Trop timoré, probablement trop intimidé par l'ours blanc qui se présentait face à lui, l'aigle du Club América n'a pas su inquiéter les madrilènes comme il aurait pu le faire. Le Real de Madrid du Zizou national passe sereinement en finale de la Coupe du Monde des clubs 2016.

Lucide, l'entraineur argentin de l'escouade mexicaine Ricardo La Volpe, avait préparé ses hommes à procéder en contre face à un champion européen qu'il savait mieux armé que lui sur le plan individuel. Au diable ses principes offensifs, le moustachu a donc mué son 3-5-2 habituel en 5-3-2 bétonné. Sambueza sera chargé de lancer au mieux les fusées Ibarra, William et Romero pour servir Oribe Peralta. Il faut dire que dans l'autre camp, Yazid prend la chose au sérieux : Hormis la charnière où Varane et Nacho remplacent Sergio Ramos et Pepe, tout le monde est à son poste, en particulier l'actuelle machine à broyer merengue, le trio du milieu Casemiro/Kroos/Modric.

Les premières minutes de jeu confirment d'ailleurs le profil attendu de cette rencontre : le bloc Américanista se place très bas et les madrilènes se déploient en 2-3-2-3, occupant le plus de terrain possible. Les espagnols offrent donc logiquement des espaces dans le dos des latéraux, que vont habilement tenter d'utiliser les azulcremas. Tenter seulement, car, probablement intimidés par le renom de l'adversaire, les offensifs Américanistas montrent une fébrilité technique handicapante, annulant chaque contre-attaque exploitable. L'América va peu à peu se morfondre dans cette inhibition et complètement relâcher son pressing. Le Real n'en demandait pas tant. Portant systématiquement le danger dans leur couloir respectif, Marcelo et Carvajal attirent mollement les milieux aztèques, libérant un véritable no man's land pour Kroos et, surtout, un Modric de gala. Toujours aussi soyeux dans ses gestes, pertinent dans ses choix, le croate organise peu à peu le jeu madrilène à sa convenance, tandis que les mexicains n'alignent plus une bonne passe. Plus les minutes avancent plus l'on voit un gros chat blanc jouer avec une sourie jaune. Ce qui devait arriver arriva à quelques secondes de la pause : Kroos trouve la Benz' d'une passe laser, ce dernier ajuste finement Moy Muñoz. 1 à 0 pour le Real. Logique.

Au retour des vestiaires, les joueurs de l'América semblent s'être ressaisis. Avec un orgueil retrouvé, les mexicains appliquent d'entrée un pressing digne de ce nom et remonte d'un cran. La révolte est d'ailleurs confirmée par les changement tactique d'El Bigotón : José Guerrero, milieu de terrain, remplace rapidement l'américain Alvarado (n'en déplaise à Trump, il est américain malgré son patronyme…) et l'équipe mexicaine se replace en 4-3-3. Une opération qui fonctionne puisque l'América regagne du terrain en possession de balle et apporte plus souvent le danger sur la surface espagnole. Marcelo et Carvajal, reculent d'ailleurs d'un cran et le latéral brésilien va même se prendre un grand pont d'école par Bruno Valdez. Mais cette même action est symptomatique de ce qui a perdu les mexicains : Valdez termine sa chevauchée par un centre que l'on qualifiera d'anonyme pour ne pas être trop méchant. Imprécisions, hésitations, approximations, les aztèques gâchent leurs balles exploitables, chose fatale face à ce Real Madrid. Et puis rebelote, Casemiro, Modric et Kroos (puis James) vont reprendre la situation en main ainsi que le contrôle du jeu. Et paf, à quelques secondes du coup de sifflet final, Christian Ronald s'échappe dans le dos des Américanistas et crucifie Muñoz. 2 à 0, match plié, merci, au revoir, au suivant.

Les hommes de Zinedine Zidane s'avancent donc vers la finale pour y affronter les cervidés japonais de Kashima, tombeurs surprises de l'Atlético Nacional de Medellin. Si le milieu merengue décide de se montrer aussi serein et efficace, il faudra plus que la vidéo aux nippons pour réaliser un exploit.

Simon Balacheff
Simon Balacheff
Médiateur culturel, travailleur humanitaire et bloggeur du ballon rond tourné vers l'Amérique Latine. Correspondant au Brésil pour Lucarne Opposée