12 février 1917, au numéro 37 de la Avenida Juárez, le Club Deportivo Toluca voyait le jour. Un siècle plus tard, le club est devenu l’un des géants méconnus du Mexique. L’histoire d’un nom célèbre aujourd’hui son centenaire.
L’histoire du Club Deportivo Toluca est le fruit d’une volonté croissante dans la ville et ses environs de promouvoir le football. Le football s’installe dans la cité suite à l’idée de deux frères allemands, Manuel et Francisco Henkel de développer ce sport au sein de leur entreprise, l’hacienda La Huerta basée à Zancantepec, aux environs de Toluca. Les frères Henkel décident alors d’organiser plus fortement leur section football, la dote d’un préparateur physique et commencent à explorer l’idée de créer un club à proprement parler en allant notamment des employés des chemins de fer et de la compagnie électrique dirigée par leur père. Le football commence ainsi à s’immiscer dans les esprits locaux, plusieurs réunions sont alors organisées pour tout centraliser autour d’un club commun. Parmi les participants se trouve Román Ferrat Alday. C’est chez lui que le 12 février 1917, l’idée devient réalité, l’acte de naissance du Club Deportivo Toluca est signé par sa nouvelle équipe dirigeante avec, dès le départ, la volonté de créer une véritable force du football mexicain. Pour cela, le club récupère Moisés Plata, le préparateur physique de La Huerta des frères Henkel, se dote d’un terrain. Alors que d’autres équipes naissent à Toluca, les années 20 sont celles de la crise, conséquence de la fin de la révolution au Mexique qui voit plusieurs actionnaires du club émigrer vers la capitale. Mais le Deportivo Toluca est solide, il trouve de nouveaux alliés parmi les autres clubs créés dans la ville et survit. Il participe au championnat créé par la Federación Central au cours duquel il croise Atlas et autre América avant de jouer ses premiers matchs internationaux, le tout premier contre le Libertad du Costa Rica, avant d’écraser notamment un club espagnol nommé Euskadi grâce à l’une de ses stars de l’époque, Alberto Mendoza, surnommé el Caballo. Ces premiers matchs internationaux génèrent fierté et soutien. Avec l’arrivée du football professionnel, Toluca est déjà sûr de compter sur une base solide.
Des Diablos Rojos aux premiers titres
Alors que la Primera División Mexicana vient de naître au début des années 40, Toluca commence à toquer à la porte mais doit encore patienter, terminant notamment troisième d’un tournoi face aux équipes réserves de D.F. après avoir reçu un 0-10 inaugural face à América. Le club doit ainsi attendre le début des années 50 pour découvrir le football professionnel national après la création de la Segunda División. Il participe à son premier championnat en 1951, au bout de sa troisième saison, bouclée avec uniquement une défaite en 22 matchs, le Deportivo Toluca accède à l’élite du football mexicain. Nous sommes alors en 1953, jamais plus le club ne la quittera.
Pour sa première saison dans l’élite, le club s’installe définitivement au Campo Patria, future Bombonera et se dote d’une mascotte, un diable rouge inspiré du surnom donné à Juan Albarrán, l’une des premières vedettes du club. Le Deportivo Toluca devient alors Los Diablos Rojos. A la fin de la décennie des 50, Don Nemesio Diez Riega, un entrepreneur installé à Toluca depuis une dizaine d’année pour y développer le Grupo Modelo et sa brasserie, productrice de la célèbre Corona, prend les commandes du club et lui fait changer de dimension. Il faut attendre la fin des années 60 pour qu’ils décroche son premier titre national en championnat. Nous sommes en 1967 et Toluca met fin au duel entre Chivas et América, le club de Guadalajara ayant notamment remporté six des huit derniers titres quand l’América a célébré son premier titre l’année précédente. Les Diablos Rojos sont alors emmenés par des joueurs comme Eduardo Monrroy, Alfonso Faure, Germán Sánchez, Tomás "Fumanchu" Reynoso ou Felipe Rubalcaba, ils conservent alors leur titre en 1968 et y ajoutent un premier titre international en s’offrant la jeune Copa de Campeones de la CONCACAF, future CONCAChampions qu’ils remporteront de nouveau au début des années 2000.
Au début des années 70, le tournoi mexicain change, les Liguilla arrivent dans un premier temps sous forme de finale entre les deux leaders de chaque groupe dans lesquels les 18 équipes de l’élite sont réparties. Toluca dispute la première finale, qu’il perd face à l’América, il remportera un troisième titre national en 1975 en devançant León au terme d’une Liguilla organisée en mini-championnat entre les deux leaders de chaque groupe et d’une victoire face à la Fiera grâce à un but de l’Equatorien Italo Estupiñán.
L’équipe du XXIème siècle
Après cette première ère dorée, le Deportivo Toluca va traverser deux décennies dans l’ombre des autres géants, deux décennies à peine teintée de joie par une victoire en coupe à la fin des années 80. En 1998, Enrique Meza s’installe sur le banc de touche de Diablos qui comptent dans leurs rangs des joueurs comme Hernán Cristante ou José Saturnino Cardozo qui va rendre à ses dirigeants une belle récompense à leur patience après sa blessure contractée peu de temps après son arrivée. Car au cours des 10 ans que le Príncipe Guaraní va passer au club empilant 248 buts en 329 matchs, le Deportivo Toluca va enchaîner les récompenses. Toluca décroche les Verano 98 au terme d’une finale folle qui voit les Diablos Rojos menés 2-1 dans leur Bombonera avant de s’imposer 5-2 (avec deux buts de Cardozo), le Verano 99 en sortant l’Atlas en finale et le Verano 2000 après avoir atomisé Santos Laguna. C’est le début d’une nouvelle ère dorée, celle qui va faire de Toluca un géant mexicain.
Car après ces trois titres en trois ans, Toluca revient régulièrement en décrocher en nouveau. Apertura 2002 face au Morelia d’el Bofo Bautista, Apertura 2005 face aux Rayados de Miguel Herrera et surtout Apertura 2008 face à Cruz Azul qui fait définitivement entrer le terme cruzazulear dans le lexique du foot mexicain après avoir réussi à inverser la tendance pour s’écrouler au terme d’une séance de tirs au but de légende terminée à 7-6 pour les Diablos Rojos, puis Bicentenario 2010 face au Santos Laguna. A cela, Toluca ajoute deux Campeón de Campeones, sorte de super-finale opposant les vainqueurs de chaque tournoi court et une CONCAChampions, décrochée face aux Monarcas de Damián Álvarez.
Avec 7 titres nationaux et un continental, le XXIème siècle a fait de Toluca le troisième grand du pays, Toluca ayant ainsi 10 titres de champion, deux de moins que le leader du palmarès, l’América, et totalisant le troisième plus grand nombre de points pris en championnat, le quatrième au total général des titres décrochés, à une longueur de Cruz Azul. Courant après un titre depuis près de 7 ans, le Club Deportivo Toluca a profité de 2017 pour retrouver une nouvelle Bombonera fraîchement rénovée et surtout décrocher un succès le 12 février qui lui offre une première place en championnat après six journées. Preuve s’il fallait qu’on peut être Centenaire et encore mordant.