Qu’il est dur de regarder s'avilir sous ses yeux ce qu'on est né pour aimer, pensait encore début janvier le brave Bernanos en regardant Agustín Alvárez Martínez errer en Italie. Mais ça, c’était avant. Avant un nouveau clásico d’été, une Supercoupe et une ribambelles d’amicaux. Car, enfin, trois mois après la fin de la saison 2022, le championnat renaît, tel un phénix, avec ses terrains poisseux, ses matchs du dimanche matin et, toujours, cette même passion. Tentative de guide.

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Avant de plonger dans le casting local, un point sur le format d’une saison uruguayenne. Le championnat se joue sur deux tournois dans lesquels tout le monde joue tout le monde, Apertura et Clausura, ponctués d'un tournoi dit Intermedio composé de deux poules avec la moitié des équipes dans chaque poule. Le tout permet d’établir un classement annuel. En fin d'année, le vainqueur de l'Apertura affronte le vainqueur du Clausura (sur un match), le vainqueur affrontant le leader du classement annuel (sur deux matchs) pour définir le champion. Il faut cependant garder à l'esprit que le leader du classement annuel a aussi souvent déjà gagné l’un des deux tournois. En cas d’égalité pour la première place (tournois et table annuelle), un match de départage est organisé. Ce n'est pas le cas pour les coupes continentales où la différence de buts est alors prise en compte. Les deux premiers se qualifient pour les groupes de la Libertadores (le jackpot), sauf si le vainqueur d'un tournoi court n'est pas dans les deux premiers au classement annuel mais qu'il gagne sa demi-finale (jurisprudence Rentistas, notamment). Les troisième et quatrième jouent ensuite les premiers tours de Libertadores (et perdent assez rapidement, en général) alors que les équipes classées entre la cinquième et à la huitième place se qualifient pour la Sudamericana. Ensuite, les trois derniers sur seize descendent, mais sur un autre classement, celui de la moyenne sur deux saisons. C'est parfois assez injuste, mais cela fait qu'il n'y a souvent pas de ventre mou, une équipe pouvant parfois descendre et prétendre à la Sudamericana la même année. Depuis l’année dernière, une Coupe d’Uruguay a été rajouté au calendrier, incluant toutes les équipes professionnelles, mais aussi des équipes du football de l’intérieur, l’OFI. Defensor a été couronné l’année dernière au terme d’une finale contre La Luz qui n’a pas déchaînée les passions.

Les élections de l’AUF sont prévues pour le 16 février et pourraient très rapidement gripper le calendrier avec des conflits entre l’organisme recteur du football uruguayen et les clubs qui souhaitent désormais s’en affranchir.

Le tour des clubs

Le Champion : Nacional

nacionalNom complet : Club Nacional de Football
Surnom : Bolso, Tricolores, Albos.
Stade : Gran Parque Central avec une capacité d'environ 30 000 places. Premier stade d'un match en Coupe du Monde de la FIFA, « à égalité » avec le stade de Pocitos qui a été détruit depuis.
Entraîneur : Ricardo Zielinski, le russe, mais Argentin. Heureusement pour lui.
Pour l'histoire du club, c'est par ici.

L’équipe championne a énormément perdu durant le mercato avec des départs prévus (Súarez et Carballo partis à Porto Alegre), mais aussi d’autres plus surprenants qui déséquilibrent un peu le projet de l’équipe (Laborda aux États-Unis mais surtout Coelho chez l’adversaire de toujours). L’entraîneur a aussi changé avec le départ de Pablo Repetto qui préfère rejoindre sa famille en Équateur. L’équipe a donc été fortement modifiée avec seulement quelques piliers qui sont restés, comme Rochet qui attendra une opportunité durant le prochain marché des transferts en Europe. L’équipe se préparait donc à faire du neuf avec du vieux (Zabala, Gigliotti) et quelques nouveaux arrivants expérimentés comme Bocanegra ou Polenta en défense jusqu’à ce que le club recrute en prêt, sur une opportunité, Gastón Pereiro. Le joueur est arrivé en larmes à l’aéroport et va sans doute affrioler cette attaque avec d’autres joueurs de qualité comme Fagúndez et l’ex-stéphanois Ramírez qui reste un excellent joueur. L’interrogation va donc reposer sur la défense avec quelques joueurs qui manquent de rythme comme Polenta et à la récupération alors que Ginella risque d’être longuement blessé. L’effectif parait un peu court pour la double compétition (et un peu âgé) et laisse le même sentiment de recyclage que le Peñarol de début 2022. On leur souhaite plus de réussite. L’homme à suivre cette saison sera sans doute Franco Fagúndez qui s’est imposé avec le Pistolero dans l’équipe l’année dernière. Il est bon dans tout ce qu’il fait en attaque et a déjà des prétendants. En cas de bonne saison, il comblera à lui tout seul le déficit du club.

