L’heure est venue ! La grande finale de la Copa Libertadores oppose ce soir Fluminense à Boca. Un premier titre de l’un, un record de l’autre, elle offrira aussi un choc de style qui mérite à lui seul le coup d’œil.

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Quinze ans pour l’un, seize pour l’autre. Dire que l’édition 2023 est attendu par les peuples vert et rouge et bleu et jaune. Pour Fluminense, la deuxième finale de l’histoire est l’occasion rêvée d’oublier la malédiction de 2008/2009 et les deux finales continentales perdues au Maracanã, Boca pour celle du 7. Les Argentins visent en effet la séptima, celle qui leur permettra de rejoindre Independiente au sommet du palmarès continental. Du côté des fans, le chiffre 7 est une obsession, au point d’aller y chercher des signes : Cavani, septième meilleur buteur mondial en activité ; 2023 dont la somme vaut 7 ; sept lettres sur le sponsor maillot de Boca ; dernier superclásico joué à 14 heures (et perdu 2-0 par Boca), en 2007 ; l’âge de Bianchi et Russo au moment de leur première victoire, 52 ans, l’âge d’Almirón pour un total de 7 ; dernière demi-finale des Pumas argentins en Coupe du Monde en 2007, compétition remportée par l’Afrique du Sud ; Almirón, sept lettres et sept titres jusqu’ici ; Sergio Romero, septième gardien dans l’histoire de Boca a sortir des tirs au but en Libertadores, etc. Tout signe est bon à prendre avant une finale, alors que sur le terrain, le choc s’annonce comme un vrai duel de philosophies.


Photo : Marcelo Endelli/Getty Images

Pragmatisme contre révolution

Regarder le simple parcours ne permet en effet pas de comprendre ce dont il pourrait être question sur le terrain : une véritable opposition de style. D’un côté, Jorge Almirón n’est plus celui de 2016 avec son 4-3-3 parfaitement équilibré s’appuyant sur une grosse défense et une armada offensive mêlant vitesse et technique. À Boca, Almirón s’adapte à l’adversaire. On l’a vu notamment lors de la demi-finale où, avec le même onze, son Boca a utilisé deux stratégies différentes entre l’aller et le retour, laissant notamment le ballon à Palmeiras à l’Allianz Parque, oubliant son côté possession pour se concentrer à fermer les espaces, offrir un bloc bas et attaquer rapidement les espaces. On l’avait déjà vu en quarts avec deux matchs face à Racing totalement opposés dans les intentions, Boca dominant l’aller, pressant et se créant des occasions, puis subissant le retour, s’attachant à fermer le match. Ce côté pragmatique a permis à Boca gérer la plupart de ses matchs, sans être spectaculaire et en souffrant quelques fois, et ainsi d’avancer. Pour cela, les Xeneizes peuvent compter sur un facteur X nommé Sergio Romero, qui vaut un surnom à la stratégie du club azul y oro du côté de ses détracteurs – il faut dire que Boca n’a pas gagné le moindre match de Libertadores en phase à élimination directe : attendre et passer. Un facteur X qui se résume en une statistique : en vingt-trois penalties subis, Chiquito en a sorti douze ! En Libertadores, l’ancien international a sorti six tentatives sur les trois séances de tirs au but. De là à penser que Boca va une fois encore attendre, il n’y a qu’un pas, Jorge Almirón ayant déjà annoncé « une finale fermée ».

Photo : Wagner Meier/Getty Images

Sur le papier, l’espoir de voir du jeu semble donc reposer sur le Fluminense de Fernando Diniz. Un Fluminense intéressant à suivre d’une part pour les amoureux de la Seleção qui pourront ainsi voir ce que Diniz entreprend de faire avec elle, mais aussi car il est le symbole parfait de la réussite du Dinizismo, une nouvelle révolution qui a rendu la fierté de ses origines au football sud-américain. À une époque où le jeu de position, porté par un maître nommé Guardiola, ne cesse de se répandre sur la planète football, l’occupation de l’espace dominant la liberté d’entreprendre, Diniz prône ce qu’il appelle le « jeu appositionnel ». « Parce que j'aime avoir le ballon, les gens m'associent à Guardiola. Mais sa façon d’avoir le ballon est à l’opposé de la mienne. Dans les équipes de Guardiola, au bout de deux minutes on voit que les joueurs obéissent à un espace. Celui qui est à droite reste à droite, celui qui est à gauche reste à gauche et le ballon navigue dans ces espaces. Ma façon de voir est opposée. Les joueurs changent de position. C'est un jeu plus libre, on se rapproche dans les secteurs du terrain et dans ces secteurs, il y a des changements de position. Je pense que cette idée est plus en lien avec notre culture footballistique », a-t-il expliqué à Globo. Conséquence, son Fluminense est une sorte de réminiscence du Brésil 1982 où tout repose sur l’idée de toujours avoir de nombreux joueurs à proximité du ballon. Qu’importe l’endroit sur le terrain, la zone du ballon est la zone principale et les joueurs sont libres de changer de position, à condition qu'ils soient proches du ballon afin de multiplier les échanges et le mouvement. Car cette surcharge permet de créer des lignes de passe et de déséquilibrer des blocs « en place » occupant des positions figées. On y voit par exemple un Ganso retrouver de sa superbe. Et dans ses pas, Fluminense est devenu une machine à surprendre et Diniz un chantre du beau jeu capable d’enfin obtenir des résultats.

C’est donc cette formidable opposition de style qui s’annonce ce samedi soir au Maracanã. Fluminense espère devenir le troisième carioca titré dans l’épreuve et entretenir la domination brésilienne. Depuis le Superclásico de 2018, dernière finale sans club brésilien, les quatre dernières ont été remportées par un club auriverde, les trois dernière ont été 100% Brésil.

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Pour tout savoir sur l’histoire des deux finalistes

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.