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Depuis janvier, il a rejoint son grand amour, la Juventus. Ambassadeur du club et Président des légendes, David Trezeguet évoque ses nouvelles fonctions, la grande saison de la Juventus de Turin, son passage à River Plate et dresse des éloges à un certain Marcelo Gallardo.

Bonjour David. Tu as choisi un moment incroyable pour revenir à la Juventus de Turin ! Pourquoi ce choix ?

David Trezeguet : C'est vrai. Obtenir en aussi peu de temps un Scudetto, une Coupe d'Italie et disputer une finale de la Ligue des Champions après 12 ans d'attente c'est quelque chose d'extraordinaire pour le club et je le vis sous un autre angle à présent. Je suis arrivé en janvier dernier pour être nommé ambassadeur de la Juventus de Turin et dans le même temps je suis aussi Président des Légendes. Nous avons pour ambition de développer la marque Juventus. Nous nous sommes tout d'abord énormément concentrés sur l'aspect national en cette fin de saison et avec l'arrivée d’Adidas il va y avoir beaucoup de changements. Il faut donc se concentrer sur le marketing et l'image club mais aussi sur les écoles et académies de football dans le Monde. L'idée est de promouvoir la marque Juventus dans le monde entier. Je pense qu'il faut aussi sortir de l'Italie. La famille Agnelli et les dirigeants m'ont donné la possibilité de développer ce club qui a une histoire très importante. C'est une grande fierté pour moi. Nous allons nous déplacer en Asie, en Amérique du Sud et aussi au Mexique. Tels seront mes objectifs durant ce contrat de 3 ans que j'ai signé avec la Juventus.

Mais la Juventus est déjà connue dans le Monde entier…

DT : Après la remontée depuis la Serie B, la Juve s'est surtout concentrée à reconquérir les 20 millions de supporters qu'elle possède aujourd'hui en Italie, construire son nouveau stade et gagner des titres au niveau national. Ce que nous prétendons vouloir récupérer, ce sont les supporters à l'étranger, consolider les liens avec des académies de Football dans le monde entier, en gros, nous développer internationalement comme l'ont fait le FC Barcelone ou le Real Madrid ces dernières années. Je suis persuadé que nous pouvons réaliser cela car nous avons un soutien économique important pour faire de même.

Être Président des Légendes, en quoi cela consiste-t-il ?

DT : L'objectif est de regrouper tous les anciens joueurs de la Juventus de Turin qui ont marqués l'histoire du club pour que ces derniers effectuent la promotion des futurs académies de football que nous allons ouvrir dans le monde, mais aussi qu'ils participent à différents événements comme des rencontres organisées ou encore qu'ils véhiculent la marque Juventus avec d'autres sponsors. Il est très important que ces légendes soient proches du club. Pour moi c'est une nouvelle aventure, qui j'espère, me permettra de prendre de l'expérience et grandir en tant que dirigeant.

On parle beaucoup d'un retour de Carlos Tevez à Boca Juniors. El Apache va continuer avec la Juventus ou va-t-il revenir chez les Xeneizes ?

DT : Carlos a atteint un niveau de jeu et une sérénité incroyable dans ce club. Quand un joueur est bien mentalement, il le démontre sur le terrain et c'est le cas de Carlos. Je ne vais pas me prononcer pour le moment sur son futur, le club prendra la décision la plus juste qu'il soit envers Carlos et tout ce qu'il a apporté à la Juventus de Turin. Bien sûr, j'espère qu'il va continuer avec nous car il représente beaucoup pour les supporters mais aussi pour l'équipe.

Passons au football argentin. Avec du recul, quelle analyse fais-tu de ton passage à River Plate ? Ce fut un roman bref mais intense et tu es parti sur la pointe des pieds…

DT : Mon expérience est très positive. River Plate m'a donné la possibilité de réaliser un rêve, celui de porter ce maillot que j'ai toujours voulu porter depuis tout petit, celui d'arriver dans un moment difficile pour le club et de remonter en Première Division pour acquérir encore plus d'expérience. Après tout cela, il s'est dit des choses qui m'importent peu (de nombreuses rumeurs évoquent un conflit avec le fils de Ramon Diaz comme raison principale de sa mise à l’écart, ndlr).