Objectif de la saison : Sortir du groupe en Libertadores et remettre Diego Polenta en forme.

L’autre grand, Peñarol

penarolNom complet : Club Atlético Peñarol
Surnom : Manyas, Carboneros, Aurinegros
Stade: Campéon Del Siglo, très joli stade pouvant accueillir 40 000 personnes en tassant bien, situé dans les limbes de Montevideo. Plutôt que la voiture, privilégiez le bus ou le taxi depuis Tres Cruces, s'y garer est toujours très compliqué et très onéreux puisque le stationnement est géré par une véritable mafia qui vous griffe le capot si vous ne payez pas les dix balles. Le vent rentre part les tribunes et il peut y faire très froid, expérience commune à de très nombreux stades uruguayens. On ne le répétera jamais assez : l’Uruguay n’est pas un pays tropical.
Entraîneur : Alfredo Arias
Pour plus de détails sur l'histoire du club, c'est par ici.

Après une année particulièrement mauvaise sur tous les aspects, sportifs et politiques, le club redémarre avec une saison sans Libertadores, mais de grosses ambitions et un recrutement XL pour le marché local. Alors que quelques piliers sont partis comme Kevin Dawson ou Walter Gargano (toujours dans l’effectif mais qui n’est plus pris en compte par l’entraîneur), Peñarol s’est renforcé à tous les postes avec des grosses prises, des historiques et des jeunes espoirs. La grosse prise de ce mercato est Leo Coelho, le Brésilien qui défendait par le passé Fénix et Nacional dont l’arrivée au sein du rival de toujours a déclenché une tempête et des insultes bien inutiles. Seba Rodríguez, également passé par Nacional, a aussi renforcé l’équipe au milieu. Mais les grosses recrues se sont faites en attaque avec une pépite renvoyée à sa mine, Arezo, ainsi que de vieux internationaux : le Pato Sánchez et Abel « Pas si vieux que ça » Hernández. Avec Méndez, Rak, Cristoforó, cela devrait faire un onze tout à fait attrayant. On ne peut que se satisfaire de voir le retour d’Arezo qui revient au pays et qui pourra briller en marquant des buts. Qui aurait cru que l’année 2023 serait celle ou Arezo, Schiappacasse, Ramírez… fouleraient ensemble les pelouses uruguayennes. Il manque qui ? Valverde ? La saison peut donc très bien se passer, sauf à ce que les élections qui arrivent pour la présidence du club ne pourrissent le tout comme cela avait été le cas il y a déjà trois ans. Le fils Damiani va tenter de revenir aux affaires et on ne sait jamais ce que cela peut donner alors que le président actuel a grandement diminué la dette et la dépendance du club en seulement trois ans.

Objectif de la saison : être champion et ne pas s’entre-déchirer en milieu d’année

Les Outsiders

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Nom complet : Liverpool Fútbol Club
Surnom : Negriazules, el negro de la cuchilla
Stade du Belvedere, environ 8000 personnes… mais jamais plein, un des stades les plus agréables de Montevideo, qui respire vraiment le football.
Entraîneur : Jorge Bava
Pour l'histoire du club, c'est ici !

