Première journée du tournoi masculin et deux favoris montrent les crocs. Le Mexique dompte la France quand le tenant du titre déroule. Pendant ce temps, si le Japon réussit son entrée, Corée du Sud rate la sienne.

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Le Mexique dompte des Bleus pâles

D’un côté une équipe parfaitement préparée, avec des joueurs totalement aguerris aux joutes nationales et internationales, qui se préparent depuis des mois pour ce rendez-vous. De l’autre, une équipe composée à la va-vite, faute à des clubs nationaux qui refusent de libérer leurs meilleurs éléments pour que ceux-ci préparent leur future saison. Ajoutez à cela un sélectionneur en échec avec une génération dorée pour les uns, un ancien international qui construit patiemment pour les autres, versez un groupe au talent indéniable et vous obtenez une démonstration du chemin à suivre quand on évoque des compétitions de jeunes.

Car n’en déplaise à certains, les Jeux Olympiques sont une Coupe du Monde des U23 et le Mexique, comme bien d’autres pays, l’a bien compris : en offrant ses compétitions à ses meilleurs jeunes, il construit ses A de demain. Le Tri a rapidement contrôlé des Bleus sans réelles idées et où les rares combinaisons sur les ailes ne donnaient rien et au sein desquels André-Pierre Gignac se retrouvait rapidement seul à se démener devant. De l’autre côté, le trio Romo-Córdova-Rodríguez s’installait petit à petit, Aguirre commençait à faire mal dans le couloir gauche pendant que Lainez montait en régime à droite. Si Vega était actif devant, Martín plus discret, on sentait qu’une fois la machine en route, les dégâts seraient considérables. Ils le furent au retour des vestiaires. Une accélération de Diego Lainez, un numéro de soliste suivi d’un centre en retrait 1-0, 47e. Une ouverture millimétrée de Rodríguez pour Córdova, 2-0, 54e. En sept minutes, la discipline tactique et les idées mexicaines avaient pris le dessus sur le brouillon français. La suite n’était que gestion, à peine perturbée par la réduction de l’écart signée APG sur un penalty obtenu par Kolo Muani dont l’entrée aurait pu être bien plus décisive s’il avait appuyé sa tête quelques instants plus tard sur une remise parfaite d’APG. Le Mexique a contrôlé, déroulé et offert un feu d’artifice final, Antuna et Eduardo Aguirre pliant l’affaire dans les ultimes minutes pour offrir au Mexique une large victoire (4-1) qui confirme les ambitions d’un Tri très excitant à voir jouer.

L’Argentine s’écroule

Si la France n’en finit plus de se demander si Sylvain Ripoll a une véritable direction dans le chemin qu’il entreprend de faire prendre à son équipe, l’Argentine se pose la même question avec Fernando Batista. Et comme par hasard, les errements du sélectionneur argentin ont conduit au même résultat que son homologue français, une défaite d’entrée.

Ce qui ne sauve pas vraiment Batista, c’est que la défaite n’a pas été concédée face à un prétendant au titre, mais face à l’Australie. Une Australie qui a rapidement compris que jouer dans le dos des latéraux serait synonyme de panique défensive en face. Preuve en est le premier but des OlyRoos : ballon dans le dos de De la Fuente, centre rasant vers le deuxième poteau où Wales a déposé l’autre latéral, Ortega. Une fois devant, l’Australie s’est repliée, laissant le ballon à des Argentins au sein desquels l’absence de Thiago Almada, pour des raisons qui échappent à tout le monde, se faisait ressentir et qui finalement tentait de se montrer dangereuse uniquement par Barco et Valenzuela. Rien de bien inquiétant pour Glover, si ce n’est cette frappe venue d’ailleurs de l’ancien d’Independiente, avant que Francisco Ortega ne vienne ponctuer sa prestation d’une expulsion pour deux cartons jaunes en deux minutes. En infériorité numérique, l’Argentine peinait en seconde période alors que Batista attendait les derniers instants pour lancer des Payero et autre De La Vega, changements salués d’un deuxième but australien signé Marco Tilio. L’Argentine tombe ainsi d’entrée de JO et jouera sa survie dans ce tournoi face à l’Égypte, l’Australie quant à elle remplit son premier objectif : surprendre le monde.