Tu avais de mauvaises relations avec Ramon Diaz ?

DT : (Il reste pensif quelques secondes) Avec Ramon je n'ai jamais eu de problème. Il a pris une décision quand il est arrivé au club, une décision qu’en tant que professionnel j'ai respecté. J’ai alors cherché un nouveau défi. Je suis parti aux Newell's Old Boys, un club auquel je suis très reconnaissant car j'y suis arrivé à un moment difficile, après une blessure, et surtout car les supporters, le staff technique et les employés du club m'ont reçu d'une manière incroyable. Pour cela, je leur serais toujours reconnaissant. Après 20 ans de carrière professionnelle au plus haut niveau, je peux assurer et tirer comme conclusions que mon expérience en Argentine fut très positive. Premièrement pour avoir accompli un rêve et deuxièmement pour avoir défendu les couleurs d'un club dans une si belle ville dans laquelle je reviendrai quand j'irai en vacances en Argentine.

Mais ils sont tous fous à Rosario !!

DT : (Il rigole) C'est vrai qu'à Rosario le football prend une ampleur incroyable qui vire au fanatisme. Cette ville vit pour le football.

Et avec Marcelo Gallardo comment cela s'est-il passé ?

DT : Avec Marcelo nous avons de très bonnes relations, nous avons joué ensemble un an à Monaco (sic) et nous avons beaucoup discuté ensemble. Quand je suis revenu à River après mon passage à Rosario, je souhaitais prendra ma retraite dans ce club, mais bon, dans la vie nous n'avons pas toujours ce que l'on désire. Je n'ai aucune rancœur envers lui, ce qu'il fait avec le club est très bien et j'ai toujours apprécié les personnes qui te disent les choses en face, qu’elles soient positives et négatives. Marcelo est de ceux-là et je n'aurais aucun problème à le voir de nouveau pour m’asseoir autour d'un café avec lui.

Quel sentiment as-tu à propos du Championnat argentin ? C'est très différent de ce que tu as connu ailleurs ?

DT : C'est un football difficile dans lequel personne ne te fais de cadeaux. Le niveau est très équilibré, mais en Argentine il y a une passion incroyable. Cette passion est vraiment appréciable mais elle peut aussi apporter des choses d'une gravité extrême. Je pense à la violence, les supporters visiteurs qui ne peuvent plus se déplacer, les gens qui ne peuvent plus aller au stade en famille, cela est vraiment dommage. Je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à améliorer. Par exemple aujourd'hui les grands joueurs du championnat argentin ne vont quasiment plus directement dans les plus grands clubs européens. Il faut récupérer cette confiance que nous avions auparavant.

Qu’as-tu le plus apprécié dans le championnat argentin ?

DT : La passion avec laquelle il se joue et que tous les joueurs peuvent laisser leur vie sur le terrain pour gagner. C'est pour cela que j'ai particulièrement aimé cette expérience, car c'est plus qu'une expérience footballistique c'est une expérience de vie. La passion qu'il y a en Amérique du Sud n'existe pas en Europe.

Tu aimerais revenir au Monumental et dire un dernier au revoir aux supporters de River Plate ?

DT : J'ai eu une relation très forte avec les supporters de River Plate, forte n'est peut-être pas le mot, je dirais intense. Peut-être cela est-ce dû au moment où je suis arrivé au club et les gens se sont identifiés à la rage que j'avais pour ramener River Plate au plus haut niveau et avec mon jeu. J'ai peut-être aussi apporté quelque chose de différent que les supporters n'avaient pas l'habitude de voir en Amérique du Sud. Il est vrai qu'en Argentine je me suis senti très bien à River Plate comme aux Newell's Old Boys d'ailleurs.

Tu ne nous as pas dit si tu aimerais revenir au Monumental pour un dernier au revoir…

DT : Il existera sûrement cette possibilité de revenir à River Plate et aux Newell's Old Boys quand je retournerai en Argentine, en juillet, car à chaque fois, il est vrai que je suis parti très rapidement. J'espère pouvoir saluer les supporters pour tout ce qu'ils m'ont donné et apporté.

 

Entretien accordé à El Grafico (n°4458, juin 2015), traduit de l'espagnol par Bastien Poupat