Club formateur de Nicolas de La Cruz, il a également connu la fin de carrière un peu pathétique de Javier Chevantón l'année de la descente du club. Liverpool reste sur une très bonne série depuis cinq ans et sa remontée, grâce notamment au travail de son toujours président José Luis Palma, fidèle ami des agents de joueur influents, ce qui aide toujours à s’assurer les contrats des jeunes. Le club reste sur plusieurs titres, les premières lignes de son palmarès, comme l’Intermedio 2019, la Supercopa 2020 et le Clausura 2020 et l’Apertura 2022 et la Supercopa 2023. Le club a perdu en finale du championnat l’an passé, contre Nacional, après s’être bien défendu et va devoir cette année cumuler le championnat et la phase de groupes de Libertadores. L’effectif a encore beaucoup tourné avec les départs de Thiago Vecino ou de Gastón Rodríguez mais surtout le départ de l’idole de toujours Hernán Figueredo. Comme d’habitude, Liverpool va devoir miser sur la créativité et a plutôt bien recruté dont le jeune Luciano Rodríguez recruté à Progreso et qui éclaire le Sudamericano U20 mais aussi Zunino, Otormin, Bentancourt, soit des joueurs de qualité du championnat uruguayen depuis dix ans. Il va maintenant falloir que la mayonnaise prenne et que le l’équipe s’organise bien malgré la double compétition.

Objectif de la saison : être digne en Libertadores et jouer les premiers rôles en championnat. Si l’on regarde l’historique, cela semble très compliqué, voire impossible.

bostonriverBoston River

Nom complet : Club Atlético Boston River
Surnom : Verdirrojo, el Boston, el Sastre
Stade : pas vraiment de stade fixe, peuvent jouer à Las Piedras ou dans le département de Flores... C'est l'avantage de ne pas avoir de supporter non plus (sauf le Président de la République Lacalle Pou).
Entraîneur : Daniel Farías

C’est l’immense surprise de la saison 2022 avec une place qualificative obtenue en Copa Libertadores après un parcours impressionnant de régularité alors que l’équipe luttait depuis plusieurs saisons pour le maintien. Après une telle saison, évidemment, une bonne partie de l’équipe est partie, dont les milieux Rodrigo Pérez ou José Alberti, et le nouvel entraîneur vénézuélien va devoir reconstruire avec quelques belles recrues comme Hernán Novick qui rentre au pays mais aussi Leandro Suhr ou Jonathan Urretaviscaya. Cela semble très juste pour passer un tour en Libertadores, mais après une élimination très précoce, l’équipe pourrait très bien se défendre en championnat. C’est étrangement l’équipe favorite du président Luis Lacalle Pou, dont il devenu fan par le garde du corps de son père lorsque ce dernier était lui-même président de la République dans les années 1990-2000. C'est aussi l'équipe idéale pour se déclarer fan en tant que Président de la République, puisque cela ne froisse personne, le Boston n'ayant pas vraiment de rival historique (grâce au fait que le Boston n'a pas vraiment d'histoire).

Objectif de la saison : continuer à jouer le haut de tableau et arrêter d’aligner les Rodríguez sur le terrain (cinq sur quelques matchs la saison dernière).

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Nom complet : Defensor Sporting Club
Surnom : Viola ou Violeta
Stade Franzini, 10 000 places en poussant les murs, avec une magnifique vue sur la Rambla et sur la plage Ramírez (aucun lien avec le buteur, qui n’est pas fils unique mais dont le frère est également footballeur), idéal en été mais avec un vent meurtrier en hiver. Stade le plus « accessible » après le Centenario si vous n'avez qu'une ou deux journées à Montevideo, situé dans le quartier huppé et très central du Parque Rodó.
Entraîneur : Marcelo Méndez
Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Également un historique du championnat avec quatre titres, dont le premier du football professionnel d’une équipe hors-Peñarol et Nacional en 1976, dont on vous raconte l'histoire ici. Il a formé de grands joueurs comme Sebastián Abreu, Diego Godín ou Maxi Olivera, et a suivi le même parcours que Danubio : quelques mauvaises saisons et une chute brutale en deuxième division en 2020. Comme Danubio, le club remonte illico et réussit une belle saison de retour avec une Coupe d’Uruguay et une qualification en Sudamericana. Pour cette année de confirmation, le club a perdu de nombreux joueurs mais a aussi recruté de nombreux noms du championnat. Il a aussi pu prolonger Adrian Rocky Balboa, qui saura à n’en pas douter marquer son lot de buts. Parmi les autres recrues, on aura plaisir à revoir sur les pelouses uruguayennes De los Santos en défense ou Barcia en attaque. Au milieu, le club a recruté Nicolas Rodríguez à Danubio et Figueredo à Liverpool. Des bonnes pioches.

