Flamengo affronte Palmeiras ce samedi au Centenario en finale de la Copa Libertadores 2021. Un match à la saveur particulière pour Jordi Guerrero, adjoint au club il y a encore quelques mois. Entretien.

banlomag

Au moment où Vanderlei Luxemburgo a pris en charge le Real Madrid en 2005, Jordi Guerrero i Costa (Arbúcies, 1967) était professeur d'éducation physique pour les enfants jusqu'à souze ans dans des écoles catalanes. Ayant toujours été dans le monde du football, à trente ans déjà, il entraînait de petites équipes locales dans des divisions inférieures et avait même pris en charge le Palamós CF en 2013. Cette année, cependant, il est invité à rejoindre le staff technique de Pablo Machín, l'entraîneur de Girona avant de le suivre à Séville et à l'Espanyol. En 2020, il reçoit une proposition inhabituelle lors d'un déjeuner avec Domènec Torrent, qu'il connaît depuis un certain temps dans le milieu du football et qui a été l'assistant de Pep Guardiola à Barcelone, au Bayern Munich et à Manchester City : être son assistant à Flamengo. Jordi n'hésite pas, prépare ses bagages et s’envole pour le Brésil. Un peu plus d'un mois après son arrivée, il est enfermé dans une chambre d'hôtel à São Paulo pour préparer le match contre Independiente del Valle. La situation est alors totalement inattendue : presque toute l'équipe et le staff technique ont été testés positifs au coronavirus, y compris Dome. En l'absence de l'entraîneur, la responsabilité de diriger Flamengo revenait désormais à Jordi.

Vivre en temps de COVID-19

Quelques jours après une lourde défaite contre Independiente del Valle en Équateur (0-5), le groupe se déplace à São Paulo pour affronter Palmeiras. Certains réclamaient déjà la destitution de Domènec Torrent : « Il y avait des gens qui jouaient avec la COVID-19 », raconte-t-il depuis sa maison à Barcelone. Les lunettes élégantes et la posture détendue restent les mêmes que lorsqu'il était à Rio de Janeiro. « Nous sommes arrivés à Rio et toute l'équipe a été mise en quarantaine. Toute l'équipe. Sauf Thiago Maia, Pedro et moi. Tous avaient la COVID-19 », récapitule-t-il. Jordi est détendu. Il apprécie la vie dans la capitale catalane et était au Camp Nou mardi pour assister au match Barcelone-Benfica. Entre les lignes, cependant, on sent une certaine amertume, le sentiment de ce qui aurait pu être, d'une opportunité gigantesque qui est passée trop vite. « Nous avons perdu 5-0, avec l'altitude, à Quito, mais les gars avaient la COVID-19. Ça se voyait beaucoup, ils ne pouvaient pas courir, ils étaient asphyxiés ». À leur arrivée à Rio de Janeiro, ils ont eu la confirmation : quarante-et-un membres de la délégation sont testés positifs, dont dix-neuf athlètes. « Tous les joueurs des catégories inférieures sont venus ainsi que l'entraîneur de l'équipe U20, pour qu'il puisse nous aider un peu ». Pour ce match face à Palmeiras, Jordi a donc dû aligner une équipe : « Nous avons fait quelques entraînements, j'ai parlé à Dome, il m'a dit : "Jordi je ne sais pas, parce que je n'étais pas aux entraînements, j'ai la COVID-19, je suis à la maison, tu décides". J'ai choisi l'équipe qui a joué et les garçons ont très bien répondu. Nous aurions même pu gagner », se souvient Guerrero. Un match qui était censé ne pas avoir lieu, raison pour laquelle Jordi était déjà dans sa chambre, planifiant calmement le match retour contre Independiente del Valle. « Nous pensions que nous ne jouerions pas. Nous étions dans le bus pour aller au match et ils nous ont dit non, qu'il n'y aurait pas de match, qu'il serait reporté. L'équipe est retournée à l'hôtel. J'ai commencé à me préparer pour le match de Libertadores et j'ai éteint mon téléphone portable. Tout d'un coup, ils sont venus dans ma chambre, me disant que tout le monde était déjà dans le bus et que j'étais le seul à rester. Ils ont dit que le match aurait finalement lieu. Nous sommes arrivés au stade et ils ne nous ont même pas laissé nous échauffer. Ils nous ont dit : "dans quinze minutes, vous devez aller sur le terrain". Si vous êtes en retard, on donnera les points à Palmeiras. On s'est un peu échauffé dans le vestiaire, je leur ai dit quelque chose ». Et c’était parti.

