Alors qu’il revient à peine sur les terrains d’entraînement après une nouvelle longue blessure, Radamel Falcao a pris le temps de donner une longue interview au quotidien colombien El Tiempo. LO vous en propose sa traduction.

Quelle est cette blessure qui t’a écarté des terrains depuis 4 mois ?

Je souffre d’une déchirure du quadriceps depuis le 3 novembre dernier. En décembre, je suis revenu à l’entraînement, j’étais prêt pour revenir face à United le 28 et la veille, la blessure se réveille. On a donc décidé de ne pas commettre les mêmes erreurs, de prendre le temps pour que le muscle récupère à 100%.

Tu es prêt à jouer ?

Oui, je crois. Je pense être à disposition cette semaine. Je me sens bien. Je dois y aller étape par étape avec tranquillité et prudence.

Et ton genou, ça va depuis la blessure ?

Oui, aucun souci de ce côté. Tout est parfait.

Comment faire pour que Falcao soit de retour dans l’équipe de la FIFA ?

Je dois donner le maximum chaque jour à l’entraînement. Je crois que Dieu a fait que je peux revenir à un bon niveau, jouer toutes les parties et avoir de la régularité. Je fais sur le terrain ce qu’il faut faire, de la même manière, avec la même passion, je donne le meilleur de moi-même même si je dois vivre au jour le jour. Ma priorité aujourd’hui est de me sentir de nouveau bien sur le terrain, de faire en sorte d’être de nouveau dans l’équipe pour que dans le futur, espérons proche, je puisse retrouver les joies des buts et des succès.

Nombreux sont ceux qui pensent que rien ne reviendra comme avant…

Les gens ont le droit de penser ce qu’ils veulent et je sais à quel point ma carrière est exposée publiquement, comme je sais qu’en football tout change très vite. Il est certain qu’on ne peut pas toujours gagner, qu’il faut toujours continuer de travailler et je suis confiant dans le fait que mon futur sera meilleur.

Le 29 avril, Chelsea décidera s’il te conserve ou non. Qu’en pense ton agent ?

Je suis focalisé sur le club et à vivre jour après jour. En football, les choses changent rapidement et ce qui est vrai aujourd’hui ne l’est probablement pas demain. Je ne pense pas à ce qui se passera le 29 avril. Mon travail consiste à donner le maximum jour après jour et quand viendra le moment de prendre des décisions, alors on analysera et on verra, parce que tout peut changer vite en football.

Photo : FRANCK FIFE/AFP/Getty Images

Récemment, certains médias ont affirmé que tu allais rejoindre la Chine…

J’ai eu deux offres en provenance de Chine mais je voulais rester en Angleterre pour tenter ma chance. Aller en Chine aurait été une décision facile, d’autant que les deux offres étaient importantes. Mais j’ai préféré rester ici et me battre.

Tu aimerais rester à Chelsea ?

Aujourd’hui, je ne pense qu’à faire ce que je peux pour le club jusqu’en mai. Je ne regarde pas plus loin. Rester à Chelsea ne dépend pas que de moi mais de plusieurs facteurs. Pour cela, je donne le maximum aux entraînements pour avoir ma chance. Tout cela sera analysé quand sera venu le temps de prendre des décisions.

Tu te vois en Chine, en MLS, aux Emirats ou...

Mon présent est de rester en Europe.

En dehors de cette blessure, tu n’as pas réussi à t’installer dans ce Chelsea.

Ici j’ai beaucoup moins joué parce que lorsqu’ils ont fait appel à moi, on était soit menés 1-0, soit avec un joueur en moins, soit c’était pour jouer 15 minutes et donc ma situation s’est compliquée. Les résultats ne m’ont pas permis de gagner du temps de jeu. La situation s’est vite compliquée et l’ancien entraîneur a alors choisi de s’appuyer sur le groupe qui avait été champion, ce qui est normal.

Comment as-tu vécu ces deux dernières années qui sont les plus noires de ta carrière en raison des blessures ?