Objectif de la saison : le club a une telle histoire qu’il devrait être une bonne surprise en Sudamericana. Mais il devra pour cela d’abord battre son ami de toujours, spécialement sur les dernières années : Danubio.

Les promus

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Nom complet : Racing Club de Montevideo
Surnom: Cervezeros
Stade Osvaldo Roberto, 8500 places.
Entraîneur: Gustavo Fermani
Son histoire est par ici.

Club historique, fondé en 1919, dont le surnom est « les brasseurs » et rien que pour ça, ils méritent tout notre soutien. Club du quartier de Sayago, dont le « classique » se joue contre Fénix. Le club remonte enfin après de nombreuses saisons au purgatoire et une reprise du club par un groupement argentin venu y faire du business. Le directeur sportif est désormais un certain Fernando Cavenaghi. Grâce aux Argentins, le club a recruté de nombreux Argentins, des espoirs peu connus, et l’effectif est donc une interrogation dont il faudra voir le degré de résistance à l’âpreté du championnat uruguayen qui, comme dirait Bergessio, semble facile de loin mais plus difficile quand on est sur le terrain.

Objectif de la saison : se maintenir évidemment et réussir un bon transfert sur tous les jeunes argentins recrutés.

laluzLa Luz

Nom complet : La Luz FC
Surnom : El Merengue
Stade Aucun pour le moment, le club va semble-t-il jouer ses matchs au Liebig de Fray Bentos
Entraîneur :  Julio Fuentes

C’est la grosse surprise de l’année dernière en deuxième division puisque le club était monté en deuxième division au terme d’un match incroyable en 2021 et a obtenu sa montée dès 2022. Il jouera donc pour la première fois en première division en plus de neuf décennies d’existence. Le club est pourtant un historique en Uruguay, mais un historique des deuxièmes et surtout troisièmes divisions. Le club tire son nom du fait que le bar dans lequel il a été fondé en 1929 était le seul coin du quartier à avoir l’électricité, donc la luz en espagnol. Le club est monté notamment grâce à son capitaine, Edgar Martínez, revenu au football professionnel à quarante-quatre ans après le suicide de son frère Williams. Ça, c’est pour la « belle » histoire, le club a aussi été repris en 2021 par une SAD. Martínez semble parti pour prendre sa retraite définitive et d’autres joueurs de la montée sont partis, remplacés par des anciens comme Boselli ou Millacet. Le club a surtout recruté Nicolas Schiappacasse, l’enfant terrible du football uruguayen, qu’on attend avec impatience pour reparler de football après son transfert à l’Atlético suivi d’une descente aux enfers et la case prison. Il a tellement, tellement, à donner.

Objectif de la saison : Payer l’électricité et se maintenir.

cerroCerro

Nom complet : Club Atlético Cerro
Surnom : Albicelestes, Villeros
Stade Tróccoli, capacité normale de 25 000 places, accueillant en général quelques centaines de personne. Connu pour son environnement peu favorable à l’extérieur du stade et pour sa pelouse d’un genre nouveau, laissant découvrir toutes les palettes de couleur du jaune sable au marron terre en passant par le vert trèfle.
Entraîneur : Danielo Núñez
Son histoire est disponible ici.

Club de la banlieue populaire de Montevideo, au pied du Cerro, le Fort de Montevideo. Son rival traditionnel est Rampla Juniors, club du même quartier. Cela ne donnera donc pas de nouveau clásico de la Villa car Cerro a battu Rampla en dernier match pour une montée en première division (1-0) au terme d’un match épique. Cerro un historique, presque toujours présent en première division, finaliste du championnat en 1960, ayant déjà participé à la Libertadores, mais qui sort d’un reset après plusieurs années marquées par les dettes, les difficultés de paiement et la deuxième division. Après une montée presque surprise, obtenue en fin de saison, le club a eu la bonne idée de se renforcer avec des bons joueurs comme Nahuel Acosta ou le gardien Centurión. Le club pourra aussi toujours compter sur Tabaré Viudez ou Andrés Lamas pour encadrer le tout, dirigé par Nuñez qui avait fait merveilles avec Cerro Largo. Du solide.