Dans le cœur des fans

Il était là. Un t-shirt blanc, un short de gym de Flamengo, des chaussures de sport, des lunettes élégantes. Au bord du terrain, il gesticulait, sautait, criait : « Quand vous avez des gamins sur le terrain, vous devez les diriger, les aider. Il faut leur parler souvent ». À quelques mètres de là se trouve Vanderlei Luxemburgo, cet entraîneur qu'il avait vu à la télévision quinze ans plus tôt. « Je n'aurais jamais imaginé cela », reconnaît-il en souriant. Du jour au lendemain, il est devenu le chouchou des fans. Avec sept joueurs de moins de vingt-trois ans, Flamengo a réussi à tenir Palmeiras en échec 1-1 à São Paulo. L'attitude de Jordi contrastait avec celle de l'entraîneur Dome, à qui l'on reprochait d'être quelque peu indolent, apathique. Les fans ont apprécié l'énergie de Guerrero. « Mais cela ne permet pas de gagner des matchs, c'est une façon d'être de chacun. Cela ne veut pas dire que celui qui bouge et crie plus est meilleur ».

Le mardi, le match était contre Del Valle, qui leur avait infligé la fameuse raclée dans la banlieue de Quito. Dans la zone technique, il y avait encore Guerrero, électrique. Une vidéo d'une dispute qu'il a eue avec un membre du staff technique de l'équipe équatorienne, probablement Miguel Ángel Ramírez, est devenue virale. « Ce n'était pas avec lui, c'était avec l'assistant. Je demandais un carton pour une grosse faute et il m'a dit de me taire, que je me plaignais toujours. Je lui ai dit qu'il devrait se taire parce qu'il faut savoir gagner et savoir perdre. Comme il n'y avait personne au Maracanã, on entendait tout dans les microphones. Puis des fans m'ont envoyé la vidéo », dit-il, presque en riant. Flamengo a battu Independiente del Valle 4-0. Après le match, tout le monde ne parlait que de Jordi Guerrero. Certains journalistes ont même dit qu'il devrait être nommé à ce poste, avec Dome en tant qu'adjoint. Les fans ont fait de même. « C'est du sensationnalisme. La tactique que nous avons utilisée dans le jeu est celle de Dome. Je suis là pour aider, je propose des choses, mais au final c'est l'entraîneur qui est responsable de tout. Je comprends les supporters. Mais c'est juste une façon d'être, certaines personnes sont plus calmes, d'autres sont plus agitées. Heureusement, ça a marché. Si on perdait 5-0, je serais le pire entraîneur du monde ». Mais dans les deux matchs les plus difficiles où il était à la tête de l'équipe, Flamengo n'a pas perdu. La forte identification de la part des supporters était déjà irréversible. Aujourd'hui encore, ses réseaux sociaux sont remplis de messages de fans flamenguistas. Même sans avoir senti le Maracanã plein à craquer le soutenir, Jordi reste émerveillé par l'affection des fans. « C'est fou. Filipe Luís m'a toujours dit qu'il avait joué dans tous les stades d'Europe et qu'il n'y avait pas d'endroit comme le Maracanã. J'ai hâte d'aller au Maracanã plein un jour, de voir l'ambiance, je veux faire ça. Je vais le faire ! Je ne sais pas quand, mais un jour j'irai voir un match. J'aimerais que ce soit en tant qu'entraîneur, hein ? », dit-il en souriant, « mais si ce n'est pas en tant qu'entraîneur, alors j’irai en profiter comme spectateur ».

Courte expérience

Mais l'expérience au Brésil n'a pas été tout à fait idyllique. Les Catalans y sont allés pour rester, ils auraient aimé avoir plus de temps pour travailler, pour construire un projet à long terme. La mise en œuvre de leur façon de jouer ressemble au processus d'apprentissage d'une langue. « Nous leur apprenions une nouvelle langue et nous devions y aller petit à petit : comme si nous leur apprenions d'abord les chiffres, puis les jours de la semaine, puis les verbes, et ainsi de suite », déclarait Dome lorsqu'il était adjoint de Guardiola à Martí Perarnau dans le livre Herr Pep à la suite de son arrivée au Bayern Munich. Après avoir atterri au Brésil, Jorge Jesus a eu toute la période de la Copa América 2019 pour entraîner les joueurs. Torrent et Guerrero n'ont quant à eux même pas eu le temps de préparer l'équipe. Les Catalans sont arrivés le 3 août et le 9, ils affrontaient déjà l'Atlético Mineiro au Maracanã. Moins de cent jours plus tard, Dome et Jordi étaient déjà de nouveau à l’Aeroport Galeão, avec un billet aller simple pour l'Espagne. « Nous avons pris l'équipe avec de nombreuses absences, il y avait la COVID-19. Vous n'avez pas le temps de tout mettre en place. Mais l'équipe commençait à enchaîner de bons matchs. On a l'impression que ce qui les a vraiment minés, ce sont les défaites : en plus de celle contre Del Valle, la défaite 4-1 contre São Paulo et le 4-0 contre Atlético. Je comprends les supporters. Prendre une raclée est difficile, mais regardez, le Bayern a récemment perdu 5-0 et personne n'a rien dit à ce sujet. C'est là toute la différence », explique-t-il. « Dans le match de São Paulo, nous avons manqué deux penalties, nous aurions pu égaliser, et cela se termine 4-1 avec une contre-attaque à la fin. Celui contre l'Atlético, en moins de dix minutes nous étions déjà menés 2-0. Les joueurs qui avaient eu la COVID-19 et avaient besoin d'un peu de calme pour récupérer. Et pourtant, pendant ce temps-là, nous avons continué à être compétitifs et nous étions à un point du leader. Imaginez donc que lorsque nous aurions récupéré tout le monde… ».

Malgré tout, Dome quitte Flamengo à la vingtième journée du Brasileirão, à un point du leader Internacional, qualifié pour les huitièmes de finale de la Libertadores, premier de son groupe, et en quarts de finale de la Coupe du Brésil. Lorsque Rogério Ceni arrive, les Rubros-negros sont éliminés des deux coupes, mais finissent par remporter le Campeonato Brasileiro. « Et ils gagnent au dernier moment, parce que ce but de l'Inter est refusé. Si l'on n'avait pas refusé ce but… » Le titre est-il aussi celui de Jordi ? « Home, clar ! (Homme, bien sûr !) Pas officiellement, mais nous considérons que c'est un peu le nôtre, parce qu'en fin de compte, quand nous avons perdu contre São Paulo, nous étions sur une série de douze matches sans défaite, nous commencions déjà à avoir de bons chiffres. Je pense qu'avec un peu plus de patience, nous aurions gagné le Brasileirão, c'est sûr. Peut-être pas la Copa do Brasil, parce que le résultat du match aller contre São Paulo était difficile [à renverser]. Mais je pense que nous aurions bien gagné le championnat. Et la Libertadores... En Libertadores, nous avons très bien joué. Nous étions premiers dans le groupe et nous étions performants. On ne sait jamais. Si nous avions eu le temps, nous pourrions être à la finale de la Libertadores samedi en Uruguay », plaisante Jordi. « Nous commencions à nous sentir bien juste quand nous avons été virés. On commençait à connaître l'équipe, la ville, les supporters, un peu du Brasileirão parce qu'on avait joué contre toutes les équipes. Mais le football est ainsi », dit-il d'un ton résigné.

guerrero2Photo : Estadao Conteudo / Icon Sport

Penser plus vite

Jordi nous explique alors les points négatifs du Flamengo sous le règne de Dome et se lance dans une analyse du football brésilien, abondant en matières premières mais dépourvu d'organisation. « C'est vrai que nous encaissions beaucoup de buts, mais c'est aussi vrai que nous ne pouvions pas répéter les défenseurs à un moment donné. Rodrigo Caio a été blessé. Les jeunes qui arrivaient étaient un peu timides. Léo Pereira et Gustavo Henrique sont de très bons joueurs, mais ils ont besoin de temps. De plus, si vous n'avez pas le temps, tout est urgent. Et comme tout est urgent là-bas, ce qui est arrivé arrive », poursuit Guerrero. « Le football au Brésil est peut-être un peu moins organisé qu'en Europe ; ce sont surtout les joueurs, si vous avez un joueur très décisif, il est un peu plus anarchique et peut faire des choses qui vous solutionnent des matchs, mais qui peuvent ensuite générer des problèmes en défense, car vous êtes beaucoup plus désorganisé ».

Sur le plan tactique, le Brésil et l'Europe sont deux mondes à part. Après le départ de Pablo Marí Flamengo semblait ne pas avoir trouvé d'autre défenseur capable de maintenir la ligne défensive haute, en soutenant la pression. « J'ai eu Marí à Girona. Et il n'a pas joué parce qu'il était lent. On peut donc voir la différence de vitesse entre un endroit et un autre ». Dome a souffert avec le secteur défensif. Outre le départ de Rafinha et Marí, Rodrigo Caio a été victime de blessures. Le défenseur était essentiel au schéma que Dome voulait mettre en place, Jordi ajoutant « il était notre Piqué ». Aujourd'hui, Flamengo semble enfin avoir trouvé son défenseur idéal : David Luiz. « L'autre jour, il a fait un match incroyable. Il a vraiment bien joué. Pourquoi ? Parce qu'actuellement, dans le football, il y a deux choses essentielles : le temps et l'espace. Si vous contrôlez l'espace – généralement les joueurs de ce niveau le font bien – le problème est le temps dont vous disposez pour faire les choses. Et ici, en Europe, tout va plus vite. C'est là toute la différence. Je pense qu'en général, si tout le football brésilien faisait un changement tactique, était plus organisé, si les joueurs n'avaient pas une liberté absolue, je pense que le football brésilien ferait un saut qualitatif. Parce que les joueurs sont très bons. Everton Ribeiro... Pedro... pfff... Pedro est complet. Il peut jouer vers l'avant, il peut finir, il peut aussi recevoir sur son dos, tourner et marquer. Il y a peu de joueurs qui peuvent faire ça. Dome et moi disions toujours : "hostia aquest !" [que l’on peut traduire : "Mon dieu, ce gars !"] ». Torrent semblait avoir une affection particulière pour Gerson, le déployant dans un certain nombre de rôles au milieu de terrain. Aujourd'hui, il a du mal à s'imposer dans le Marseille de Jorge Sampaoli. « Nous lui disions de jouer vers l'avant, de ne pas arrêter le ballon et de le protéger pour se retourner. Et j'ai vu ses matchs, il ne joue pas si mal. Le problème est qu'ici tout est très rapide. Il faut être habitué à penser vite, à bouger vite, et le championnat français, par exemple, est un championnat très physique ».

On a le sentiment que Dome et Jordi, avec tout le bagage qu'ils ont accumulé au cours de leur carrière, avaient beaucoup à apporter au football brésilien. La culture footballistique du pays a cependant été impitoyable avec eux. « Le problème avec Flamengo, c'est qu'en interne, c'est difficile. C'est un club difficile car il n'y a pas qu'une seule personne en charge. Il y a trois groupes différents. Il y a beaucoup de tension à l'intérieur. C'est beaucoup plus compliqué pour que l'équipe se porte très bien. Par exemple, les gens ont dit que nous avions un problème avec le Gabigol. Rien. Aucun problème. Il n'y a pas eu de problème avec les joueurs. Le problème était le manque de patience. C'était plutôt un problème politique, interne au club ; il y avait des gens qui ne voulaient pas de nous là-bas pour une raison ou une autre. Nous étions au centre et il était facile de nous virer. Vous pouvez voir la différence entre le football d'un endroit et d'un autre par le fait qu'un entraîneur [Eduardo Coudet] qui était à l'Internacional et qui était premier au Brasileirão est allé entraîner le Celta, qui luttait pour éviter la relégation en Espagne. Vous parlez maintenant à un entraîneur d'aller en Espagne ou au Brésil ; pourquoi choisirait-il l'Espagne plutôt que le Brésil ? C'est peut-être pour ça. Au Brésil, vous n'avez pas ce sérieux qui consiste à établir un contrat et à vous donner le temps de vous développer. Non, à trois mois, c'est fini. [Miguel Ángel] Ramírez arrive parce qu'on lui a offert quelque chose de bien et en trois mois il est dehors. [Fernando] Diniz, qui se débrouillait bien à São Paulo, c'est fini. Que voulons-nous ? Un coach orienté vers les résultats ? C'est difficile car si vous ne jouez que pour les résultats, c'est comme la roulette russe. Un jour vous faites bien, un jour vous faites mal. Et le jour où vous faites mal, comme vous n'avez pas de style... Vous vous dites : "Je gagne beaucoup, mais je ne sais pas comment on joue". Certains joueurs se blessent, alors, comment joue-t-on ? Comme je ne les ai plus, je ne peux plus jouer comme avant". Il faut créer un style et que tout le monde joue dans ce style. Je pense que c'est la différence entre ces deux types de football en ce moment ».

Comme Dome, Ramírez est arrivé au Brésil comme un nom prometteur, mais la réalité a été cruelle : son temps a duré trois mois. « Ce qu’il s'est passé avec lui à l'Inter est très similaire à ce qu’il s'est passé avec nous. Il a misé sur une façon différente de jouer. En trois mois, tu n'as pas le temps. Ces choses-là, on les apprend petit à petit. Il joue aussi très clairement le jeu de position. Je pense que les gens se trompent avec le jeu de position, ils pensent que les joueurs ne bougent pas ; non, c'est tout le contraire. Vous devez vous déplacer et trouver des positions et des espaces. Le football brésilien est vu un peu comme ça ici. Cette année, je ne sais pas exactement, mais environ seize équipes ont changé d'entraîneur. Vous ne pouvez pas changer de coach tous les trois mois. Il n'y a pas de projet qui fonctionne comme ça. C'est très difficile », affirme-t-il avec conviction. « Il y a beaucoup d'incertitude dans le football. Les gens doivent être patients pour créer des choses. Vous voyez Ferguson qui était à United pendant vingt ans. Klopp à Liverpool pendant les deux premières années n'a rien gagné. Rien. À Liverpool. Et ils l'ont gardé. Parce qu'il construisait une équipe et maintenant c'est une équipe de haut niveau, construite sur trois ans. Guardiola arrive à City et la première année, il ne gagne rien. Et ils ont eu de la patience pour qu'il puisse construire. Si vous voulez avoir une équipe très forte, vous devez avoir cette patience pour construire des bases solides ».

Favori

Jordi parle du présent et de l'avenir. Il regarde beaucoup de football. Pour l'instant, il aime ce qu'il a vu du Barcelone de Xavi Hernández. Ce samedi, il sera collé à la télé. « Je pense que Flamengo est le favori à la finale », dit-il, « mais dans un match, tout peut arriver. Les entraîneurs doivent penser à ce qui peut se passer et avoir prévu ces plans. En plus de tout cela, il faut avoir de la chance. Moi, si je devais parier, je parierais sur Flamengo. Je dirais 60% contre 40%. Mais tout est possible. Manchester United a perdu 4-1 contre Watford l'autre jour. Et Ranieri est plus défensif qu'Abel Ferreira. Que s'est-il passé ? Il a planifié le jeu à sa façon et ça a bien marché pour lui. Quelle était la probabilité d'une victoire de United ? Peut-être 70-30, et Watford a gagné ».

L’une des inconnues côté Flamengo se nomme Giorgian De Arrascaeta, qui n'est pas à 100% physiquement. La question de sa titularisation au détriment de Michael se pose : « Tu sais ce qu’il se passe ? », répond Jordi, « Arrascaeta est ton meilleur atout. Flamengo avec Arrascaeta est une autre équipe. Mais Michael arrive maintenant avec un moral incroyable. Cela dépend de ce que Renato veut. Je ne peux pas me prononcer, car je ne suis pas avec eux au quotidien, il faudrait que je voie les entraînements, les sensations ». Lors de la finale de la Ligue des champions 2014, Diego Simeone a décidé d'aligner Diego Costa alors qu’il n'était pas du tout bien physiquement, il a été remplacé après quelques minutes. « Quand vous avez un joueur qui est blessé et qui doit jouer quand même parce que c'est une finale, la meilleure idée est de le mettre dès le début parce que s'il se blesse, vous pouvez le remplacer. Imaginez que vous gardiez Arrascaeta, que vous fassiez quatre changements, qu'il soit le dernier, qu'il se blesse et qu'ensuite vous ne puissiez pas changer ? » explique Jordi. Michael, qui vit maintenant un moment spectaculaire, n'a commencé que cinq des vingt-dix matchs sous Dome. « Il est entré dans presque tous les matchs. À ce moment-là, nous n'avions pas besoin de lui, nous avions Gabigol, Pedro, Arrascaeta, Éverton, Bruno Henrique. Qu'est-il arrivé à Michael ? Il a saisi sa chance. C'est un gars qui travaille dur. Il a profité des blessures de Bruno Henrique et Arrascaeta. Il est entré en jeu et s'est bien comporté. Mais, bien sûr, si vous avez Arrascaeta et Michael, qui mettriez-vous en premier ? Dans 99% des cas, Arrascaeta. Tu sais qu'il te donne des choses que Michael ne donne pas. Mais Michael a saisi l'occasion ».

Pour l'instant, Guerrero profite de l'automne catalan. Mais une partie de son cœur reste au Brésil et y restera probablement pour toujours. « Salutations rubro-negras d'un autre Flamenguista catalan », a-t-il posté sur Twitter pour féliciter Flamengo pour son titre brésilien en mars. « Je voulais vivre au Brésil », avoue-t-il en souriant. Cette possibilité ne serait pas si éloignée. Certains clubs brésiliens ont même fait des démarches pour faire revenir Domènec Torrent au pays. « Certaines équipes nous ont contactés, mais c'est une chose de contacter et une autre de signer. Je pense que Dome a fait un très bon travail et que désormais, il se débrouillerait bien au Brésil, car maintenant il connaît un peu mieux les particularités du pays. Mais le pays est fantastique, nous avons beaucoup aimé ». À 53 ans, Jordi rêve toujours de devenir entraîneur. « Un jour, Dome dira qu'il ne veut plus être entraîneur ou je recevrai une offre de quelque part. Mais je pense que j'ai encore du chemin à faire avec Dome, que je peux apprendre plus de choses, il est très bon. Il était adjoint du meilleur au monde. Au Barça, au Bayern et à City. Et il était l'entraîneur de Flamengo. C'est un type qui en sait beaucoup. Il faut apprendre ».

Article original sur Trivela.

 

 

Photo une : 2020 Getty Images

Lucas Duque
Lucas Duque