Un moment difficile. J’étais habitué à jouer de manière régulière et être un joueur décisif.  Après l’opération, je suis allé à Manchester United qui initiait une nouvelle étape après 25 ans avec un même entraîneur, avec beaucoup de nouveaux joueurs et je n’ai pas eu la chance que j’espérais. Alors j’ai cherché d’autres pistes et j’ai rejoint Chelsea qui venait d’être sacré champion. J’ai accepté le défi de rester ici, en Angleterre, quand j’aurais pu aller ailleurs mais je voulais vraiment avoir ma chance. Mais Chelsea a plongé et nous n’avons pas pu conserver le niveau qui était celui qui avait permis à l’équipe d’être championne. Les résultats ont été négatifs d’entrée et ont compliqué ma tâche de trouver de la régularité. Avec la dernière blessure, j’ai aussi perdu beaucoup de temps.

Photo : PABLO PORCIUNCULA/AFP/Getty Images

Les éliminatoires de la Coupe du Monde russe approchent et pour l’instant la Colombie a deux points de retard sur les prédictions théoriques et, depuis la dernière Copa América, a montré une forte baisse d’efficacité offensive…

La sélection vit une transition générationnelle soudaine, espérons qu’elle ne soit pas définitive. Il faut être réalistes et tenir compte du fait que l’équipe de la dernière Coupe du Monde n’est plus, qu’elle a changé. La Colombie vit une situation difficile et vous ne pouvez pas lui demander d’avoir le même rendement qu’à la dernière Coupe du Monde car il y a de nombreux nouveaux joueurs. Cela va nous coûter d’aller à la Coupe du Monde et nous souffrons déjà. Si tu me demandes si nous irons à la Coupe du Monde, je te répondrais que nous avons foi en notre capacité à retourner les situations mais c’est difficile avec tous les changements qui se sont produits. Parce qu’on ne pourrait pas imaginer qu’Edwin Valencia se blesserait, que je me blesserais et que je ne jouerais plus, qu’Abel Aguilar se blesse en même temps et ne joue pas, que Camilo Zúñiga se blesserait également

Et que James serait moins performant…

La situation est différente pour lui, James joue encore, il est actif…Mais la colonne vertébrale de la sélection est aujourd’hui déstabilisée.

A l’entraîneur de maintenir les résultats. Les matchs à La Paz (contre la Bolivie) et à Barranquilla (contre l’Equateur) pourraient coûter la place de José Pekerman…

Nous avons opté pour un deuxième cycle à Pekerman. Cela demande du temps, encore plus avec les changements de joueurs que subit la sélection. Le processus demandera du temps. Si on choisit une personne pour mettre en place ce processus, il faut lui laisser le temps. Espérons que tout ira bien.

La Colombie est obligée de remporter les deux matchs ?

Cette sélection a pour principe d’entrer sur le terrain pour gagner tous ses matchs. Une chose importante est de maintenir cet état d’esprit, l’autre étant de trouver des alternatives en fonction des situations, mais je crois que la situation actuelle nous oblige à aller chercher le maximum de points. Face à l’Equateur, nous n’avons d’autre choix que de prendre trois points parce que c’est un concurrent direct et que nous jouons à la maison. A La Paz, c’est difficile mais pas impossible. Nous avons déjà gagné là-bas. C’est possible.

A La Paz, tu as inscrit le but de la seule victoire colombienne en éliminatoire en Coupe du Monde. Comment faut-il jouer à La Paz ?

Avec une bouteille d’oxygène sur les épaules ! C’est très difficile mais on peut y gagner, on peut mettre en place un système qui permet d’être armé, d’être solide en défense et de lutter avec l’adversaire.

Tu penses que tu seras appelé pour ces deux matchs ?

Il faut être raisonnable. Il y a des joueurs qui sont dans le rythme, qui sont dans une condition footballistique supérieure à la mienne et qui sont nettement mieux préparés que moi pour aborder ces deux matchs. J’ai repris l’entraînement il y a 10 jours après 4 mois d’inactivité, je crois que la compétition est le plus important.

Pekerman était en Europe ces derniers jours. Vous avez parlé ensemble ?

Oui. Il s’est tenu informé de ma récupération et nous avons eu l’occasion de discuter ensemble. De plus, les médecins des deux équipes communiquent régulièrement.

Si la Colombie se qualifie pour les Jeux Olympiques, tu aimerais faire partie de cette équipe ?

Je l’envisage. Je n’ai pas pu jouer la Coupe du Monde. Aller aux Jeux Olympiques serait pour moi comme une revanche, une opportunité pour moi, pour ma carrière. J’aimerais vraiment.

 

Photo une : Paul Gilham/Getty Images  - Traduit de l'espagnol par Nicolas Cougot pour Lucarne Opposée

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.