Objectif de la saison : faire honneur au quartier alors que l’adversaire de toujours est en deuxième division.

Les autres

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Nom complet : Cerro Largo Fútbol Club
Surnom : Arachanes
Stade : Stade de l’architecte Ubilla, quelques milliers de personne peuvent y rentrer, et ses tribunes sont toujours bien garnis, quel que soit l'adversaire.
Entraîneur : Eduardo Espinel

Petit club du nord du pays, et ça fait du bien comme on ne voit plus Tacuarembó ou Rivera en première division depuis quelques temps. Cerro Largo est le département, la ville du club, Melo, une charmante bourgade de 50 000 habitants, centre agricole au milieu de terres et de vaches, étant sa capitale. Beaucoup de vaches. Contrairement à Las Piedras, situé à quelques encablures de Montevideo, ou Colonia, ville connectée à Montevideo et Buenos Aires, Melo est une vraie ville de l'intérieur, plus proche du Brésil que de la capitale, suivant plus le championnat brésilien que l'argentin. Tout y est différent, un peu plus sauvage. Le club est récent, issu d'une vague à la fin des années quatre-vingt-dix durant lesquelles l'AUF a voulu créer des clubs par département de l'intérieur. Le club est un peu rentré dans le rang après deux ou trois saisons ou Cerro Largo est allé jusqu'à jouer les premiers rôles et participer à un premier tour de Libertadores, exploit pour un club de l'intérieur. Le club a perdu quelques joueurs comme Bentaberry parti en Bolivie ou Tizón parti au Cerro de Montevideo. Côté arrivée, beaucoup de joueurs mais peu de connus, et notamment une belle colonie de joueurs évoluant en deuxième division. En attaque, le club a signé Hugo Silveira qui pourrait s’avérer utile pour jouer le maintien.

Objectif de la saison : Rester en première division sera en effet l’objectif principal de Cerro Largo, le club ayant terminé dans les limbes du classement tout comme Torque et Plaza.

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Nom complet : Danubio Futbol Club
Surnom : La Franja
Stade : Jardines del Hipodromo, un palmier en haut de la tribune latérale. Un palmier ! Cependant, le club n’a toujours pas d’illuminations pour son stade.
Entraîneur : Esteban Coco Conde
Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Déjà quatre fois champion d'Uruguay, le club est un historique, de ceux qui peuvent espérer logiquement faire quelque chose en championnat de temps en temps, comme ce fut le cas lors du titre historique de 2014. Mais le club est descendu en 2020 à la suite de plusieurs années difficiles émaillées de violence, puis remonté illico presto en 2021. Depuis, le club s’est qualifié pour la Sudamericana dès son retour dans l’élite et a montré de bien belles choses qu’il faudra maintenant confirmer. Jardines est sans doute le stade qui représente la quintessence du football uruguayen, dans ce qu'il a de plus beau, de plus brut. Peu d’arrivées si ce n’est l’ex-téféciste Mauro Goicoechea dans les cages, les anciens Diego Vera et Santiago Colo Romero. Le club a aussi signé deux jeunes ex-Peñarol qui n’ont pas été mauvais avec Albion l’année dernière, Kevin Lewis et surtout Alejo Cruz. Le club a perdu de bons éléments comme Nicolas Rodríguez et a vu les départs en retraite de Conde qui a repris le banc mais aussi de Nacho González, qui ne jouait plus beaucoup et dont le sommet de la carrière restera cette quatrième place mondiale en 2010. Il était titulaire lors du premier match contre la France.

Objectif de la saison : Confirmer la bonne saison de l’année dernière.

fenixFénix

Nom complet : Centro Atlético Fénix
Surnom : Albivioletas
Stade du Parque Capurro, 6 500 spectateurs, vu sur la baie et le port.
Entraîneur : Damián Santín
Pour l'histoire du club, c'est ici.

