – Arabie Saoudite

Angleterre – Costa Rica

Zambie – Allemagne

Mexique – Sénégal

France – Italie

USA – Nouvelle-Zélande

 

Par Nicolas Cougot, Grégory Chaboche et Antony de Varennes pour Lucarne Opposée

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.