Pour le retour de notre rubrique histoire, direction l’Argentine à la découverte d’un des premiers géants locaux : le Racing.

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C’est des pieds des marins britanniques que le football fait ses premiers pas sur le sol argentin à la fin du XIXème siècle. Il faut attendre l’arrivée des Ecossais pour que celui-ci s’installe définitivement au pays, Alexander Watson Hutton et autres Alec Lamont s’évertuant à l’organiser. Nous sommes alors dans la dernière décennie du XIXème siècle, les premiers championnats voient le jour, Watson Hutton fonde l’Argentine Association Football League dont il sera le premier président. C’est ainsi que les premiers clubs argentins sont britanniques. On trouve ainsi l’Athletic Club, qui remporte cinq des six premiers titres, avant que le Club Atletico English High School, devenu Alumni FC se mette à écraser les premières années du XXième siècle, remportant 10 titres de champion entre 1900 et 1911. C’est durant ces premières années du siècle que le futur Racing Club va naître.

Le premier club criollo

En toute fin du XIXième siècle, du côté de Barracas al Sur, un groupe d’employés des chemins de fer demande aux autorités un terrain pour pratiquer le football durant ses pauses. En 1898, ceux-ci s’organisent et décident de former un club de football nommé Argentinos Excelsior Club qui a la particularité d’être argentin quand les autres clubs d’alors sont exclusivement anglais. Les premières années sont difficiles et le club voit alors trois entités naître à leur tour : Sud América Fútbol Club de Barracas al Sur, American Club et Argentinos Unidos. Dès le 12 mai 1901, Barracas al Sur commence à s’organiser et entraîne une rupture au sein de ses membres. Certains s’en vont alors former Colorados Unidos l’année suivante. Le 25 mars 1903, les autorités des deux clubs se réunissent pour trouver un compromis, la fusion est entérinée. Germán Vidaillac montre alors une revue française dans laquelle est évoqué le Racing Club. Le nom est alors validé. Afin de réduire les coûts, le premier maillot est blanc avant qu’il ne soit décidé de jouer en jaune et noir. Mais les similitudes avec le Peñarol voisin d’estuaire font tâche, une semaine après les débuts sous ces couleurs, le Racing change de maillot, évolue en bleu et rose avant, en 1910, d’assoir son identité criollo en rendant hommage au centenaire de la première junte par l’utilisation des couleurs du drapeau argentin.

Passage de témoin

Sur le terrain, le Racing débute véritablement à partir de 1905 lorsqu’il est affilié à la Argentine Football Association, participant ainsi aux torneos de ascenso. Après deux échecs pour atteindre l’élite de l’époque, le Racing attend 1910 et une victoire face à Boca Juniors pour arriver en première division. Le premier club criollo va alors assurer le passage de témoin entre inventeurs britanniques et football argentin. Le club cherche alors à capitaliser sur sa popularité grandissante, commence à sortir de ses frontières (il affronte le River Plate uruguayen pour son premier match international en 1912) et va alors devenir La Academia.

En 1913, alors que le premier géant l’Alumni FC de Watson Hutton vient de disparaître, le Racing décroche son premier titre de champion. Ce titre marque le début d’une décennie de domination totale sur le football local, le club devient le premier géant 100% argentin. Champion en 1913, 1914, 1915, 1916, 1917 et 1918, il écrase le football local, l’année 1915 marquant l’histoire lorsque le club inscrit 95 buts en 24 matchs, remportant 22 de ces 24 rencontres et n’encaissant alors que cinq buts. Le 1er août de cette année, le Racing atomise River à la Dársena Sud. Les milliers d’hinchas du club crient alors « Academia, Academia ». Le surnom du club vient de voir le jour. Le club est alors emmené par « le roi du dribble » Pedro Ochoa, l’une des premières idoles, Natalio Perinetti, ami intime d’un certain Carlos Gardel, hincha du club ou encore Alberto Ohaco, machine à but qui restera dans l’histoire comme le meilleur buteur du club (244 buts). La fin de l’ère amateur et les débuts du professionnalisme vont alors entraîner la disparition du Racing du palmarès national. Il faudra attendre en effet la fin des années 40 pour assister au retour du premier géant criollo.