Après quelques bonnes saisons qui ont vu le club du quartier de Capurro disputer la Sudamericana, le club est rentré dans le rang et le bail d’Ignacio Pallas s’est terminé sans briller. Le marché des transferts a été marqué par de nombreux départs dont Roberto Fernández, frère de Léo, parti en Argentine après de nombreuses années au club. Amaral, Alfaro, Barboza sont également partis et ils ont été remplacé par quelques joueurs qui cherchent à se relancer comme Fratta ou Gabrielli qui sort d’un bail avec Nacional durant lequel il n’a pas joué. Le club ne semble pas trop menacé en début de saison mais devra fortement se méfier, il est sur une pente descendante.

Objectif de la saison : comme le dit l'antienne, el Fénix no baja.

maldonadoDeportivo Maldonado 

Nom complet : Club Deportivo Maldonado
Surnom : El Depor
Stade Domingo Burgueño, Maldonado.
Entraîneur : Fabian Coito

Équipe de l'intérieur comme Plaza ou Cerro Largo, mais proche de Montevideo et surtout de la station balnéaire de la jet-set sud-américaine, Punta del Este, dont le béton est financé par un mélange savoureux de cocaïne d’Amérique centrale et de blanchiment de dollars argentins. Cela a d’une certaine façon influencée l’histoire du club, j’imagine. Car c’est une drôle d'équipe que le Deportivo. Malgré ses sept premières années en première division entre 1999 et 2005, le club est surtout connu du fait de son appartenance à des Anglais qui s'en servent comme plateforme pour transferts entre des joueurs argentins et brésiliens et l'Europe. Ainsi, sont techniquement passés par le club des joueurs tels qu'Allan, Alex Sandro ou encore Jonathan Calleri, qui est d'ailleurs toujours propriété du Deportivo Maldonado. Pendant que de tels joueurs « passaient » par le club, l’équipe évoluait en deuxième ou troisième, dans des conditions miséreuses, sans un kopek. L’équipe est montée par surprise il y a deux ans et s’est maintenue dans la difficulté, mais avec un bel état d’esprit grâce et un nouvel entraîneur, Palladino, qui montre de très belles promesses. Il a fait bien jouer (et gagner) son équipe permettant une première qualification historique en Libertadores. Il est désormais parti au Chili et a été remplacé par un revenant en Uruguay, Coito, l’ancien entraîneur des U20 qui a même déjà dirigé la sélection A en intérim. Après un passage peu concluant par l’Amérique centrale, il est de retour pour la première fois à la tête d’un club souhaitant jouer « les premiers rôles ». La saison de la confirmation risque cela dit d’être compliquée. L'effectif est assez stable avec quelques départs comme Ángel Rodríguez parti au Pérou. Côté arrivée, peu de mouvements hormis le retour en Uruguay de Tomas Fernández qui avait été très bon en 2019/20 avec Cerro Largo et qui revient en Uruguay après des passages insipides à Tigre ou San Martin de San Juan.

Objectif de la saison : le maintien, et que Calleri joue pour son club en deuxième partie de saison.

montevideocityTorque

Nom Complet : Montevideo City (silence désabusé) Torque
Surnom : Sadchester
Stade: aucun. Joue au Centenario.
Entraîneur : Ignacio Ithurralde
Son histoire est ici.

Tout cela pour ça. Le club devait s’installer, être une menace. Et finalement, c’est un moulin à vent, avec des joueurs prêtés, des joueurs en prêts, des joueurs pas prêts, et une saison 2022 catastrophique, caractérisée principalement par une absence de logique et parfois d’envie… quand la victoire n’est plus l’objectif principal. Le club se renforce étrangement durant ce mercato avec le retour de Santiago Rodríguez qui est parti pour ne pas rester, mais aussi ceux de Franco Pizzichillo qui a échoué au Mexique.

Objectif de la saison : Les dirigeants seraient ils eux-mêmes capable de répondre à cette question ?

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Nom complet : Montevideo Wanderers Futbol Club
Surnom : Bohemios
Stade: Parque Alfredo Víctor Viera. L’une des plus belles « canchas chicas » (comment on appelle les stades des équipes qui ne sont ni Nacional ni Peñarol).
Entraîneur : Sergio Chapita Blanco
Pour l’histoire du club, c’est ici.