La Corée du Sud tombe de haut

Par Baptiste Mourigal

Alors que le premier match des Sud-Coréens face à la Nouvelle-Zélande devait être une mise en marche tranquille, il aura surtout été une grande désillusion. Le 4-2-3-1 de Kim Hak-bum posait déjà question avec cette insistance pour un milieu à deux récupérateurs (Kim Dong-hyun et Won Du-jae) à l'approche d'une rencontre où il était évidant que la Corée du Sud allait avoir le ballon. Pire, Kim Jin-gyu n'était pas sur la feuille de match. Très vite, les Guerriers Taeguk ont donc mis le pied sur le ballon mais sans trouver de solutions face au bloc défensif des Néo-Zélandais qui n'avaient pas d'autres ambitions que de défendre. Pire, aligné en meneur, Lee Kang-in n'arrivait pas à organiser le jeu avec des partenaires en manque de mouvement et qui semblaient bien émoussés. Résultat, la Corée du Sud s'est enfoncée dans un schéma d'attaque stéréotypé et non adapté à Hwang Ui-jo, en peine à la pointe de l'attaque : atteindre l'aile et centrer. Mis à part une tête du joueur des Girondins en fin de période, la Corée du Sud ne s'était procuré aucune occasion franche de but. En seconde période, les Néo-Zélandais sortaient un peu plus mais les Sud-Coréens commençaient à accuser le coup physiquement et Kim Hak-bum faisait des changements surprenants : sortir Lee Kang-in et Kwon Chang-hoon, les deux meilleurs joueurs sur le terrain. Résultat, l'équipe a perdu le peu de mouvement qu'elle avait et tout s'est effrité, la Nouvelle-Zélande a marqué sur sa seule occasion du match par Chris Wood, bien content de récupérer une frappe déviée. La réaction des Guerriers Taeguk n'est jamais venue et la défaite en ouverture fait très mal dans les têtes. Comme craint, Kim Hak-bum n'a pas su s'émanciper du stéréotype coréen de ces dernières années, alors qu'il était parvenu à propose un jeu attractif à l'AFC U23.

Pire, il s'est lui aussi enfoncé dans des choix douteux comme aligner Jeong Tae-wook, défenseur central, en attaque en fin de rencontre. La Corée du Sud n'a plus le droit à l'erreur, mais le visage des joueurs et la condition physique affichés face à la Nouvelle-Zélande laisse présager le pire. Il faut toutefois souligner que les OlyWhites remportent leur premier succès dans des Jeux Olympiques et ont montré une solidité défensive.

Le Brésil déroule

On attendait le traditionnel 4-3-3, on a eu un beau 4-4-2. André Jardine a sans doute voulu surprendre, sa nouvelle animation autour du duo Richarlison – Matheus Cunha a été une franche réussite. Le premier acte a été celui d’une démonstration de puissance offensive d’un Brésil qui a totalement roulé sur l’Allemagne. Richarlison a retrouvé le sourire en signant un triplé en une demi-heure, parfaite récompense de quarante-cinq minutes au cours desquelles la Canarinha a frappé plus de dix fois au but, s’est même permis le luxe de voir Matheus Cunha échouer sur penalty. À 3-0 à la pause, l’Allemagne était déjà sonnée, sa réduction de l’écart aurait pu nourrir quelque espoir si Arnold n’avait pas vu rouge quelques instants plus tard. Le Brésil a alors contrôlé la partie, s’amusant même à se faire peur en concédant un deuxième but en fin de match, mais a pu compter sur Paulinho pour s’offrir une bouffée d’oxygène finale. Le champion sortant montre tout de même qu’il est déjà prêt à défendre son titre.

Ailleurs

Pendant ce temps, le Japon a mis le temps mais a fini par prendre le dessus sur l’Afrique du Sud grâce à un exploit d’individuel de Takefusa Kubo en fin de partie. Le dernier asiatique de l’épreuve, l’Arabie saoudite tombe d’un rien face à la Côte d’Ivoire alors que l’une des sensations de la journée est évidemment le nul décroché par l’Égypte face à l’Espagne. Enfin, l’ambitieux Honduras tombe d’entrée, sur un gol olímpico roumain. Magnifique hommage au coup d’envoi du tournoi.

 

 

Photo : imago images/UPI Photo

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.