A jamais le premier

En 1949, année de la confirmation du nom « La Guardia Imperial » pour décrire l’une de ses principales hinchadas, le Racing retrouve les joies du titre, précédant Boca grâce notamment aux buts Llamil Simes et ses 26 buts. Dirigé par Guillermo Stábile, meilleur buteur de la première Coupe du Monde de l’histoire, le Racing enchaîne en 1950 et 1951, devenant ainsi le premier tricampeón de l’histoire du football professionnel argentin. Il poursuit ainsi dans une tradition qu’il perpétuera davantage dans les années soixante, celle d’être toujours le premier.

Au milieu des années 60, le grand rival d’Avellaneda, Independiente règne déjà sur le continent (lire L'histoire d'un nom (8) : Club Atlético Independiente), le Racing traverse une profonde crise sportive et économique. Avant-dernier à mi-championnat, le club fait appel à un ancien, Juan José Pizzutti, ancien buteur maison devenu entraîneur. Ce dernier va révolutionner le club, rappeler quelques anciens, ramenerLa Academia aux sommets (lire Quand le Racing apporte le football total en Argentine). Invaincue pendant 39 matchs, record qui tiendra jusqu’en fin de siècle, son Academia retourne l’Argentine, décroche le titre, premier après cinq année de disette, titre qui offre au club une place en Libertadores. Au cours de celle-ci, le miracle de Medellín, leur avion évite un crash à l’endroit où, 32 ans jour pour jour auparavant, l’hincha Carlos Gardel avait trouvé la mort, fait dire aux joueurs que rien ne peut leur arriver. Et rien ne leur arrive. Le Racing de José décroche la Libertadores 1967, sa seule au palmarès et mieux, devient, quelques mois plus tard, le premier club argentin à soulever l’Intercontinentale sur une frappe monumentale d’el Chango Cárdenas lors du match d’appui disputé à Montevideo face au Celtic.

Malheureusement, ce titre n’est que le dernier moment de gloire avant la chute. Les années 70 voient le Racing glisser irrémédiablement vers les profondeurs de l’élite argentine. En 1975, un conflit avec l’AFA aboutit notamment à un Racing – Central disputé devant 5 spectateurs payants venus voir les pibes des octava et novena (u15) du Racing prendre un historique 0-10 face à la réserve de Central. En 1983, le club est officiellement relégué en Primera B pour la seule fois de son histoire. Il remonte en 1985 sous les ordres d’Alfio Basile et renait de ses cendres en remportant notamment une Supercopa Sudamericana en 1988, devenant le premier vainqueur d’une compétition opposant uniquement les vainqueurs d’une Libertadores. Une fois encore le premier.

Les années suivantes sont vierges de titres et une fois encore la crise économique frappe le club. En 1999, le club est annoncé en faillite, ses hinchas vont faire pression, remplir un stade uniquement pour sauver le club. Ce jour restera depuis celui du « Dia del hincha », la récompense ne va pas tarder. Alors que le club se morfond, incapable de recruter ou d’attirer de bons joueurs, il va s’appuyer sur ses pibes et une future légende, Diego Milito pour renaître. Le futur Principe va sauver le club de la relégation au bout du Clausura 2001. Et comme 35 ans auparavant, le club passe d’une relégation évitée de justesse aux joies d’un titre. Emmené par Milito, le Racing décroche alors son 16e titre mais joue encore aux montagnes russes et devra alors attendre le retour de sa légende des temps moderne pour retrouver un nouveau titre (lire Diego Milito, héros d'Avellaneda, légende argentine). Le renouveau semble avoir sonné. Présent en Libertadores, jouant les premiers rôles en Argentine, le Racing, club à l’origine des bandes bleues et blanches du pantalon d’Obelix, prouve qu’un grand club ne meurt jamais. Rien d’anormal quand on a été le premier.

A l’occasion du portrait du club, Lucarne Opposée, en partenariat avec @fracademia vous propose de remporter le maillot du Racing. Pour cela, vous pouvez tripler vos chances en :

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Tirage au sort, le 12 octobre 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.