L'équipe a aussi formé son lot de stars et, même si l’équipe n’est pas descendue, elle est passé par le même type de crise que Danubio ou le Defensor. L’équipe sort d’une année 2022 assez catastrophique, sans faits d’arme, sans grand intérêt. Les meilleurs joueurs sont partis, il reste beaucoup de jeunes, parfois trop jeunes. L’équipe a perdu le chilien Bravo (trop irrégulier), mais aussi Riolfo ou Matías Castro. Côté recrues, l’équipe voit l’arrivée de Santiago le petit frère Ramírez, mais aussi le retour d’Albarracin de nombreuses années après son départ. La défense s’est surtout renforcée de Mario Risso (qui avait été très bon avec Plaza avant de cirer le banc avec Nacional) et de Camargo (qui avait très bon avec Plaza avant de jouer avec le Defensor). Si cela prend, l’équipe a de très bons jeunes espoirs en attaque dont Santurio et surtout mon chouchou Diego Hernández.

Objectif de la saiso, : Défense de qualité, attaque jeune et virevoltante, le club sera soit une bonne surprise, soit un flop.

plazaPlaza Colonia

Nom complet : Club Plaza Colonia de Deportes
Surnom : Patablancas
Stade Prandi, un des clubs de l'extérieur, en face de Buenos Aires, dans la magnifique ville de Colonia, appartenant au patrimoine mondial de l'UNESCO. Si vous pensez un jour faire Buenos Aires – Montevideo ou vice versa, prenez une journée pour faire Colonia.
Entraîneur : Nicolas Vigneri
Pour l’histoire complète du club du premier entraîneur champion du monde, c’est ici.

L’année 2022 a été catastrophique et cela pourrait peser lourd en 2023 avec l’histoire de la moyenne sur deux saisons. Plaza va être tout de suite dans le dur pour le maintien et Vigneri va avoir beaucoup de travail, même s’il pourra compter sur un recrutement de qualité. Ce serait dommage de perdre Plaza deux ans après son Apertura 2021. Côté départ, le principal est le départ à la retraite de Cristian Rodríguez même si Cebolla ne jouait plus trop à cause de pépins physiques. Son passage au club aura eu plus d’importance pour son impact auprès des jeunes que pour les résultats sur le terrain. Le club a aussi perdu quelques joueurs jouant au club depuis longtemps comme Dibble parti au Brésil (il devrait être de retour très bientôt) ou encore Suhr. Côté recrues, le club voit le retour de Ruiz Diaz et surtout de Mascia en attaque. Pour le reste, Rodrigo Amaral viendra y apporter une touche de génie au milieu en espérant qu’il soit en pleine forme.

Objectif de la saison : éviter la descente pour que les petits vieux qui ont leur balcon avec vu sur le Prandi puissent continuer de profiter des matchs.

rivermRiver Plate

Nom complet : Club Atlético River Plate
Surnom : Darseneros
Stade : Parque Saroldi, 5700 places, qui tire son nom du premier gardien de River, mort en 1932 des suites d'un coup reçu sur ce terrain. A part cette triste histoire, joli petit stade au milieu du parc du Prado, ou, durant l’automne, on peut voir les feuilles mortes sur le terrain.
Entraîneur : Gustavo el Chavo Díaz
Pour l’histoire des River, c’est ici et pour l’histoire du vieux River, c’est ici.

River a réussi une plutôt bonne saison et va affronter Peñarol pour une place en Sudamericana. Pourtant, avec le onze de très haute qualité qu’avait le club, il aurait presque pu viser plus haut avec un peu d’ambition, River n’avait rien à envier à Boston ou au Depor. Le club a perdu son gardien Ichazo parti prier sur le banc de Nacional que Rochet signe en Europe pour prendre sa place. Le club a aussi perdu son meilleur buteur Borbas parti au Brésil ainsi que des bons éléments comme Napoli ou Montiel. Au poste de gardien, Rodrigo Formento revient après avoir quitté la première division avec Cerro il y a de cela quelques années et c’est une très bonne nouvelle, c’est un bon gardien. L’équipe pourra aussi compter sur Pablo García (autre ex-international chez les jeunes qui cherchera à se relancer) ou Jonathan Dos Santos.  Des bons joueurs, mais Díaz va maintenant devoir faire monter la mayonnaise.

Objectif de la saison : Qui, après Arezo et Borbas, pour enquiller les buts et faire une grosse vente ?

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba