Arrivé en France à tous juste 17 ans, Ricardo Román est l’un des grands espoirs du football bolivien. Alors qu’il fait désormais ses gammes avec la CFA du LOSC, il se confie sur LO et évoque son parcours, ses rêves et la sélection bolivienne.

L’histoire de Ricardo Román est celle d’un gamin issu du meilleur centre de formation de Bolivie, celui qui avait sorti auparavant des Marco Etcheverry, Erwin Sánchez ou encore Luis Cristaldo, et qui, repéré lors d’un Sudamericano, a laissé derrière lui famille et amis pour s’expatrier en France. 

Grand espoir du football bolivien, il évolue aujourd’hui avec la CFA du LOSC avec lequel il est lié pour 5 saisons, Ricardo devrait sous peu venir frapper à la porte de l’équipe première. Il nous a accordé un entretien au cours duquel nous avons pu évoquer avec lui son parcours, sa nouvelle vie au LOSC, la sélection et ses rêves.

La jeunesse en Bolivie

Ta vie de footballeur a commencé très tôt, vers 10 ans me semble-t-il, âge auquel tu as été repéré par l’Académie Tahuichi. Peux-tu nous décrire cette Académie ?

Exactement. J'ai commencé à 10 ans en provenance d'un village qui s'appelle Las Barreras. Au début, je n'y allais seulement que pour une semaine lors des vacances scolaires, mais les entraîneurs et dirigeants ont voulu me garder. Ils m'ont offert l'hébergement et m'ont inscrit à l'école pour que je reste et que j'étudie dans le même temps. C'est comme cela que j'ai pu continuer dans l'Académie.

En quoi se distingue-t-elle des autres centres de formation boliviens ? Qu’est-ce qui d’après toi fait qu’elle a sorti autant de grands joueurs boliviens ?

Je pense que la différence des autres centres de formations vient du fait que l'Académie organise très souvent des tournois internationaux ce qui, pour un joueur de football, est une vitrine pour le monde entier. Cela permet aussi de sortir du pays pour jouer à l'étranger.

Quels souvenirs gardes-tu de ta jeunesse au pays ?

Les souvenirs que j'ai de ma jeunesse ? En réalité ce fut très difficile pour mes parents qui n'avaient pas beaucoup d'argent. Nous vivions à la campagne car vivre en ville était trop compliqué financièrement. Pour payer le bus, m'emmener à l'entraînement, aller à l'école c'était la même chose, c'était très compliqué. Mais merci à Dieu, nous avons pu nous en sortir.

Tu es toujours en contact avec tes camarades de promotion ? D’autres ont percé ?

Oui, j'ai toujours des contacts avec mes anciens camarades de l'Académie qui aujourd'hui évoluent pratiquement tous dans des équipes professionnelles.

Suis-tu toujours le football local ?

Oui toujours. A chaque fois que je peux, je regarde les résultats du football bolivien même si c'est assez difficile de voir les matchs avec le décalage horaire, mais je me tiens informé des résultats et des articles dans la presse.

On voit les grands clubs du pays commencer à faire de jolis parcours sur le plan continental. Penses-tu que le football bolivien est en train de renaître ? 

Effectivement, je continue à suivre les résultats des clubs boliviens qui effectuent actuellement une belle campagne en Copa Libertadores et je pense que oui, le football bolivien est en net progression et les résultats le confirment.

Des recruteurs du Bayern de Munich étaient intéressés à l'époque. Mais j'avais déjà un accord de principe avec le LOSC que j’ai voulu respecter

Le LOSC et la vie en France

Tu as été repéré par le LOSC lors d’un tournoi continental et a alors été invité faire un essai. Comment les dirigeants français t’ont approché ?

J'ai été contacté lors du Sudamericano que j'ai disputé et même des recruteurs du Bayern de Munich étaient intéressés à l'époque. Mais j'avais déjà un accord de principe avec le LOSC que j'ai voulu respecter et je suis donc arrivé à Lille. J'avais plusieurs options comme d'aller en Italie, en Allemagne ou encore au Portugal. Lille m'a contacté lors du Sudamericano et tout a été très vite avec mes représentants et ceux du LOSC et c'est comme cela que j'ai débarqué dans le nord de la France.

Connaissais-tu le club, le championnat de France ? Qu’évoquait le France à tes yeux ?

Oui. Depuis tout petit je regarde le football européen que ce soit le championnat français, italien ou encore anglais. Pour moi cela a été très compliqué de m'adapter à la culture, à la langue mais au fur et à mesure je me suis intégré, j'ai progressé dans la pratique du français mais aussi je me suis adapté au froid et maintenant tout va bien.

Tu devais rester quelques semaines, tu es resté 3 mois. Ta famille était avec toi ? Si non, comment as-tu vécu l’éloignement ?

C'est exact. Au début c'était seulement pour deux semaines mais ils m'ont ensuite demandé de rester 3 mois en me faisant un précontrat, car je n'avais seulement que 16 ans et je ne pouvais pas donc signer de contrat avec les règles de la FIFA. Je suis arrivé en France tout seul et je n'ai donc pas pu sentir de près le soutien de mes parents. Mais j'ai toujours eu à l'esprit que Dieu m'avait donné l'opportunité de jouer au football à l'étranger et, même si j'ai dû tout laisser derrière moi, mentalement j'étais tranquille, ayant à l'esprit que je réalisais un rêve, celui d'être footballeur. Donc ce ne fut pas si difficile que cela.

Plusieurs jeunes sud-américains ont déjà témoigné de leur difficulté au départ lorsqu’arrivés en Europe, ils se retrouvaient seuls relativement isolés, ne parlant pas la langue, subissant un choc des cultures. As-tu connu toi aussi ces moments difficiles ?

Oui, sans aucun doute. Pour toute personne qui ne parle pas la même langue mais qui doit travailler en groupe c'est toujours difficile de ne pas tout comprendre. Mais petit à petit j’apprends et je m'adapte à la langue, au froid, au décalage horaire, au climat qui change rapidement ici mais ce sont des choses qui arrivent dans la vie d'un footballeur qui doit être préparé à cela.

Tu as signé pour 5 ans au LOSC, j’imagine que tu es impatient de découvrir la Ligue 1. Penses-tu y accéder l’an prochain où les dirigeants ont-ils déjà prévu de te prêter (à l’image de John Jairo Ruiz qui fait ses gammes en Belgique) ?

C'est exact. J'ai signé un contrat de 5 ans et je travaille dur à l'entraînement où je donne mon maximum pour avoir un jour ma chance de débuter et de gagner ma place dans le groupe professionnel. Aujourd'hui je joue avec la CFA et je pense qu'il y a des possibilités pour moi d'avoir ma chance pour la saison prochaine et dans le cas contraire je ne sais pas si je serais prêté nous n'avons jamais abordé ce sujet.

La sélection

Tu as toujours été sélectionné dans les catégories de jeune mais tu n’as pas pu participer au dernier Sudamericano. Pas trop déçu ? Qu’as-tu pensé du parcours des u20 ? Comment vois-tu l’avenir de la sélection bolivienne ?

Il est vrai que j'ai toujours été dans les sélections de jeunes. En U15 et U17 et cela a été une déception de ne pas pouvoir être avec ma sélection lors du dernier Sudamericano U20 en Uruguay mais ce fut un problème avec les règles FIFA une nouvelle fois. C'est pour cela que je n'ai pas pu m'y rendre. J'ai regardé tous les matchs de cette compétition en soutenant mes coéquipiers. En ce qui concerne le futur de la sélection, j'espère de tout mon cœur qu'elle va progresser et personnellement j'espère aussi que le football bolivien va continuer de grandir ces prochaines années. 

En juin prochain, la sélection jouera la Copa América dans le groupe du Mexique, de l’Equateur et du grand rival chilien. Comment juges-tu ce groupe. Quelles sont les chances pour la Verde ?

C'est un groupe très intéressant, j'espère que la Bolivie va remporter cette compétition. La vérité, tous les boliviens attendent cela avec beaucoup d'espoir même si il y aussi des personnes qui sont fatalistes à ce sujet. C'est pour cela que la Bolivie doit gagner et démontrer qu'elle est toujours capable de réaliser de grandes choses.

Nous serons sur place pour suivre l’épreuve, peut-on espérer t’y croiser ? Le nouveau sélectionneur est-il entré en contact avec toi, sais-tu si ta progression est suivie par l’encadrement technique de la sélection ?

Pour la Copa America je ne sais pas pour le moment. Je n'ai pas eu de contacts avec les dirigeants ni avec le sélectionneur. Mais il est sûr que s’ils me donnent cette opportunité, je serais à disposition de la sélection.

 

Propos recueillis par Nicolas Cougot.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.